Megan LINDHOLM Titre original : Wolf's Brother, 1988 Première parution : États-Unis, New York : Ace Books, octobre 1988ISFDB Cycle : Le Peuple des Rennes vol. 2
Après un voyage difficile, Tillu et Kerleu ont été recueillis par le peuple des rennes. Leur soulagement a toutefois été de courte durée : le chaman Carp les a retrouvés et est devenu le sorcier de la tribu, faisant de l’enfant son apprenti. Tillu n’a aucune confiance en lui et, malgré sa vigilance, un soir, Kerleu ne rentre pas au camp. Que lui est-il arrivé ? Sa disparition est-elle liée aux récents incidents qui ont frappé le clan ? Déterminée, Tillu remuera ciel et terre pour retrouver son fils, le frère du loup.
Avant de publier L’assassin royal, Robin Hobb a signé plusieurs romans sous le nom de Megan Lindholm, dont le diptyque du Peuple des rennes. Comparée aux plus grands maîtres du genre, elle est aujourd’hui la reine de la fantasy.
Carp le chaman a rejoint le peuple des Rennes, dans sa volonté de retrouver Kerleu, l'enfant anormal dont il veut à tout prix faire son disciple. La mère de ce dernier, Tillu la guérisseuse, ne voit pas d'un bon œil son arrivée au sein de ceux qui les ont accueillis si peu de temps auparavant.
Dès le début du roman, on est plongé en pleine action. Le Frère du loup est la suite du Peuple des Rennes et l'intrigue reprend exactement là où on l'avait laissée. Ce découpage n'est d'ailleurs pas dû à l'éditeur français, les deux volumes étaient publiés tels quels dans leur version anglo-saxonne. Le résultat est un deuxième tome haletant dès le début (on assiste à un meurtre) alors que Megan Lindholm a souvent des débuts de narration un peu lents, prenant le temps d'installer les décors et de présenter les personnages. Ici, son talent lui permet de raconter une histoire passionnante et de mettre en valeur les personnages de façon encore plus approfondie que dans le premier volume, avec moins de manichéisme. L'évolution de Kerleu, mais aussi celle de Tillu, qui veut protéger son fils, fût-ce contre lui-même, et de Kari, qui souhaite échapper à son destin, est très bien amenée.
Alfred Hitchcock disait : « le mystère [...] est rarement un suspense, [...] dans un whodunit, il n'y a pas de suspense mais une espèce d'interrogation intellectuelle [qui] suscite une curiosité dépourvue d'émotion. » Cela illustre à merveille ce qui se passe dans Le Frère du loup. Dès le début, le lecteur sait qui est le meurtrier, mais cela n'amoindrit en rien le récit. Au contraire, la tension monte au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture, qu'on se prend de sympathie — ou d'antipathie — pour les personnages, qu'on craint pour eux. Le surnaturel n'est distillé qu'à petites touches ; plus qu'un classique roman de fantasy comme Megan Lindholm en a l'habitude, c'est en quelque sorte un thriller préhistorien qui nous est ici proposé, pour notre plus grand bonheur.
Lucie CHENU Première parution : 1/9/2005 dans Faeries 19 Mise en ligne le : 7/10/2006