Fred Amalric (un nom vraiment fantastique !) surnommé Freddy (rien à voir avec le film du même nom) aperçoit la voiture de sa femme dans un petit village où elle n'aurait pas dû se trouver. Que faisait-elle donc là ? Question légitime qui ne cesse de tracasser Freddy. D'autant plus que son ancien ami, Roland Coratin, est dans le coin, attiré dans la région par le tournage d'un film. Pour corser les choses, Roland a acheté une maison dans un village voisin et lui rend visite. Bizarre, bizarre ! L'éloignement de sa femme et le rapprochement de son ami conduisent Freddy à soupçonner sa femme d'infidélité. Très vite, il acquiert la certitude que sa femme le trompe avec son meilleur ami. Damned ! dès lors, Freddy n'a plus qu'un objectif dans la vie : se débarrasser de son ami devenu trop gênant et lui faire payer sa trahison. Après avoir envoyé sa femme chez sa mère, Freddy peut enfin mettre son plan à exécution. L'occasion se présente et tout marche selon son plan. Le cyanure vient à bout de son ami, mais voilà, le mort a bien du mal à mourir et reprend vie chaque fois que Freddy réussit à le tuer. Comment se débarrasser d'un cadavre qui refuse de mourir ? Andrevon atteint là un sommet dans l'art du fantastique, l'embarras du meurtrier devant le cadavre récalcitrant est un point fort de ce livre, un « must » très réussi.
L'intrigue commençait pourtant en douceur, le talent d'Andrevon est d'avoir distillé des éléments fantastiques à petites doses au début pour aboutir à cette situation insurmontable, ce constat terrible : l'impossibilité de venir à bout de ce corps trop encombrant. La peur et les conflits intérieurs du malheureux Freddy, la crainte de basculer dans la folie, sont également très bien dépeints.
Le roman fonctionne un peu comme une intrigue policière, ce qui ne surprendra personne quand on sait le goût de Jean-Pierre Andrevon pour le roman policier.
Quoi qu'il en soit, voilà un bon roman qui honore la collection Gore. Jean-Pierre Andrevon a compris que cette collection devait promouvoir du fantastique de qualité, tout en finesse et en nuances subtiles. Dommage que d'autres ne suivent pas son exemple...
Frédéric KURZAWA
Première parution : 1/6/1989 dans Fiction 409
Mise en ligne le : 1/3/2007