Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
L'Étonnante aventure de la Mission Barsac - 2

Jules VERNE

Première parution : Paris, France : en feuilleton puis Hachette, 1919

Illustration de Jean-Michel NICOLLET

NOUVELLES ÉDITIONS OSWALD (NéO) (Paris, France), coll. Fantastique / SF / Aventure précédent dans la collection n° 85 suivant dans la collection
Dépôt légal : août 1983, Achevé d'imprimer : août 1983
Réédition
Roman, 192 pages, catégorie / prix : 29 F
ISBN : 2-7304-0222-5
Format : 14,0 x 20,5 cm
Genre : Fantastique


Quatrième de couverture

   « La mission Barsac commence à Londres, dans une ambiance résolument moderne — on est loin du "Gun-Club" et des décors quasi-dickensiens du monde de Phileas Fogg. Le lecteur se voit sans préambule plongé dans une action trépidante : la disparition de Lewis Robert Buxton, directeur d'une agence de la Central Bank, constitue la grande énigme posée d'entrée de jeu... Puis, le décor change et nous voici à Conakry, en Guinée française, où la "mission" qui donne son titre au roman, débarque en plein inconnu... Barsac est un parlementaire français barbu, rondouillard, à l'accent méridional. Envoyé du ministre des Colonies, le voici qui s'apprête à visiter le Niger en compagnie d'un collègue radical, Baudrières, et de quelques autres personnalités ainsi que du correspondant de la société de géographie et d'un journaliste au quotidien l'Expansion française ! Nous voici au seuil de l'aventure, aux confins du Jules Verne traditionnel, de Rider Haggard et des (proches) romans coloniaux de Georges Simenon. Au début d'une nouvelle ère du roman d'aventures "à la française" dont l'immense Jules Verne, au moment de quitter les trois dimensions du monde visible, a décidé de nous octroyer la primeur... Les surprises ne manqueront pas sur les pistes poudreuses où va s'engager La mission Barsac, avant que n'apparaissent les sortilèges de Blackland sur la route de notre lecture. »
     François Rivière (Préface).

   Né à Nantes en 1828, Jules Verne est mort à Amiens en 1905. Alexandre Dumas fut le premier à s'intéresser à l'un de ses écrits et il se passionna très tôt pour les multiples découvertes scientifiques qui se paraient alors de toute la poésie de l'inconnu. Puis la rencontre d'un explorateur devenu aveugle, Jacques Arago, lui ouvrit la porte des pays lointains et des terres vierges. Après diverses tentatives littéraires, il apporta à l'éditeur Hetzel, en 1863, le manuscrit de cinq semaines en ballon qui fut le premier jalon de cette œuvre énorme qui est à l'origine du roman scientifique et qui n'a jamais cessé de passionner ceux pour qui l'imagination recule sans cesse les frontières du monde. Il serait fastidieux de rappeler ici tous ses grands titres. On insistera seulement sur des ouvrages comme La mission BarsacLe secret de Wilhelm StoritzLe village aérienLîle à héliceLe testament d'un excentrique qui, réputés mineurs, à tort, ont été trop longtemps délaissés. Il est l'auteur français le plus traduit, et celui qui a exercé l'influence la plus durable sur de nombreuses générations d'écrivains scientifiques et de science-fiction.

Critiques
     Est-ce du Jules ou n'en est-ce pas ? Cette grave question, que nombre de spécialistes autorisés de l'œuvre de Verne ont posée (et se sont posée), est en fait de peu d'intérêt... Chacun sait aujourd'hui que les derniers volumes des « Voyages Extraordinaires », et en particulier L'étonnante aventure de la mission Barsac, publié pour la première fois en 1919 (soit quatorze ans après la mort de l'écrivain nantais), ont été écrits par son fils Michel à partir de canevas ou de notes du père. Cette fiction s'inscrit néanmoins dans le cadre général des récits de Jules Verne et sa réédition chez NéO est une initiative qu'il faut saluer !
     La mission Barsac est un bon exemple des contradictions de l'œuvre de Jules Verne qui, de l'apologie inconditionnelle du « progrès » (en fait du capitalisme moderne), en arrive à s'interroger sur les finalités de la science, voire sur les dangers dont elle est parfois porteuse ; certes, ce roman est encore marqué par l'idéologie de l'époque : il n'en reste pas moins que le doute s'insinue au plus profond des personnages.
     De quoi s'agit-il ? D'une expédition, comme bien souvent dans les « Voyages Extraordinaires », qui soulèvera plus de problèmes que ceux qu'elle était censée résoudre... Barsac est en effet un député français, chef de la mission du même nom, qui veut prouver que les populations colonisées d'Afrique occidentale française sont digne du suffrage universel ; à ses côtés, Baudrières, son adversaire à la Chambre qui veut démontrer le contraire, et surtout Jane Buxton et son « oncle-neveu » ( !) qui veulent retrouver la trace de leur parent, déshonoré et tué quelques années auparavant à la suite d'une assez sombre affaire. Mais si le tome I peut ainsi être ramené à un récit d'aventures coloniales somme toute assez typique des romans populaires de l'époque 1, le tome II plonge le lecteur au cœur d'une cité extraordinaire, Blackland, fondée tout à la fois sur le modernisme scientifique le plus révolutionnaire et la terreur politico-raciale la plus abjecte.
     La mission Barsac, malgré une première partie d'exposition un peu longue et à vrai dire d'un intérêt limité, atteint des sommets rarement égalés dans la description minutieuse, rigoureuse, méthodique, des résultats de l'asservissement par la science détournée de ses finalités initiales (toujours l'idée de « progrès », thème essentiel de l'œuvre et de la problématique vernienne) ; et là où François Rivière, dans sa préface, ironise à propos du « zèle déployé par quelques intellectuels pour... présenter Jules Verne sous un Jour résolument moderne », Jean Chesnaux (sans nier pour autant les contradictions internes de l'idéologie vernienne) souligne dans son Jules Verne, une lecture politique 2 que « Blackland est une des anticipations sociales les plus lucides » de l'auteur « avec l'exploitation massive de la main-d'œuvre noire et l'évocation d'une terreur politique fondée sur le racisme ».
     Chesnaux va plus loin encore lorsqu'il parle, à propos de cette deuxième partie du roman, de « vision digne de celle de Fritz Lang dans Metropolis ». Le compliment n'est pas mince assurément, mais il est pleinement justifié.


Notes :

1. Les récits de Paul d'Ivoi. réédités chez J'ai Lu, en apportent une nouvelle preuve.
2. Critique dans Fiction n° 336.

Stéphanie NICOT (lui écrire)
Première parution : 1/12/1983 dans Fiction 346
Mise en ligne le : 15/2/2003

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 87266 livres, 112112 photos de couvertures, 83701 quatrièmes.
10815 critiques, 47155 intervenant·e·s, 1982 photographies, 3915 adaptations.
 
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes. Trouver une librairie !
A propos de l'association  -   Vie privée et cookies/RGPD