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Rêves de guerre

Thomas DAY

Première parution : Paris : Mnémos, Icares, juin 2001

Illustration de Guillaume SOREL

MNÉMOS (Paris, France), coll. Icares
Dépôt légal : juin 2001, Achevé d'imprimer : mai 2001
Première édition
Roman, 416 pages, catégorie / prix : 140 FF
ISBN : 2-911618-69-6
Format : 13,0 x 21,5 cm
Genre : Fantasy



Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
     Né de la discipline magique du rêve de guerre, N'Kahn Hadessa est le maître d'armes des seigneurs de Haäsgard depuis plus de dix mille ans. Presque une éternité durant laquelle, de bataille en bataille, le démùon a forgé l'équilibre du Monde Connu et appris à côtoyer les hommes. Au point d'engendrer un fils avec une mortelle.
     C'est ce fils, Faë, appelé à devenir le dernier magicien du rêve de guerre, qu'il lui faut à présent retrouver et ramener à la capitale de Languerrilh, où les attend l'impitoyable princesse Lyrhène, pour que survive la civilisation mise en péril par l'invasion des Toxians, nomades au sang brun. Mais Faë, à peine sorti de l'adolescence, ne l'entend pas de cette oreille... Reste un monde à traverser pour un père et un fils que tout sépare, un monde de haines et de violences où le chaos menace.
 
     Batailles sanglantes, magie spectaculaire, prises de châteaux forts... Au croisement de l'épopée guerrière et de la tragédie shakespearienne, Rêves de guerre rend hommage à Michael Moorcock et à son héros mythique, Elric le Nécromancien. Thomas Day, né en 1971, est l'auteur d'un recueil, Sympathies for the devil, où il allie différents genres de l'imaginaire.
Critiques
     Lyrhène de Haäsgard est une princesse-guerrière au caractère bouillonnant et excessif. Capable de s'automutiler dans un vain et pathétique geste d'amour ou de meurtrir cruellement son enfant pour « l'endurcir  », elle attend avec impatience les batailles qui l'opposent régulièrement aux Toxians, tout en réprimant dans l'intervalle les intrigues de palais.
     Son mage Dalvid N'Manadliath se meurt lentement. Agé de près de douze mille ans, il tire un immense pouvoir du Rêve de guerre, où il s'unit aux esprits des deux cruels sorciers qui l'ont précédé. Il peut ainsi façonner des créatures aussi diverses qu'un oiseau-foudre, un animal merveilleux mais aussi une arme redoutable, le maître d'armes N'Kahn Hadessa, un démon lui-même âgé de dix mille ans, ou encore les étranges enfants qu'il offre à la princesse.
     Le roman débute au moment où le terrifiant N'Kahn Hadessa se met en quête de son fils Faë, dont il ignorait l'existence. Faë est destiné à succéder au mage Dalvid et à recueillir en lui les âmes des magiciens défunts...

     Pour son premier roman, Thomas Day s'est tourné vers une fantasy en apparence classique, qui s'inspire ouvertement de Moorcock. Mettant en scène une civilisation violente et décadente, Rêves de guerre est impressionnant à plus d'un titre.
     Pourtant, le roman semble au début souffrir d'un défaut important. Alors que dans ses nouvelles, l'auteur fait habituellement preuve d'une énergie peu commune, l'intrigue a ici du mal à se mettre en place, d'autant plus que Day brouille les pistes en multipliant des péripéties et des personnages qui n'auront guère d'intérêt dans la suite. Ainsi, quand Lyrhène est menacée par un usurpateur, qui pourrait incarner le méchant fourbe, celui-ci est rapidement écarté. De même, bien que les premiers chapitres soient centrés sur Drex, un enfant chétif et malade qui se heurte à N'Kahn Hadessa, ce jeune apprenti que tout désigne comme le héros est aussi éliminé de la scène. Les épisodes s'enchaînent sans progression franche et le lecteur en vient à se demander si l'auteur est aussi à l'aise dans un récit d'une telle longueur qu'il l'est dans la forme courte.
     Cependant, le récit acquiert enfin sa véritable dimension au onzième chapitre, quand Faë arrive à la forteresse de Languerrilh, où demeure la princesse Lyrrhène. D'une part, nous devinons alors l'Histoire de ce monde probablement situé dans un futur post-cataclysmique très éloigné où les hommes au sang rouge ont disparu tandis que naissaient deux races rivales, l'une au sang bleu, l'autre au sang marron. D'autre part, les véritables enjeux se mettent en place...

     Rétrospectivement, les errances du début acquièrent alors une singulière importance. Day y esquisse les amorces d'intrigues rebattues pour les rejeter aussitôt. Exit le méchant potentiel et le gentil prévisible. Prenant à contre-pied la morale facile de tant de romans de fantasy, l'auteur démontre qu'il n'y a pas de place pour les faibles dans son univers, et qu'il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir.
     Restent donc les caractères tourmentés, des figures fortes et complexes, tiraillées entre des aspirations opposées, sans manichéisme. Les protagonistes peuvent se montrer aussi détestables qu'attachants et leur violence traduit finalement le profond désespoir d'êtres qui se cherchent. Incapables de trouver, en raison de leur statut ou de leur nature, un amour à leur mesure, ils masquent ce vide fondamental en se jetant à corps perdu dans de futiles combats. Ils illustrent à leur manière la pensée de Macbeth  : la vie est « une histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur et qui ne veut rien dire  ». Day élimine l'idée d'un ordre cosmique implicite qui dirige les quêtes, récompense les bons et punit les méchants, un ordre qui ne relève que d'un imaginaire propre à l'enfance – auquel la fantasy est souvent très liée. Un homme peut s'affranchir d'un destin qui n'est programmé que par d'autres hommes, et, tragédie oblige, la mort vient souligner tout l'absurde et le dérisoire de l'existence.

     A condition de ne pas se laisser rebuter par les premiers chapitres, où l'intrigue semble languir, Rêves de guerre est une belle tragédie, épique et chaotique, certes classique mais aussi subtile et personnelle, bien plus adulte et pénétrante que beaucoup d'ouvrages de fantasy.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 15/9/2001 nooSFere

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