J'AI LU
(Paris, France), coll. Grand Format Jeunesse n° 6412 Dépôt légal : septembre 2002 Première édition Anthologie, 256 pages, catégorie / prix : 14 € ISBN : 2-290-32132-X ✅ Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
Être le « nouveau » du collège, ce n'est pas toujours facile, surtout quand les autres élèves vous réservent un accueil... démoniaque !
Une petite fille qui discute avec l'ex-crapaud d'une sorcière, ce n'est déjà pas banal. Mais quand elle le supplie de lui apprendre à voler, on peut s'attendre à une leçon des plus étonnante...
A-t-on jamais vu un fantôme avoir peur de tout ? Phil Spectre est de ceux-là, un fantôminet bien trop timide pour hanter les demeures. Sa nouvelle mission le terrifie : passer une nuit dans un château en compagnie d'un sorcier !
11 histoires de magie et de sorcellerie à travers l'imaginaire débridé des meilleurs écrivains.anglo-saxons : Jean Aiken, Ray Bradbury, Roald Dahl, Philip Pullman, Jacqueline Wilson, Diana Wynne Jones...
J'ai lu passe au grand format pour publier ces histoires de sorciers illustrées par Arnaud Cremet et compilées par Peter Haining, dont on a déjà traduit en France Nuit blanche, une anthologie fantastique de bonne tenue. Haining ne publie pas d'inédits mais sélectionne, autour d'une thématique, les nouvelles qui ont retenu son attention, en prenant toujours grand soin d'y inclure des signatures prestigieuses. Chacune est introduite par un commentaire qui paraphrase davantage le récit qu'il ne le commente. Les compléments biobibliographiques des auteurs présentent en revanche davantage d'intérêt, mais il est dommage qu'aucune date de rédaction ne soit livrée.
La plupart des récits se déroulent dans un cadre scolaire ou ont pour thème l'enseignement. On croise ainsi une directrice d'école disposant de connaissances en magie sociale qui lui permettent de deviner l'issue positive d'un changement de corps entre frère et sœur (Le Sortilège du professeur de Lara, de E. Nesbit), un garçon peu recommandable qui use à mauvais escient d'un objet surnaturel (La Disparition, de Joan Aiken), un crapaud qui apprend à une fille à voler (Voler, c'est magique, de Jacqueline Wilson), un directeur d'école suggestionnant la population pour empêcher la tenue du carnaval (Le Directeur était un démon, de Gillian Cross), un étudiant en sorcellerie effectuant un stage de simple maître d'école en Angleterre (SOS fantôme, de Humphrey Carpenter).
Tous les textes ne traitent cependant pas de la sorcellerie, ou alors de façon très ténue. Le héros de L'Ècole du mal, de Mandy Wade Wellman, a affaire à d'inquiétants fantômes. L'état spectral est encore évoqué dans Un livre à tout prix, de Philipp Pullman, où une boulimique de lecture subit un enfer particulier. Un dragon est au centre de l'amusante nouvelle de John Wyndham, Casse-tête chinois : il s'épanouit, avec les inconvénients que cela suppose, dans le foyer d'une petite ville d'Angleterre. Le Souhait, de Roald Dahl, raconte simplement l'histoire d'un enfant assez imaginatif pour transformer son environnement en un univers peuplé de dangers. Nulle sorcellerie non plus à l'œuvre chez Carol Oneir, la fille devenue célèbre pour vendre des rêves très prisés (Le Centième Rêve de Carol Oneir, de Diana Wynne Jones). Quant à la sorcière de Bradbury, dans Le Garçon invisible, elle ne dispose d'aucun pouvoir, mais tente de chasser la solitude en faisant croire à un enfant qu'elle l'a rendu invisible pour qu'il reste près d'elle le temps que cessent les effets.
Aux premières fables simplistes succèdent des textes subtils et exigeants, d'un niveau de lecture bien plus élevé, que seuls de bons lecteurs sauront apprécier. Les plus jeunes risquent fort d'abandonner le livre en cours de route. Les plus grands, en revanche, se laisseront charmer par l'ensemble des textes, de même que les adultes, si la mention « jeunesse » ne les détourne pas de cet ouvrage.
Il y a plusieurs manières de surfer sur la vague Harry Potter... On peut écrire du sous-Potter en série, gloser sur la « pottermania », imaginer un autre héros en espérant que l'application des mêmes recettes fonctionnera aussi bien (voir la Peggy Sue de Brussolo par exemple)...
Cette anthologie, présentée par Peter Haining, choisit une toute autre approche : elle démontre brillamment que l'œuvre de J.K. Rowling s'inscrit dans une tradition littéraire anglo-saxonne où abondent les sorciers, les écoles de magie et les écoles ordinaires...
Ainsi, bon nombre des textes présentés sont antérieurs à Harry Potter (par exemple, L'Ecole du mal, de Manly Wade Wellman, date de 1937). Au sommaire, l'amateur de SF retrouvera avec plaisir les noms de Ray Bradbury et de John Wyndham, et le jeune lecteur ceux de Roald Dahl et de Philip Pullman.
Y figurent aussi des auteurs dont la notoriété dans les pays anglo-saxons ne s'est pas vraiment exportée en France. Pour ceux-ci, l'anthologiste n'hésite pas à se référer souvent à J.K. Rowling. Ainsi, à propos d'Edith Nesbit — que Haining présente comme « le premier auteur moderne de livres pour enfants » — Rowling aurait déclaré : « Je m'identifie avec Nesbit plus qu'avec aucun autre écrivain. ». Selon le magazine Time, Jacqueline Wilson serait « la préférée des lecteurs britanniques » après Rowling. Quant à Diana Wynne Jones, un autre magazine aurait écrit « Fous de Harry ? Essayez Diana », tandis qu'André-François Ruaud la voit comme « la grande dame anglaise de la fantasy pour la jeunesse » qui, « longtemps avant J.K. Rowling », « a bâti un univers complexe susceptible de séduire aussi bien les adolescents que les lecteurs adultes. » (cf. Cartographie du merveilleux, Folio SF)
Si l'on croise sans cesse l'ombre de Harry Potter dans cette anthologie, c'est à l'évidence pour la bonne cause : permettre au jeune lecteur de découvrir d'autres auteurs — de grands auteurs — grâce à des récits de qualité où le merveilleux et l'humour se conjuguent à merveille. Le plaisir de lecture est garanti pour tous les amateurs du jeune sorcier !