Né en 1959, Ayerdhal, auteur phare de la SF française, prix de l'Imaginaire en 1992 pour Demain une oasis, a notamment publié chez J'ai lu L'Histrion, Sexomorphoses, l'anthologie Genèses, et dans la collection Millénaires un roman en collaboration avec J.C. Dunyach, Étoiles mourantes, prix Tour Eiffel 1999.
Azir : le premier monde habité découvert par l'humanité. Un monde à la technologie balbutiante, divisé en de minuscules provinces. Une occasion unique pour l'homme de coexister avec une autre espèce intelligente ou de donner libre cours à ses vieux fantômes colonialistes.
Conscientes de ce risque, Nerbrume, la très avisée gouvernante azirie, Chorê de Dashamni, et Méline, ambassadeur du Conseil de l'humanité, tentent de rallier les habitants d'Azir pour les convaincre de l'importance de faire front. Mais la tâche est complexe et le temps compté. Bientôt, les hommes, les « Yoomans », vont arriver en masse, avec leur technologie et leur réalisme économique, et menacer de changer radicalement le visage de la planète.
Sur la planète Azir vit une population humanoïde à la technologie encore primitive. Lorsque la Fédération terrienne découvre ce monde, elle rencontre pour la première fois une forme de vie extraterrestre avec laquelle il va falloir apprendre à cohabiter.
Le roman commence peu après le premier contact, lorsque les humains ont installé une ambassade et que les relations entre les deux peuples s’approfondissent. La rencontre avec une civilisation moins évoluée pose des problèmes éthiques que la Fédération terrienne semble avoir du mal à résoudre.
Derrière le bon sens commun se cachent des nécessités économiques qui conduisent à l’exploitation de ce monde nouveau.
Méline Devyr, vice-consul de l’humanité sur Azir, s’efforce de nouer des relations avec les Aziris. Mais le morcellement de l’autorité entre de multiples entités indépendantes (les Chorês) ne facilite pas les choses. Elle trouve cependant une interlocutrice idéale en Nerbrume, chef de la plus importante Chorê du continent, qui a une vision incroyablement lucide de la situation de son peuple face à ceux que les Aziris appellent les Nobles Donneurs. Car Nerbrume a compris que, quoi qu’il advienne, l’arrivée des humains va changer son monde à jamais, et elle va lutter pour qu’ Azir ne soit pas dévorée par l’Ogre qu’est la Fédération terrienne.
Ayerdhal réussit parfaitement à cerner les problèmes que pose son histoire. Il parvient à nous faire comprendre la spécificité d’Azir, notamment à travers les personnages de Garth Long (l’explorateur qui a découvert ce monde et s’oppose à tout changement), et de Thémys le mari de Méline tombé amoureux de la planète par le biais d’un sport local, le Lo-Yendi, sur lequel vont se cristalliser quelques-unes des incompréhensions entre humains et Aziris.
Car le véritable problème que pose ce roman, c’est celui de l’inévitable colonisation d’Azir par une entité bien plus puissante. Comment faire pour qu’Azir garde sa spécificité face à l’avance technologique des humains ? Ayerdhal brosse un tableau parfois un peu caricatural peut-être, mais néanmoins très fort, et il nous livre un roman passionnant, dont l’enjeu n’est rien d’autre que l’avenir de tout un monde.