CE N'EST PAS DEMAIN LA VEILLE
Bon pied, bon œil, l'Irlandais ! Rendu célèbre par le verre lent,
Bob Shaw a montré depuis
Les yeux du temps (CLA, Opta) un éclectisme rare. Citons parmi ses œuvres récentes :
Une longue marche dans la nuit (Denoël, coll. Présence du futur) qui me semble son meilleur livre, et
Orbitville (Opta, coll. Anti-mondes), que j'ai évoqué en parlant du livre de prospective d'Adrian Berry,
Les 1O OOO prochaines années (Ed. Robert Laffont).
Il déclare : « En résumant on peut dire que mes récits et mes romans reflètent bien ma conviction que l'univers est en général un endroit fascinant, même si notre Terre au vingtième siècle peut être assez énervante de temps en temps, » (Bulletin de la Convention de Gand, Sfancon 8, septembre 1977, page 19).
Lucas Hutchman : voilà un homme que la Terre du XXe siècle énerve quelque peu. Comme c'est un mathématicien génial, il croit avoir trouvé un moyen de changer le monde. Il peut rendre la guerre moderne impossible en faisant exploser toutes les bombes nucléaires. La Terre sans la guerre ne serait plus qu'un endroit comme un autre. Lucas Hutchman lance un ultimatum au monde. Le voici en cavale comme un vulgaire Mesrine. « Et ils s'unirent, tous, policiers agents secrets, espions, barbouzes, honorables correspondants militaires, pour la plus gigantesque chasse à l'homme que la Grande-Bretagne ait jamais connue, » nous dit la présentation... Bob Shaw préfère généralement situer ses récits aux U.S.A. et il a bien raison. La Grande-Bretagne c'est vraiment trop petit. Et cette « gigantesque chasse à l'homme » ressemble un peu à une tempête dans un verre d'eau. Cela n'empêche pas Le jour où la guerre s'arrêta d'être un roman très intéressant, souvent passionnant même, pour trois raisons au moins.
1°) Le cadre du récit, c'est le monde actuel, tout à fait ressemblant ;
2°) Lucas Hutchman est un personnage humain, attachant ;
3°) Ses démêlés avec sa chère Vicky jouent un rôle important dans l'histoire : ils sont racontés avec beaucoup de psychologie, de vraisemblance et de finesse.
Bob Shaw pourra devenir, s'il le souhaite un jour, un excellent auteur de littérature générale. Dans le domaine SF, il reste un homme à suivre.
Michel JEURY
Première parution : 1/9/1978 dans Fiction 293
Mise en ligne le : 23/5/2010