Site clair (Changer
 
    Fiche livre     Connexion adhérent
Le Sang des Immortels

Laurent GENEFORT


Illustration de Jean-Jacques CHAUBIN

FLEUVE NOIR / FLEUVE Éditions (Paris, France), coll. SF n° 10
Dépôt légal : mai 1997, Achevé d'imprimer : avril 1997
Première édition
Roman, 288 pages, catégorie / prix : 39 FF
ISBN : 2-265-06245-6
Format : 11,0 x 17,8 cm
Genre : Science-Fiction

Sous-collection Space.



Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
Laurent Genefort, 28 ans, vit en région parisienne. Lauréat 95 du Grand Prix de l'Imaginaire avec "Arago", c'est l'un des jeunes talents de la SF française. Depuis son premier roman, publié à l'âge de 20 ans, il ne cesse d'écrire. "Le sang des Immortels" est son 16ème roman au Fleuve Noir.
 
     Un soleil jovien dévore l'horizon à dominantes violettes, une épaisse forêt enjambe les océans.
À l'atterrissage, une brise chaude et sucrée s'infiltre dans la nacelle atmosphérique : le parfum nourrissant de la jungle. Ce que cherchent les quatre passagers de la coupole, se terre quelque part au cœur de cet enfer vert. Chacun a ses propres raisons de traquer le Drac, jusqu'à Jemi, le guide indigène de cette expédition. Mais si la bête peut rendre immortel quiconque parvient à boire son sang, la légende dit aussi qu'il est impossible de l'approcher sans y laisser la vie.
Critiques
     Verfébro est de ces petites planètes un peu perdues et résolument hostiles. Couverte d'une jungle impénétrable (dont certaines essences d'arbres atteignent plusieurs centaines de mètres de hauteur !), soumise à une Restriction Technologique à la suite de troubles autonomistes fomentés par quelques groupuscules autochtones, les tout puissants cartels multimondiaux semblent se désintéresser du devenir de ce monde qui n'offre, après tout, que de bien faibles perspectives d'enrichissement. Jusqu'à ce qu'on retrouve un pauvre bougre cousu vivant dans un sac de jute huilé et qui, après plus de dix années de ce traitement, respire encore... De là à conclure à l'immortalité, il n'y a qu'un pas. D'autant que les légendes sur le Drac, un monstre vénéré comme un dieu par certains sauvages du fin fond de la jungle et dont le sang, le Soma, rendrait immortel, sont tenaces. Tirer la légende au clair, c'est ce que devront faire quatre aventuriers d'outre monde, découvrir si, oui ou non, le secret de l'immortalité se cache dans l'enfer vert de Verfébro. La traque peut commencer...

     Le sang des immortels, c'est avant tout la jungle. Un sujet que Genefort maîtrise parfaitement (on se souvient d'Arago, également au Fleuve Noir), et qu'il a visiblement étudié de très près. Le maître Stefan Wul n'est pas loin, ses forêts de Nôo (en deux tomes chez Denoël) non plus.

     C'est aussi une belle démonstration de la part de l'auteur, qui fait tout à la fois preuve d'une grande précision et d'un réalisme consommé dans l'énoncé d'innovations technologiques séduisantes, tout comme, et peut-être même plus encore, dans l'approche descriptive et narrative d'un écosystème aussi complexe que celui d'une jungle extraterrestre. À tel point que le reste, l'essentiel est-on tenté d'écrire, à savoir la trame, l'histoire, apparaît ici moins constitutive du roman que simple prétexte. On conviendra que c'est, malgré tout, un peu plus qu'un détail...

     Bon. Genefort nous livre sa version de la quête du Graal ? Et après ? La trame narrative est plutôt simpliste, les personnages d'un piètre intérêt, et pourtant, et pourtant... Genefort sait raconter les histoires, et si celle-ci ne brille pas d'une originalité flamboyante, cela ne la rend pas moins divertissante pour autant. On se laisse aisément prendre au jeu de cette course-poursuite, on oublie la faiblesse générale de l'intrigue pour ne plus goûter que le plaisir d'une histoire simple et dynamique inscrite dans un cadre pour le moins hostile (la jungle, en l'occurrence). Pas de fioritures donc, de redondances et autres figures stylistiques ampoulées, à tel point qu'en fait, plus qu'une petite faiblesse globale de l'histoire, c'est peut-être une certaine froideur d'écriture qu'on pourrait reprocher à l'auteur...

     Mais qu'importe en vérité ? Reste après lecture une impression finale : celle d'un roman distrayant, pas un chef-d'œuvre, certes, mais un bon brin de lecture d'aventure S-F C'est déjà pas si mal, non ?

ORG
Première parution : 1/10/1997 dans Bifrost 6
Mise en ligne le : 6/11/2003

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition CRITIC, Science-Fiction (2012)

     Voilà une réédition qui devrait rappeler quelques souvenirs aux lecteurs du Fleuve Noir du siècle dernier. Ceux qui suivaient la collection « Anticipation » dans les années 90 se souviennent probablement des débuts de Laurent Genefort à cette époque, débuts parfois calamiteux (un premier roman illisible en 1988, Le Bagne des ténèbres, qui s'apparente plutôt à un faux départ), souvent laborieux. Pendant plusieurs années, en véritable stakhanoviste du clavier, l'auteur a produit à la chaîne toute une série de récits d'aventures, reposant souvent sur de bonnes idées, mais toujours plus ou moins bancals, mal foutus, mal écrits, et engoncés dans les 192 pages réglementaires de la collection comme un rugbyman dans un costume de premier communiant. Opiniâtre et imperturbable, le romancier a continué à faire ses gammes, à progresser de livre en livre, jusqu'à trouver enfin son propre style et faire taire définitivement ses détracteurs. Dans les dernières années de la décennie, on lui doit ainsi une série de romans qui, s'ils n'étaient sans doute pas exempts de tout reproche, avaient en commun de mettre en scène avec un authentique souci de vraisemblance scientifique des environnements singuliers et extrêmes où tentaient de survivre une poignée d'hommes : le monde gazeux des Croisés du vide (1998), la planète en constante fusion de Dans la gueule du dragon (1998), ou celle en cours de terraformation des Engloutis (1999). Initialement paru en 1997, Le Sang des immortels, avec sa jungle cauchemardesque, est l'un des meilleurs romans de cette période.

     L'intrigue est des plus classiques : un groupe hétéroclite se rend sur la planète Verfébro à la recherche du Drac, une créature mythique, immortelle si l'on en croit les légendes locales. Chaque membre de cette expédition à ses propres raisons pour trouver le Drac : pour Nemrod, le chasseur, ce n'est qu'un trophée de plus à afficher à son palmarès ; pour Liaren, l'ethnologue, un sujet d'études ; Affer, le mercenaire, travaille pour le compte d'un mystérieux commanditaire ; quant à Jok, le prêtre défroqué, il espère s'emparer du secret de l'immortalité afin de devenir le dieu de son propre culte. A ces quatre individus vient s'ajouter Jemi, le guide autochtone à travers le regard duquel on découvre tout ce petit monde. Pris séparément, ces divers personnages peuvent sembler assez stéréotypés, mais la dynamique de groupe fonctionne bien. Entre ces protagonistes aux origines et aux motivations fort différentes et souvent contradictoires, la tension est permanente, et la nécessité de collaborer pour parvenir à leur objectif n'interdit pas de temps à autre quelques coups fourrés. Mais les dangers les plus menaçants viennent de l'extérieur, notamment des rebelles indépendantistes lancés à leurs trousses et bien décidés à les intercepter avant qu'ils n'atteignent leur but. Et surtout, le long périple dans lequel se lance cette équipe n'a rien d'une balade en forêt de Fontainebleau mais se déroule dans un environnement particulièrement hostile.

     C'est dans la description et la mise en scène de la faune et de la flore de Verfébro que Laurent Genefort fait des merveilles et que le roman devient passionnant. Le lecteur se trouve en immersion totale et permanente dans un univers foisonnant, exubérant, au cœur d'une jungle qui s'étend sur l'ensemble de la planète, recouvrant tout, y compris ses mers. On assiste alors au déferlement ininterrompu d'un flot de créatures et de végétaux aussi étranges que mortels, en lutte permanente contre toute autre forme de vie pour tenter de survivre. A l'imagination débridée dont fait preuve l'auteur s'ajoute un louable souci de réalisme dans la description qu'il nous fait de cet univers. Pour l'essentiel, le récit consiste en une succession de scènes au cours desquelles les personnages tombent dans un nouveau piège que leur a tendu la nature et passent à deux doigts de la mort. En toute logique, le procédé devrait vite lasser. Mais Laurent Genefort fait preuve d'une telle inventivité que ce n'est jamais le cas, ce qui en soit constitue déjà un joli succès. Cerise sur le gâteau, il parvient à boucler son récit de manière tout à fait convaincante, une fin d'où n'est pas absente une forme d'ironie des plus cruelles.

     Même si on reste dans le registre du récit d'aventures, même si son intrigue linéaire et ses enjeux limitent l'ampleur du roman, Le Sang des immortels n'en est pas moins une indéniable réussite, qui méritait bien d'être redécouverte.

Philippe BOULIER
Première parution : 1/1/2012
dans Bifrost 65
Mise en ligne le : 5/3/2013

Cité dans les pages thématiques suivantes
Immortalité

retour en haut de page

Dans la nooSFere : 79751 livres, 92803 photos de couvertures, 75777 quatrièmes.
9093 critiques, 43299 intervenant·e·s, 1660 photographies, 3783 adaptations.
 
Vie privée et cookies/RGPD
A propos de l'association. Nous contacter.
NooSFere est une encyclopédie et une base de données bibliographique.
Nous ne sommes ni libraire ni éditeur, nous ne vendons pas de livres et ne publions pas de textes.
Trouver une librairie !
© nooSFere, 1999-2023. Tous droits réservés.