DEGLIAME
, coll. Grand format n° (1) Dépôt légal : septembre 2002 Première édition 224 pages, catégorie / prix : 14.70 € ISBN : 2-914088-29-9
Quatrième de couverture
Invitation pour un Halloween fantastique au château de Malisse le 31 octobre à 20 heures précises. Ne soyez pas en retard, les monstres vous attendent !
Tel est le carton que reçoit Thierry, l'oncle de Vincent, passionné de vieux films d'horreur : il a remporté le prix organisé par le Comte de Glémor. Et Vincent a le droit de l'accompagner ! L'enthousiasme leur fait oublier les rumeurs d'apparitions surnaturelles qui courent sur le château...
Le bonheur est à son comble pour Thierry, car les autres invités de cette soirée spéciale sont ses acteurs fétiches — le fameux Club des Monstres ! Une surprise tout aussi agréable attend Vincent : Marjorie, la fille dont il est secrètement amoureux, est là elle aussi... mais la fête tourne vite au cauchemar : des phénomènes étranges ne tardent pas à se produire. Et en explorant le château, ils tombent sur un spectacle tout droit sorti d'un film d'horreur — mais cette fois, le Mal ne se contente pas de rester sur pellicule !
Quand le septième art se combine à l'art caché de la sorcellerie, c'est la terreur elle-même qui crève l'écran... et l'on prie que la réalité ne rejoigne jamais la fiction !
Faites-vous la frayeur de votre vie !
Dès l'enfance, Audrey Françaix, née en 1980, a développé le goût pour le fantastique et l'étrange. A vingt ans, elle a déjà reçu un prix pour ses nouvelles et vit de sa passion comme scénariste de jeux vidéo. Les Frontières de Féerie, série publiée dans la collection Le Cadran Bleu, est l'une des séries phares des éditions Degliame.
Critiques
Au collège, Vincent et Marjorie sont dans la même classe. Mais ils se font chacun une idée si fausse de l'autre que rien ne semble en mesure de les rapprocher. Jusqu'au jour où, à la veille des vacances de la Toussaint, le professeur de français propose à ses élèves un devoir de vacances sur le thème des monstres dans la littérature et le cinéma. Cela tombe bien puisque le frère de Marjorie est un jeune auteur de romans fantastiques et l'oncle de Vincent un amateur de films d'horreur, fan des séries B des années cinquante et spécialiste des œuvres de la Méphistoprod. L'occasion inattendue pour les deux collégiens de faire plus ample connaissance. Parallèlement, dans le petit village de Malisse, où vivent Vincent et Marjorie, le comte de Glémor, châtelain veuf et excentrique, féru d'occultisme et partageant la passion de l'oncle de Vincent, a organisé un concours ouvert à tous les cinéphiles, que priment des invitations à une soirée de Halloween dans son château. Comme on peut s'y attendre, le frère de Marjorie et l'oncle de Vincent sont les gagnants. Munis chacun de deux cartons d'invitation, ils convient les deux jeunes gens à les accompagner à cette soirée exceptionnelle.
Or, au château de Malisse, le comte de Glémor a vu les choses en grand. Il a réuni pour l'occasion les acteurs vedettes de la Méphistoprod, tous devenus des vieillards. Officiellement, il s'agit de décerner à l'un d'eux un prix, la Citrouille d'or du meilleur acteur. Mais rapidement, la petite sauterie vire au cauchemar.
Audrey Françaix, autrice d'une trilogie de fantasy, Les Frontières de Féerie, dans la collection Le Cadran bleu, confirme ici son talent de raconteuse. Tout au long de ce livre, premier grand format publié par les éditions Degliame, elle s'ingénie à faire monter la tension, passant de l'atmosphère potache d'une chasse au Snark à un réel cauchemar digne d'Evil Dead, grâce à un savant basculement, lent mais irrémédiable, dans l'horreur. Les deux jeunes héros, qu'on sent plus inspirés par Buffy contre les Vampires, surtout Marjorie, que par le cinéma fantastique de grand-papa, font néanmoins preuve d'une grande ingéniosité. Et Vincent, à qui son oncle a transmis un peu de sa passion, parvient à tirer brillamment parti de ses références cinématographiques. Le résultat est une rencontre fructueuse de deux générations, de personnages et aussi d'images. Audrey Françaix nous parle de la transmission, de l'héritage culturel — iconographique et légendaire — légué par ces vieux acteurs dans leur dernier baroud d'honneur. Et elle montre que la mort, dont elle n'oublie pas au passage de suggérer le caractère tragique, signifie aussi le renouvellement. Peut-être une réponse aux esprits chagrins qui craignent de voir Halloween supplanter la traditionnelle fête des morts catholique, qui elle-même supplanta d'autres rites plus anciens...
Jonas LENN Première parution : 1/2/2003 dans Asphodale 2 Mise en ligne le : 1/10/2004
Depuis quelques années, le mois d'octobre se pare d'orange et de noir pour cause d' « halloweenmania ». Même si l'aspect commercial des festivités qui ponctuent régulièrement l'année peut agacer, on doit reconnaître que Halloween est une fête plutôt sympathique : il est évidemment plus amusant de se déguiser en monstres et de jouer à se faire peur que d'attendre passivement le passage de bêtes cloches ou d'un gros bonhomme habillé en rouge.
C'est dans cet esprit que les éditions Degliame inaugurent leur collection « Grand Format », destinée aux collégiens — à la suite de la jolie petite collection du Cadran bleu qui s'adresse plutôt aux 9-12 ans et où Audrey Françaix a déjà publié les trois volumes du cycle des Frontières de Féerie.
Halloween, le Club des monstres annonce donc la couleur dès la couverture, avec citrouille, vampire et momie. Ce roman exploite à fond les clichés d'Halloween, grâce à une idée astucieuse : Vincent, un jeune garçon, est invité à une soirée qui réunit d'anciens acteurs de films d'horreur des années cinquante, des « vieillards décrépits, aigris, imbus de leur personne et se jalousant encore après toutes ces années » (p.85), comme le célèbre Bela Rathbine — en qui le cinéphile reconnaîtra un croisement de Bela Lugosi et de Basil Rathbone...
Initialement conçue comme un hommage aux films de la « Méphistoprod », la réception tourne rapidement au cauchemar lorsqu'un démon prend le contrôle de l'esprit des acteurs, alors contraints de rejouer les scènes de certains de leurs films, comme La Promise de Frankenstein...
Le Club des monstres est donc un roman sans réelle surprise, puisqu'il jongle volontairement avec les poncifs du genre. Mais il a le mérite d'être plutôt malin et surtout agréablement écrit, ce qui suffit à le situer au-dessus de la plupart des romans fantastiques pour adolescents qui envahissent les rayonnages. Le jeune lecteur n'aura ainsi aucun mal à s'identifier à Vincent, le héros malgré lui de cette nuit infernale, d'autant plus sympathique qu'il est amoureux de la froide Marjorie apparemment indifférente à son charme — notons au passage qu'Audrey Françaix s'est amusée à doter Marjorie d'un frère écrivain de fantastique nommé Léo Pascal et plutôt poltron : probablement un moyen de se moquer gentiment de son propre frère, Pascal Françaix.
Bénéficiant d'une attrayante maquette — la chose est habituelle chez Degliame — , Le Club des monstres ne devrait avoir aucune difficulté à rencontrer son automnal public amateur de frissons.