Ayah la Barzakie, Ayah la rebelle, a offert au métropolite Constantin une énorme quantité de plasma, lui permettant ainsi de s'emparer du pouvoir à Caraqui dont il veut faire une « cité nouvelle », plus juste et plus humaine. Hélas, lorsqu'elle y rejoint son amant, les choses sont loin d'être simples : non seulement ils doivent se mesurer à un contre-coup d'État, mais ils vont aussi avoir fort à faire pour éradiquer la Main d'Argent, redoutable mafia qui règne sur le trafic du plasma, cette précieuse source d'énergie, de puissance et de jouvence qui donne à celui qui la possède le pouvoir de changer le monde.
Au gré des alliances et des trahisons, Ayah fera l'apprentissage du pouvoir et découvrira la complexité de l'âme humaine, jusqu'au moment où il lui faudra affronter le mal absolu : Taikoen, le démon assassin qui dévore ses victimes de l'intérieur, cet allié ô combien encombrant que Constantin contrôle avec difficulté et qui le domine peu à peu...
Avec ce livre ambitieux et foisonnant, véritable parabole sur le pouvoir, ses dérives et ses enjeux, Walter Jon Williams revient à l'univers extraordinaire de son précédent roman Plasma, dont il prolonge l'exploration dans une aventure visionnaire et inoubliable.
Né en 1953, Walter Jon Williams a écrit des romans d'aventures maritimes avant de se consacrer à la science-fiction. Avec Câblé, il s'est imposé comme l'un des maîtres du courant cyberpunk, puis a fait montre d'un talent singulier et remarquablement original à chacun de ses livres suivants (Le souffle du cyclone, Les joyaux de la couronne, Sept jours pour expier, Aristoï). Il propose ici la suite de Plasma, son chef-d'œuvre, complexe mélange de science-fiction et de fantasy.
Critiques
Le plasma, cette énergie d'essence magique capable aussi bien d'assurer l'immortalité que de perforer ou faire léviter des roches, de téléporter ou de communiquer par télépathie, est l'objet de maints trafics tant il est convoité et contrôlé par les autorités.
Suite directe de Plasma, La Guerre du plasma raconte comment Constantin, qui a pu financer le coup d'Etat de Caraqui grâce au plasma détourné par la Barzakie Ayah, tente de mettre sur pied une Cité nouvelle et radieuse. Exilés chez les voisins, les anciens dirigeants tentent de mettre sur pied une contre-révolution qui profiterait également à la Main d'Argent, l'organisation mafieuse qu'Ayah, nommée chef de la police du plasma, pourchasse sans pitié. Cette jeune femme qui a agi par amour n'a pas l'expérience du pouvoir et de l'autorité. Elle découvre qu'il est difficile de rester intègre quand on entre en politique...
Intrigues de palais, concessions menant à des compromissions, trahisons et coups d'éclats politiques viennent compliquer la trame apparemment simple de ce roman riche en péripéties et actions. On peut reprocher à Williams de se contenter de transposer un peu trop platement notre monde, mais cette initiation progressive et mesurée à la vie politique, quoique simpliste, voire naïve par endroits, est fort bien racontée, avec une intrigue soutenue, des personnages riches et forts, qui parviennent à séduire le lecteur. Le personnage d'Ayah apprend vite : fidèle à ses convictions, il trouve en elle suffisamment de ressources et de volonté pour traverser les méandres du jeu politique.
La Guerre du plasma est un livre plus fouillé que complexe qui, s'il manque peut-être d'ambition, n'en demeure pas moins tout à fait digne d'intérêt (n'était une traduction française déplorable). En cela, il atteint tout à fait ses objectifs.
Ce roman est la suite directe de Plasma, précédemment paru chez le même éditeur. Délaissant le cyberpunk, l'auteur dépeint dans ce cycle un ensemble de cités, agitées par des crises politiques successives, où le symbole de l'Énergie et de la Richesse tient en un seul mot : plasma. Cette substance quasi-magique permet en effet de se régénérer, de se téléporter, de créer de la matière... À la suite d'un coup d'état auquel elle a largement contribué, Ayah, la modeste héroïne du premier tome, se retrouve propulsée sur le devant de la scène, puisqu'elle se voit attribuer un rôle important dans le nouveau gouvernement, et qu'elle y fait rapidement preuve de compétences remarquables. Mais cette entrée dans les hautes sphères l'amène à effectuer des compromis entre ses idéaux d'antan et la réalité de l'exercice du pouvoir.
Si l'on a plaisir à retrouver le personnage et l'univers sympathiques créés par Walter Jon Williams, on peut cependant regretter le manque d'innovation de ce second tome. La continuité entre les deux est parfaite, au point que Plasma et La Guerre du plasma semblent un seul et même long roman. Il y a quand même quelques nouveautés, tels les ghettos lacustres où sont parqués les mutants, ou cette confrérie religieuse bizarre dans laquelle les sœurs passent des siècles dans une méditation comateuse engendrée par le plasma. Ces apports ne parviennent cependant pas à masquer une impression de déjà-vu, peut-être particulièrement frappante parce que Plasma était un roman très original. L'intérêt de La Guerre du plasma se concentre donc sur l'ascension d'Ayah et son combat contre la mafia locale. Ce récit tout à fait crédible démonte les rouages du pouvoir et l'utilisation des médias. L'apparition récurrente de Taikoen, créature maléfique issue du plasma, vient cependant régulièrement replacer l'histoire dans un contexte plus romanesque.
Finalement, La Guerre du plasma laisse une impression en demi-teinte. Sans que sa lecture soit désagréable, elle n'apporte pas vraiment quelque chose de plus à celle du premier tome, qui aurait pu se suffire à lui-même.