J'AI LU
(Paris, France), coll. Fantasy (2000 - 2007) n° 5803 Dépôt légal : décembre 2002 Réédition Recueil de romans, 512 pages, catégorie / prix : M ISBN : 2-290-31002-6 ✅ Genre : Fantasy
Le baron de Rochronde n'est plus. Et, selon la coutume, son fils Agone doit lui succéder. Or, peu enclin à suivre les traces de son père, guerrier sanguinaire impitoyable, celui-ci se destine à une vie d'érudit itinérant. Agone accepte néanmoins la dernière requête du défunt : passer une semaine au collège occulte du Souffre-jour, où d'éminents maîtres d'armes et de magie initient aux arcanes de puissants pouvoirs. Là, il va découvrir le sens de sa destinée...
Alors que grandissent menaces extérieures et conspirations fomentées par les adeptes du Cryptogramme-magicien, l'héritier de Rochronde, armé de sa fidèle rapière Pénombre et rompu aux plus redoutables arts magiques, saura-t-il trouver son salut et délivrer les Royaumes Crépusculaires qui sombrent dans la tourmente ?
Mathieu Gaborit
Né en 1972, il s'est imposé immédiatement comme le chef de file incontesté de la fantasy de création française avec Les chroniques des Crépusculaires, révélant un talent exceptionnel de bâtisseur d'univers merveilleux. Il a prolongé l'exploration de cet extraordinaire monde poétique, ténébreux et baroque avec le tout aussi remarqué Abyme.
1 - Agone (1996), roman 2 - Les Danseurs de Lorgol (1996), roman 3 - Souffre-jour (1995), roman
Critiques
Voici la réédition en format poche de la première œuvre d'un jeune écrivain français, publiée d'abord en trois tomes (Souffre-jour, Les Danseurs de Lorgol, et Agone) aux éditions Mnémos en 1995-96. L'action se déroule dans un monde où les hommes cohabitent avec toutes sortes de créatures (farfadets, lutins, fées noires, nains, ogres...) et sont eux-mêmes divisés entre royaumes plus ou moins rivaux. Notons aussi une forte tension entre l'aristocratie guerrière et les pratiquants de la magie, organisés au sein du « Cryptogramme-magicien » avec ses trois ordres principaux (Jornistes, Eclipsistes et Obscurantistes) et leurs Académies respectives.
Tout cela donne lieu à une situation passablement complexe, dont l'équilibre sera bouleversé par l'entrée en scène du personnage principal. Fils du baron de Rochronde, l'un des piliers du royaume d'Urquemand, Agone s'est rebellé contre la discipline guerrière et brutale que son père s'est obstiné à lui inculquer, au point de refuser son héritage en faveur de son admission chez Préceptorale, un ordre d'éducateurs itinérants. Mais à la mort du baron, le jeune homme se voit bien malgré lui contraint d'honorer l'ultime requête paternelle : passer six jours à Souffre-jour, collège auréolé de mystère dont les élèves sont initiés à divers arts de l'esprit ainsi qu'au maniement des armes. En fait, en s'introduisant dans ce collège, Agone va devenir un pion dans une sinistre machination et découvrira un destin bien plus étrange et périlleux que celui qu'il aurait imaginé.
Gaborit a élaboré un récit vraiment ambitieux pour un écrivain novice en matière de fantasy, et se tire fort bien d'affaire en conduisant, avec une inventivité indéniable pour les détails insolites et pour les séquences d'action, son héros, ainsi qu'une distribution nombreuse d'alliés et d'adversaires, à travers une série de péripéties. Le livre n'est toutefois pas exempt de défauts : les scènes du début au collège de Souffre-jour, où Agone accumule un certain nombre d' « atouts » (on discerne peut-être là l'influence des jeux de rôle ou des jeux vidéo), sont plutôt lentes et mécaniques, tandis que l'intrigue devient par la suite un peu trop enchevêtrée et que certains rebondissements semblent forcés, pour ne pas dire tirés par les cheveux ; les complexes d'Agone envers l'autorité paternelle ne constituent pas une motivation suffisamment convaincante et les autres personnages (exception faite de sa fidèle rapière, Pénombre, très vivante et espiègle) restent de simples figurants. Le décor est bien meublé, les acteurs s'agitent beaucoup, mais l'auteur a un peu trop tendance à privilégier l'action aux dépens de ses personnages et un supplément d'âme ne serait pas malvenu. Signalons au passage la réédition prochaine, chez J'ai lu également, d'Abyme, qui appartient au même univers.