De retour de Mars, Paul Terrier ramène dans ses bagages un passager dont il se serait bien passé. Un petit homme vert lui apparaît chaque fois qu'il pose le regard sur un écran quelconque. Paul a-t-il perdu la raison ? Faut-il croire ce singulier personnage lorsqu'il affirme être une incarnation de MACNO ? Mais MACNO n'est qu'une légende... Ce n'est pas auprès de ses deux compagnons de voyage, devenus fous peu après leur rentrée au pays, que Paul trouvera la réponse aux questions qu'il se pose. Quant à se confier au psychiatre de la mission... le remède n'est-il pas pire que le mal ?

 

     LE MACNO « Magasin des Armes, Cycles et Narrations Obliques » est une société virtuelle. Elle n'existe pas physiquement, pas de bureau, pas d'adresse, pas de personnel. C'est une machine intelligente. Un computer relié aux réseaux, connectable, joignable et consultable internationalement par tous les moyens de communication. Il génère une forte personnalité intéressée par le bordel, la provocation et l'entropie. Il peut se découvrir efficace, vengeur ou farceur, en tout cas, on ne sait pas trop ce qu'il cherche. MACNO est le casse-couilles de l'avenir.

     Succès presque total pour la seconde expédition martienne : bien que le conteneur transportant les échantillons géologiques n'ait pas survécu au voyage, les trois astronautes sont revenus sains et saufs et la Terre semble prête à une nouvelle conquête de l'espace. Seule ombre au tableau, ce petit homme vert qui gâche la vie de nos trois héros : l'Européen Paul Terrier angoisse, l'Asiatique Aïko tente de se faire hara-kiri et l'Américain John Newborn pète carrément les plombs. La journaliste Lisa Londres flaire quelque chose de louche, et peu à peu la panique gagne le cercle fermé des dirigeants de la planète. Il y a sûrement du MACNO là-dessous...

     Est-ce parce que « la bible de MACNO tient sur un timbre-poste », comme l'a remarqué Denis Guiot dans ces pages, que ce sympathique roman est quelque peu alourdi par des passages d'exposition ? Mais il s'agit d'un mal nécessaire, car Gilbert Gallerne a brossé un tableau relativement fouillé de cet « avenir partagé » où, pour une fois, MACNO joue un rôle de premier plan. En même temps, il a su trousser une intrigue efficace, camper des personnages crédibles et épicer le tout d'un ton sarcastique qui relève la sauce. Certes, les cinéphiles et les maniaques de la conspiration ne seront pas surpris par les révélations qui ébranlent Paul et Lisa, mais l'essentiel n'est pas là. Si Gallerne est plus ambitieux dans le domaine du suspense (voir Teddy est revenu) que dans celui de la SF, sa contribution à l'univers de MACNO se veut avant tout un ouvrage populaire, conçu pour distraire sans abêtir. Le contrat est plus que rempli, puisqu'il nous livre là le premier volet vraiment abouti de la série.

     A signaler, du même auteur, Je suis un écrivain (Encrage, Travaux, 164 pages, 65 F), un guide à l'usage des débutants, aussi pertinent que bien documenté, né de la chronique que Gallerne tenait dans la revue Ecrire aujourd'hui. A lire avant de proposer des nouvelles à Hyper-Futurs !