FLAMMARION
(Paris, France), coll. Imagine n° (37) Dépôt légal : octobre 2002 Première édition 308 pages, catégorie / prix : 15 € ISBN : 2-08-068160-5 ✅ Genre : Fantastique
Quatrième de couverture
Richard Christian Matheson, fils du légendaire Richard Matheson, est né en 1953. Son objectif : se faire un deuxième prénom. Publicitaire, chercheur en parapsychologie, scénariste, producteur, batteur professionnel, auteur d'un roman (Cauchemar cathodique, paru chez Rivages et repris chez Denoël) et d'une centaine de nouvelles, il fait désormais partie des auteurs qui comptent dans le domaine des littératures de l'imaginaire.
Qui dira l'enfer que peut devenir un Los Angeles écrasé de chaleur ? L'esprit de sacrifice dont il faut faire preuve pour devenir, grâce aux techniques chirurgicales les plus avancées, la sueur siamoise de l'homme que l'on veut arracher à une mort inéluctable ? Les terribles risques que l'on court en jouant avec un inconnu à qui baissera le premier les yeux ? Et les conséquences imprévues que peut entraîner la lecture d'une histoire à donner la chair de poule ?
Réponses en une trentaine de nouvelles (après les trente autres de Dystopia 1), où Richard Christian Matheson se révèle, selon Stephen King, « de ces rares auteurs capables de combiner l'efficacité de la narration et l'originalité du style ». D'une redoutable concision, et du coup, d'autant plus suggestifs, passant allègrement du gothique noir à la science-fiction, de l'allégorie au fait divers qui fait trembler le réel, ses récits ne se contentent pas de jouer avec les ressorts du macabre ; ils désignent de façon saisissante les maladies de notre temps.
« Dystopie : situation anormale d'un organe », dit le dictionnaire !
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in Shock Rock (POCKET, 1998) - in Dystopia (J'AI LU, 2005) Première parution en 1997 (non référencée dans nooSFere).
15 - Mobile inconnu (Unknown Drives, 1979), pages 172 à 177, nouvelle, trad. Cédric PERDEREAU
1 autre édition de ce texte dans nooSFere : - in Dystopia (J'AI LU, 2005)
16 - Lit de mort (Deathbed, 1987), pages 178 à 180, nouvelle, trad. Cédric PERDEREAU
1 autre édition de ce texte dans nooSFere : - in Dystopia (J'AI LU, 2005)
1 autre édition de ce texte dans nooSFere : - in Dystopia (J'AI LU, 2005)
Critiques
Après Dystopia-1 (critiqué dans le précédent Bifrost), voici donc la suite et fin des nouvelles de l'étonnant Richard Christian Matheson, fils du légendaire Richard Matheson. Un second opus plutôt placé sous le signe du rock'n'roll et du mainstream avec des textes comme « Whatever » (la novella qui ouvre le recueil), « Je suis toujours là » et « Groupies ». Tout comme dans Dystopia-1, ce recueil contient un nombre indéniable de perles, notamment « Etudes supérieures » ou encore le susnommé « Whatever ». Dans ce dernier, on suit le parcours chaotique d'un groupe de rock, de sa fondation à sa disparition tragique dans un accident d'avion. En soixante pages, Richard Christian Matheson se paye le luxe de décrire deux décennies (les années soixante et les seventies), l'univers du rock, ses trips, ses outrances et ses incarcérations. Un tour de magie que ce « Whatever », un coup de maître qui arriverait presque à éclipser des textes comme « Je suis toujours là », récit poignant où l'on rencontre et écoute une groupie qui a accepté d'être greffée sur le chanteur qu'elle aime afin de prolonger la vie de celui-ci, de le laisser se nourrir d'elle tel un vampire. Derrière l'humanité « freak » de Richard Christian Matheson brillent des lames de rasoir, des phares sur Mulholland Drive, des incendies criminels à Hollywood, des rails de cocaïne sur l'échine moite du showbiz. Tout est là, derrière le rideau lourd et épais qui sépare le jour de la nuit, le monde d'en bas du monde d'en haut, l'Amérique du reste de la planète. Si vous aimez le grand frisson, franchissez donc ce rideau... vous ne le regretterez pas.
Ce recueil (la deuxième partie de Dystopia, dont le premier volume parut au printemps dans la même collection Imagine) commence par une très longue nouvelle, « Whatever », texte d'une taille (60 pages) que l'auteur utilise très rarement. Elle raconte l'ascension — puis la lente agonie — d'un groupe de rock, sorte de synthèse de tous les groupes mythiques des années 60 et 70 ; le récit rappelle beaucoup le propos d'Armaggeddon Rag, de George R.R. Martin, réédité récemment en Pocket Terreur et qu'il convient de lire si vous ne le connaissez pas déjà. Ici, la focalisation sur le groupe se double d'une vision plus globale, sorte d'odyssée du rock dans tout ce qu'il a de plus chaotique et démesuré à la fois. Du coup, et même si le rock semble peu approprié pour certains des textes (« Vous peignez ? », par exemple, semble aux antipodes), « Whatever » frappe durablement l'imagination, et donne une coloration à l'ouvrage — mais il est vrai que d'autres récits se passent dans le milieu du rock, l'auteur ayant été musicien. L'argument fantastique de « Whatever », lui, est beaucoup plus discret, voire quasiment inexistant. Ce n'est d'ailleurs pas le seul texte dans ce cas : Dystopia — 2 présente en effet un certain nombre de textes inclassables, et qu'on se gardera donc bien de classer, préférant les savourer comme autant de morceaux de vie ou de libres digressions sur des sujets tenant à cœur à l'auteur.
Pour autant, Richard Christian Matheson est avant tout un auteur de fantastique et de terreur ; il est donc normal que l'on retrouve ici les « recettes » qu'il affectionne : des textes courts et percutants (« Pense-bête » consiste uniquement en une liste d'affaires à emporter, « Groupies », prend la forme d'un entretien avec une fan qui narre les penchants très pervers de son idole). La gamme va du fantastique classique (« Impasse », où un couple se perd dans une banlieue de Los Angeles) à un fantastique plus moderne, plus gore (« Entretien », ou l'histoire d'un homme qui vend peu à peu toutes les parties de son corps pour gagner de l'argent).
Bref, on le voit, ce recueil montre une nouvelle fois la grande variété d'inspiration de Richard Christian Matheson, puisqu'il donne à lire des textes fort différents dans la forme, les thèmes ou la visée (on n'oubliera pas l'humour très noir de certaines nouvelles). Un compagnon indissociable de Dystopia — 1, avec lequel il constitue une manière de (quasi) intégrale des textes courts de l'auteur.