J'AI LU
(Paris, France), coll. Millénaires n° (6058) Dépôt légal : avril 2001, Achevé d'imprimer : avril 2001 Première édition Roman, 378 pages, catégorie / prix : 15,09 € ISBN : 2-290-31283-5 Format : 13,0 x 19,6 cm Genre : Science-Fiction
« Trait luminescent au loin, l'oiseau se précise et grandit. Ses immenses et fines ailes irisées battent lentement, frémissent aux vents stellaires, oscillent du rouge profond au violet intense en se parant de couleurs selon des séquences apparemment aléatoires... »
2432. Oap Täo, le célèbre contrebandier, part à la recherche des oiseaux de lumière en compagnie de Frieda Koulouris, passionnée depuis toujours par ces étranges créatures. Plusieurs kilomètres d'envergure, des ailes de pure lumière, hiératiques, inaccessibles et d'une époustouflante beauté... D'où viennent-ils ? Pourquoi ne peut-on les contacter ? Pour quelles raisons traversent-ils ainsi le Système Solaire ?
C'est pour tenter de répondre à ces questions que Frieda et Oap Täo vont s'engager, guidés par la très sensuelle et mystérieuse Hu-Reï, dans une odyssée qui les mènera jusqu'aux confins de la galaxie... et transformera leur existence à jamais.
Fable sur le respect de l'autre autant que fresque à grand spectacle, Les oiseaux de lumière est un merveilleux récits de voyage doublé d'une quête initiatique pleine d'aventures.
Né à Paris en 1956, vivant en Bretagne, Jean-Marc Ligny a exploré depuis ses débuts en 1979, tous les courants des littératures de l'imaginaire — science-fiction, fantastique, policier, fantasy... — et s'est vu couronné du Grand Prix de l'Imaginaire 1997 pour Inner City et du prix Rosny Aîné 1999 pour Jihad. Les oiseaux de lumière s'inscrit dans le cadre des Chroniques des Nouveaux Mondes, vaste univers qu'il développe depuis une dizaine d'années avec son complice, le peintre et illustrateur Mandy.
Critiques
Oap Täo, contrebandier, est recruté pour capturer des oiseaux de lumière, ces créatures mystérieuses faites de photons dessinant des ailes chatoyantes de plusieurs kilomètres d'envergure, qui disparaissent dès qu'on émet des ondes à proximité, voire même quand on pense trop fort. Apparue au début du XXVe siècle, l'espèce est protégée. La chasse tourne court, Oap Täo étant arrêté par le GRIS avant sa première proie.
Il est fort heureusement sauvé par Frieda, qui désire réaliser un reportage sur ces fascinants oiseaux. Alors que le GRIS traque le contrevenant évadé, tous deux, bientôt accompagnés de la mystérieuse Hu-Reï, partent sur d'autres mondes à la recherche de renseignements, interrogeant les Pleiadim et des Hyadim dans l'espoir de déterminer le lieu d'origine des oiseaux de lumière. Leur quête aventureuse est prétexte à la découverte d'autres civilisations extraterrestres, ce qui ne va pas sans poser de problèmes quand subsistent des préjugés.
Dans le registre du space opera, Ligny et Mandy sont proches d'un Roland Wagner. Le ton est léger, volontiers primesautier, et ne manque pas d'humour. Les références à d'autres œuvres abondent, surtout dans les premières pages, clins d'œil parfois réservés à une minorité (Lenklud et les exigences pharaoniques de ses contrats 1). Les auteurs s'amusent à parodier le space opera, n'omettant pas par exemple d'adjoindre au héros un fidèle droïde amateur de proverbes, tout en étant rigoureux sur le plan astronomique.
La fin est moins convaincante, par la naïveté de certains propos et la trop grande importance donnée aux aspects sentimentaux, même si ceux-ci se justifient dans le récit et servent à illustrer leur propos. Le respect de l'autre et de sa différence est en effet le message que veulent faire passer les auteurs dans cette adaptation d'un scénario de la Chronique des nouveaux mondes, et qui justifie probablement l'obtention du prix Tour Eiffel qui leur a été décerné en juin dernier.
Notes :
1. L'agence littéraire Lenclud (agent de Stephen King notamment) étant l'une des plus importantes sur la place parisienne.
Depuis quelques années, l'univers est périodiquement traversé/visité par des créatures étranges, gigantesques, magnifiques, entièrement faites de lumière. Revêtant l'apparence d'oiseaux célestes, ces êtres fuient tout contact avec les humains. Il arrive, toutefois, que certains soient capturés par des gens sans scrupules, qui revendent leurs ailes lumineuses au marché noir.
C'est ainsi qu'Oap Täo, célèbre contrebandier, est contacté par un Oligarche désirant l'envoyer à la chasse aux oiseaux de lumière. Se trouvant dans une situation financière délicate, il accepte et se lance dans une aventure qui bouleversera sa vie.
Les oiseaux de lumière prouve, s'il en est besoin, qu'il est possible de faire du space opera lyrique. Le style de l'auteur est magnifique, empreint de poésie et d'originalité. Propulsé sur d'autres plans de la réalité, le lecteur se sent vibrer. Il est toutefois regrettable que des claques lui soient sans cesse assenées par l'emploi d'une vulgarité déplacée ou de descriptions sexuelles qui brisent l'enchantement et n'apportent rien à la qualité du récit. La présence de plusieurs scènes franchement pornographiques privera ce roman du large public auquel il aurait pu prétendre — et qu'on lui aurait souhaité. Dommage.
Précisons enfin que, tournée la dernière page, le lecteur pourra rester quelque peu sur sa faim. Oap Täo et ses collègues ont-ils réussi à rentrer sains et saufs ? Et qu'est-il donc arrivé à leur poursuivant, l'officier Tubigani — dont la présence devient plus qu'anecdotique (et même superflue) à mesure que l'on approche de la fin ? Voilà des mystères (parmi d'autres) qui resteront peut-être à jamais sans réponse.
Autre chose : l'éditeur semble incapable de respecter les règles les plus élémentaires de la ponctuation française. C'est assez déconcertant.
Les oiseaux de lumière est un livre intéressant, bourré d'originalités, mais dont le lecteur pourra sortir un peu déçu, voire choqué. Il y avait pourtant matière à un grand roman.
Ça commence comme un space opéra des plus classiques : Un richissime client, Oligarche régnant sur la population d'un astéroïde, engage un contrebandier pour emmener son jeune fils dans une chasse hautement illégale aux oiseaux de lumière, ces étranges créatures presque entièrement constituées de lumière, qui depuis quelques années traversent le système solaire, et dont on ne sait quasiment rien. Mais, ce qui s'annonçait comme une affaire simple et lucrative tourne assez vite au fiasco pour Oap Täo, le contrebandier, qui se retrouve pris en flagrant délit et emprisonné.
C'est alors qu'intervient l'une de ses anciennes connaissances, Frieda Koulouris, journaliste fondatrice d'un groupe de presse important et secrètement amoureuse d'Oap Täo. Celle-ci paye la caution de l'aventurier et facilite son évasion, avant de l'engager pour une nouvelle chasse aux oiseaux de lumière. Mais cette fois-ci, c'est une chasse à la connaissance, dont le but est de découvrir la nature de ces fascinantes créatures. A partir de là, le roman dévie peu à peu et nous entraîne dans une direction que rien ne laissait entrevoir au départ. Oap Täo, qui semblait être le héros au début du récit, cède peu à peu la place à Frieda et à Hu-Reï, une mystérieuse et singulière journaliste qui vient s'immiscer dans l'aventure et qui va chambouler les certitudes de ses deux compagnons. Leurs pérégrinations les conduisent à travers la galaxie, à la rencontre de bien étranges extraterrestres et à la découverte de l'origine des oiseaux de lumière. Et ce qui commençait comme un space opéra d'aventure se clôt sur une fin étonnamment poétique.
Si Les oiseaux de lumière est un roman plaisant, il a néanmoins quelques défauts : Au début du roman, Oap Täo fait rapidement figure de fugitif, mais la chasse à l'homme vers laquelle semble s'orienter de prime abord le récit se trouve finalement reléguée au rang d'anecdote hâtivement conclue. De même, Oap Täo devient étrangement falot dans la deuxième partie du roman, s'effaçant au profit des deux femmes qui l'accompagnent, ce qui peut paraître surprenant de la part d'un vieux baroudeur de l'espace. Même si l'évolution est progressive, il y a un déséquilibre entre le début du roman et sa fin, le virage qui s'opère dans les objectifs du récit n'étant pas totalement réussi. Le style de l'auteur est alerte et familier, mais peut-être parfois un peu trop contemporain dans les dialogues, alors que l'histoire est censée se dérouler en 2432.
Malgré ces petites faiblesses, Les oiseaux de lumière reste cependant un bon roman d'une lecture agréable. Un roman qui, à défaut d'être inoubliable, donne l'envie d'en savoir plus sur l'univers de ces Chroniques des Nouveaux Mondes.
Nous sommes en 2432. Depuis six ans, des oiseaux de lumière traversent le Système Solaire, venus d'on ne sait où et s'évaporant ensuite pour ailleurs... Comme tout ce qui est beau et rare, ils attisent rêves, passions et convoitises. Un mercenaire (déjà bien connu des lecteurs assidus de l'auteur) se lance, à son cœur défendant, dans une chasse (strictement interdite) qui vise à capturer l'un d'eux. Il est bientôt rejoint par Frieda, journaliste interplanétaire, qui voue à ces créatures une passion aussi mystérieuse que les oiseaux eux-mêmes. Avec elle, l'aventure prendra une tout autre tournure. Leurs tribulations vont les emmener aux quatre coins des Nouveaux Mondes...
Aux lecteurs de Yurlunggur et de Inner City, nous apprendrons peut-être que Jean-Marc Ligny écrit aussi du space opera, et que ce roman est le fruit de vingt années de réflexion. Appréhension : comment ce virtuose des bas-fonds sordides et des plans-galères de banlieues peut-il négocier le virage des décors grandioses et du souffle épique associés au genre comme une image d'Epinal ? Le pari est réussi. La visite de l'Espace nous emmène de zones louches en tripots inquiétants, et l'action prend des airs de quête-poursuite où Oap Täo (le héros) cherche à échapper aux commandos du GRIS (les sales flics).
De quoi rassurer les lecteurs de Jihad, qui peuvent se sentir en univers connu — si l'on peut dire...
Est-ce dire que ce nouveau roman de Ligny ne recèle aucune surprise ? Certes pas. Car au-dessus de cette histoire où se mêlent relation passionnelle (magnifiquement dépeinte), drogues sauvages et concerts de rock underground et infréquentables, plane la présence irréelle de l'oiseau de lumière. Une création de tout premier plan dans le monde de l'Imaginaire, cousin cosmique de l'Albatros de Baudelaire, digne de laisser pour longtemps des visions émerveillées au lecteur.
En outre, l'amateur inconditionnel de SF pourra se réjouir d'un nombre impressionnant de clins d'œil et d'allusions à d'autres œuvres qu'il connaît déjà très bien...
N'y aurait-il pour autant aucune ombre au tableau ? Ça reste à voir. Le profond changement de ton qui s'opère à la fin du roman peut surprendre, intriguer ou franchement déranger. On peut craindre, en tout cas, qu'il ne réponde pas aux attentes de beaucoup. Les évolutions croisées des personnages, auxquelles Jean-Marc Ligny apporte, conformément à son habitude, un soin tout particulier, justifient un tel dénouement. Mais le mystère ne perd-t-il pas un peu son âme, lorsque sa raison nous devient trop accessible ?
Xavier NOY Première parution : 1/6/2001 dans Galaxies 21 Mise en ligne le : 3/8/2002