Megan LINDHOLM Titre original : The Reindeer People, 1988 Première parution : États-Unis, New York : Ace Books, mai 1988ISFDB Cycle : Le Peuple des Rennes vol. 1
Dans des temps reculés, Tillu vit en marge de sa tribu. Guérisseuse, elle entre en communion avec la nature pour soigner les maladies. Mais ses talents ne lui facilitent pas la tâche lorsqu’il s’agit de s’occuper de son étrange fils, Kerleu. Cet enfant, lent et rêveur, est pressenti par le chaman local, Carp, pour lui succéder. Persuadée que la magie volera l’âme de son fils, Tillu n’a d’autre choix que de prendre la fuite, en pleine nuit, à travers des terres ravagées par l’hiver…
Avant de publier L’assassin royal, Robin Hobb a signé plusieurs romans sous le nom de Megan Lindholm, dont le diptyque du Peuple des rennes. Comparée aux plus grands maîtres du genre, elle est aujourd’hui la reine de la fantasy.
De tous temps il a été difficile pour une femme seule d'élever un enfant, particulièrement si celui-ci est anormal, Tillu le constate chaque jour. Guérisseuse expérimentée, elle est volontiers accueillie dans les tribus du Grand Nord, mais elle supporte mal l'attitude des autres envers son fils, Kerleu. Si on ne se moque pas de lui, c'est un chaman, Carp, qui veut faire de lui son apprenti ! Mais Tillu ne le laissera pas détruire l'éducation qu'elle a eu tant de mal à donner à son fils et elle fuira, une fois de plus, dans la neige et dans le froid.
Saga préhistorienne, roman de fantasy, Le Peuple des Rennes est bien difficile à classifier et au fond, peu importe. Malgré quelques lenteurs, on se passionne pour cette histoire dans laquelle se mêlent sentiments humains et intrigues pour le pouvoir — car même à l'âge de bronze, des hommes luttent pour en dominer d'autres. La peinture de la vie quotidienne dans l'Arctique est prégnante de vérité — on sent que l'auteur a longtemps vécu en Alaska.
Mais surtout, Megan Lindholm exploite ses thèmes les plus forts, ceux qu'elle n'a de cesse d'approfondir depuis Le Vol des Harpies jusqu'au Dieu dans l'Ombre ainsi que, sous le nom de Robin Hobb, dans L'Assassin Royal. Il s'agit des rapports complexes qu'entretiennent entre eux mère et enfant, de ce mélange subtil de possession et de don de soi qu'on nomme l'amour et qui peut rentrer en conflit avec un farouche besoin de liberté ou encore du vide immense créé par la perte de l'autre, que celle-ci soit due à la mort ou à l'incompréhension.
Un bonheur de lecture, en attendant la suite à paraître : Le Frère du Loup, toujours aux éditions du Pré aux Clercs.
Lucie CHENU Première parution : 1/7/2005 dans Faeries 18 Mise en ligne le : 7/8/2006