ANDROMÈDE
(Lille, France) Dépôt légal : 2ème semestre 1987 Première édition Anthologie, 240 pages, catégorie / prix : nd ISBN : 2-905856-05-X Format : 15,0 x 21,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Cet ouvrage comprend 6 illustrations intérieures couleurs signées Olivier Servent.
Quatrième de couverture
Qui s'amuse à voler des romans alors que personne ne lit plus que de la bouillie vulgarisée ?
Le danger de modeler ses actes sur des situations littéraires similaires peut-il conduire à faire de son existence un roman ?
Dévorer des livres ne conduit-il pas à se faire dévorer en fin de compte ?
A programmer des récits sur des machines, que devient le vécu ?
Et la machine elle-même, amie, ennemie, instrument ?
Et d'abord, papa, c'était quoi une bibliothèque ?
Or des rayons, miel de la connaissance, éclat du savoir.
Sur le thème général de la Bibliothèque, les textes rassemblés ici éclatent dans toutes les directions et explorent les multiples facettes de la connaissance archivée, enregistrée, mais pas seulement de la connaissance : de la pensée, éternelle car transmise et accessible.
Tantôt plus axés sur le contenu, tantôt plus amoureusement attachés au contenant, les auteurs de ce recueil ouvrent les portes du temple-bibliothèque chacun à leur manière. Certains avec amour, certains avec dérision, certains avec tristesse, voire même angoisse, pour constituer ce livre qui parle du livre au futur ou au possible.
Première publication de la « Maison de la Fiction », prolongement des éditions lilloises Andromède dirigées par Alain Garguir, cette anthologie n'est pourtant pas un livre du Nord, puisqu'il a été publié sous le patronage du Groupe d'Aquitaine de l'Association des Bibliothécaires Français, et qu'il ne regroupe (en principe) que des auteurs originaires ou résidents du Sud-Ouest... N'allez pourtant surtout pas croire qu'il s'agit d'un travail « artisanal », du moins au sens ancien du terme : ce fort beau et presque luxueux volume, au « texte informatisé transmis par modem téléphonique », a été fait avec un grand professionnalisme, et il comprend même six illustrations hors-texte en couleur (de jolies couleurs pastel) signées Olivier Servent.
Beaucoup d'autres inconnus du grand public, voire du public spécialisé de la SF se partagent les 230 pages du recueil : 18 textes au total, dont celui de Michel Jeury, dédié à René Barjavel, qui donne son titre au volume et, plus que son titre, sa tonalité, presque son idéologie (même si cela n'a pas été voulu au départ) : dans un monde du proche futur où les textes ne sont plus que bouillie informatique, on retrouve le goût du « vrai » livre... à travers La charrette bleue de Barjavel. Cette dualité textes sur écran/livres en vrai papier, mais aussi perte du goût de la lecture qu'on retrouve dès qu'on a du papier imprimé sous les yeux, ce syndrome Fahrenheit doux, court dans plus de la moitié des nouvelles de l'anthologie : par exemple chez Michel Grisolia et sa Mademoiselle Dommage et son voleur, ou chez François Douan et sa Culture (qui se dédouane par une chute imprévue du côté de l'humour noir). Certes, c'est là une préoccupation de beaucoup de libraires, éditeurs, bibliothécaires et auteurs : on lit de moins en moins, la crise est là. En chercher la cause du côté de l'informatique me parait tout de même un faux problème. Et une causalité paradoxale, si l'on songe que bon nombre des auteurs qui s'expriment dans L'or des rayons sont il me semble des pratiquants de la cassette toute chaude issue de leur Macintosh...
Le problème est plutôt littéraire qu'éthique : comment parler de la lecture ? C'est assurément plus difficile que de montrer le cinéma et, à part quelques textes joliment ciselés point de vue style (Francis Valéry, qui nous présente un space opera), bon nombre d'auteurs ici embarqués dans cette défense de la lecture s'embourbent dans le didactisme naïf, où une mièvre poésie remplace l'analyse économique. Pourtant indispensable (Grisolia est caractéristique de cette gentille éludation). Ce qui fait qu'à l'arrivée, ce volume qui part d'un très bon sentiment, et qui est de toute façon une initiative à soutenir et à prolonger, rend un son plutôt vieillot, a un goût SF des années 50 bien étrange. Ou pas si étrange que ça, concernant un corpus tout entier nostalgique...