Quatrième de couverture
Saluons l'avènement d'une nouvelle mode : LE TATOUAGE MOBILE. Une multitude de dessins qui ne cessent de s'agiter sur la peau de leurs propriétaires. Des gravures sur chair qui ne s'immobilisent... que pour tuer.
Une mode meurtrière ? Un complot d'extermination ?
... Ou tout simplement l'annonce de la fin du monde ?
Critiques
Ce roman fait plus ou moins suite au Puzzle de chair (où l'on se faisait greffer des membres) ; mais il s'agit cette fois de tatouages mobiles, obtenus grâce à une encre tirée des excrétions d'une sous-humanité mutante : plus que jamais Brussolo s'attaque au corps, cet ennemi de toujours à corrompre, à broyer, à laminer, ce terrain d'expériences où il se livre à toutes les turpitudes. Mais, alors que les précédents ouvrages de l'auteur étaient plutôt statiques, Brussolo semble cette fois découvrir la mobilité, une mobilité tous azimuts qui est le moteur (c'est bien le cas de dire) des Semeurs d'abîmes : les tatouages mobiles passent d'un corps à un autre et percent la chair de leurs porteurs, une sécrétion acide transmet de l'angoisse de peau à peau, les mutants Patchworks ne cessent de fuir, harcelés par les chasseurs d'enzyme, dans un paysage de boue liquide qui ne cesse lui-même de se transformer. Et mieux : « En ce moment, ces dieux aveugles errent à travers l'immensité du cosmos, incapables de retrouver leur chemin au milieu du labyrinthe des constellations. Géants infirmes, ils avancent à tâtons, se cognant aux planètes, se roussissant les cheveux à la flamme des soleils. De leurs doigts énormes, ils tâtent la surface des mondes, cherchant à identifier la terre où souffrent leurs enfants... » Ce genre de mythologie, lâchée au cœur du récit comme par inadvertance, se marie cette fois parfaitement à la fuite haletante des héros guettés par toutes sortes de lèpres extérieures et intérieures. Brussolo est-il traqué à son tour par ses créations, ses créatures torturées ? On pourrait le croire à lire ce nouvel opus, que peuvent résumer ces quatre phrases : « L'ère du mouvant entamerait son règne. Que serait-elle ? Une étape initiatique peut-être ? Une épreuve dont l'humanité sortirait assagie ? » Car l'épreuve initiatique (au bout des fantasmes), c'est peut-être Brussolo lui-même qui l'entame. Pour en sortir assagi ? L'homme y gagnerait sans doute. Mais sûrement pas la littérature. Jean-Pierre ANDREVON (lui écrire) (site web) Première parution : 1/1/1984 dans Fiction 347 Mise en ligne le : 1/12/2005
Prix obtenus
Apollo, [sans catégorie], 1984 Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes Association Infini : Infini (3 - liste francophone) (liste parue en 1998)
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