Quand la porte de mon bureau s'ouvrit subitement, je compris qu'il fallait tourner la page. Cela avait été un coup juteux mais il prenait fin. Je pressai sur le bouton de mise à feu. La poutre maîtresse céda et le flic reçut les trois tonnes de coffre-fort sur le sommet de la tête. Il fut aplati en beauté, merci pour lui. La poussière de plâtre retomba et tout ce que je pus voir de lui était sa main, vaguement cabossée. J'avais été maintes fois poursuivi par ce genre de robot : faites-les sauter, écrabouillez-les, ils continuent de vous filer le train, ils se traînent sur un doigt valide sans cesser de dégoiser leur morale à la gomme. Il ne me restait plus qu'à me tirer en vitesse...
Harry Harrison né en 1925 dans le Connecticut, États-Unis, commença une carrière d'illustrateur. Aussi à l'aise dans le roman d'aventure, ou le genre parodique, il doit sa gloire à son plus émouvant roman, Make room, Make room, d'où fut tiré le film Soleil vert. Ratinox est le premier tome d'une série d'aventures spatiales, policières et parodiques, qui seront publiées dans TITRES SF.
Critiques
Catastrophe : « Titres SF » a acquis les droits de toute la série The stainless steel rat, morne et débile parodie de SF, vieille de vingt ans aux USA et déjà ringarde dès sa parution, sur laquelle aucun directeur de collection en France n'avait jamais voulu jeter les yeux. Il fallait oser. On a osé. « Titres SF » a osé ! Et voici donc Ratinox— transposition française du sobriquet du héros (« the stainless Steel rat » = le rat en acier inoxydable). Ledit héros est un aventurier-bandit des temps futurs, aux prises avec des tribulations qui se veulent (platement) humoristiques. Trois autres titres sont annoncés : Ratinox se venge, Ratinox sauve le monde et Ratinox engagé. Harry Harrison, auteur souvent estimable, a signé là les œuvres les plus médiocres de sa carrière. La collection « Titres SF » avait eu jusqu ici une certaine ambition sur le plan de la qualité, même si son niveau se situait nettement au-dessous de celui de « Présence du Futur ». La voici qui s ouvre aux raclures de fonds de tiroir. Il y a mieux à faire, et bien des choses plus intéressantes à puiser dans la production américaine récente. « Manque d'imagination » et « essoufflement » sont décidément les deux mamelles de l'édition de SF française à l'heure actuelle (puisque même au sommet on voit piétiner sur leurs valeurs acquises et tourner en rond « Dimensions SF » et « Ailleurs et Demain »).