Stephen King, c'est le retour à un fantastique ultra-classique, avec toutes les grosses ficelles : vampires, maisons hantées, assassins de jeunes vierges, etc. Le cinéma a eu tôt fait d'utiliser ce filon, et cela va du très bon (Shining de Kubrick) à l'exécrable (Les vampires de Salem, que je vous déconseille fortement).
Les vingt nouvelles de Danse macabre nous révèlent un autre King (à l'exception de Un dernier pour la route peut-être, qui est une suite de Salem's lot (Salem, Presses Pocket), un King plus quotidien, davantage ancré dans le réel tout au long du récit, quitte à en décoller dans les dernières lignes, un King à rapprocher d'un Tom Disch pour ce qui est de ses angoisses journalières. Poste de nuit est l'histoire d'une équipe chargée de déblayer les caves de son entreprise ; La pastorale (Travaux des champs et des jardins) est celle d'un homme qui a son gazon à tondre ; Désintox, Inc., celle de quelqu'un qui veut arrêter de fumer ; Cours, Jimmy, cours, celle d'un professeur qui a hérité d'une classe de « cas sociaux », etc. Le pur quotidien, où apparaît soudain un élément fantastique dont King tire toute la saveur, avec une logique effrayante et fascinante.
On trouve même deux nouvelles de SF : Poids lourds, où les lourds camions américains deviennent conscients et entament un joyeux massacre de la race humaine avant de se rendre compte qu'ils ont besoin de pompistes ; et Une sale grippe, qui provoque la fin du monde par éternuements successifs et prolongés.
De tout donc dans ce gros volume (350 pages), merveilleusement bien traduit par Lorris Murrail et Mlle Zimmermann.
Voici une réédition qui va enchanter tous les amateurs de fantastique moderne. Ce recueil de vingt nouvelles, paru initialement chez Alta, nous fait découvrir les auteurs qui ont influencé Stephen King. Les thèmes classiques de la littérature fantastique sont repris et exploités grâce à une écriture plus moderne, moins rébarbative. On note, entre autres, l'influence de Lovecraft dans Celui qui garde le ver, de Poe dans Poste de nuit.
La destruction de l'humanité par « une sale grippe », par les plantes, par des extraterrestres, la peur des machines qui se retournent contre l'Homme, la sorcellerie, les vampires, bref, tout l'arsenal de l'épouvante traditionnelle se trouve réuni dans ce recueil. King réussit à redonner vie aux objets les plus courants : voitures, tondeuse à gazon, repasseuse... L'horreur prend naissance dans la vie quotidienne, dans le sous-sol d'une maison, d'un building, dans la rue, au contact des autres gens...
Avec un style clair et incisif, utilisant des phrases courtes, condensant une richesse d'idées en peu de mots, King réussit à nous emprisonner dans les mailles de son génie. Un recueil à (re)découvrir et à savourer par petites doses.