Jeune orpheline de treize ans, elle hérite involontairement d'un don étrange, d'une force mystérieuse et se retrouve alors au centre d'intrigues qui la dépassent. Sur l'île de Gaelia, nombreux sont les politiciens et les religieux qui convoitent cette puissance ; nombreux sont ceux qui redoutent le Samildanach, l'élu aux facultés uniques, qui pourrait changer la face du monde...
Alors qu'au sud, une armée est en marche pour reconquérir cette île volée à ses ancêtres, la jeune Aléa doit fuir de nouveaux ennemis : les Soldats de la Flamme, des fanatiques religieux qui voient en elle un nouveau danger, le Conseil des druides, qui lui envient son pouvoir, ou encore les terribles guerriers de Maolmordha...
Prise au coeur d'un conflit colossal, Aléa fuit la mort qui la traque sans pitié. La meute de ses poursuivants grandit de jour en jour. Le moment est proche où elle devra faire volte-face pour affronter son destin...
Dans l'ombre, tel le reflet d'un miroir, Imala, une louve solitaire vit une aventure étrangement parallèle à celle de la jeune fille... Leurs existences sont-elles liées ? Leurs avenirs respectifs sont encore flous, mais une destinée unique attend la louve et l'enfant.
Henri Loevenbruck est né à Paris en 1972. Journaliste, anthologiste et écrivain, il a tenu le poste de rédacteur en chef d'un magazine culturel pendant trois ans et se consacre aujourd'hui à l'écriture de romans et de scénarios pour le cinéma.
Après l'écriture de Pelot1, celle d'Henri Loevenbruck à toutes les chances de paraître calamiteuse. Objectivement, elle est lumineuse par moments, pompeuse et relâchée le reste du temps (page 12, on lira quatorze fois le verbe « être » sous sa forme « était »...). Le principal défaut stylistique de l'auteur réside dans son impossibilité à créer la moindre tension. La Louve et l'enfant est le premier volume de « La Moïra », nouveau cycle de fantasy francophone (on en manquait !), qui narre les aventures d'Aléa, sorte de Cosette irlando-asiatique et de la louve Imala à travers la Gaelia (une Irlande soft qui sent à peu près autant l'Irlande que la Guinness sent le Nuoc Mam). Au bout d'un certain moment, Obiwan Kenobi rejoint l'aventure — sous le pseudonyme de Phelim, certes, mais on n'a pas de mal à reconnaître le vieux cachottier. Le plus désespérant, dans ce livre, en dehors de son côté gnan-gnan, ce sont les personnages, creux, convenus, déjà vus. Et principalement Aléa, dont on espère à chaque page que sa route finira par croiser celle d'un troll pédophile particulièrement bien monté. Du côté de l'histoire (le plus important ?), La Louve et l'enfant mérite le prix du livre de fantasy le moins original de la décennie. Le tout pour 110 francs, cherchez l'erreur... A l'instar de Nicolas Jarry (Le Loup de Deb et ses suites — Mnémos) ou encore de Matthieu Gaborit (Cœur de Phénix — critique dans Bifrost no22), Henri Loevenbruck échoue à produire une œuvre de fantasy médiévale palpitante — on est bien loin de La Trilogie des Elfes, de Jean-Louis Fetjaine. Dommage. On hasardera toutefois une explication possible : là où Fetjaine fait crépiter son doctorat d'Histoire, Loevenbruck utilise trois ans d'expérience de rédacteur en chef à Science-Fiction Magazine (un « magazine culturel », apprend-on en quatrième de couverture, sans doute un clin d'œil appuyé aux fans éplorés de la rubrique « Sexe, pizzas et vidéos » — dont j'avoue avoir toujours fait partie). On constate donc, une fois de plus, que les auteurs français parviennent à écrire de bons livres de fantasy non médiévale (la renaissance chez Kloetzer, les îles chez Denis Duclos) mais échouent en général, faute d'érudition et de travail, à nous plonger dans un Moyen Âge crédible à même de rivaliser avec les fresques anglo-saxonnes, telles celles de Robin Hobb ou George R.R. Martin, par exemple.
Aléa – au nom « prédestiné » – est une orpheline débrouillarde qui, découvrant un cadavre perdu en pleine lande, lui dérobe sa bague et devient ainsi l'héritière du « Salmidanach », cet élu détenteur d'un pouvoir envié et redouté par tous.
Aidée d'un druide, d'un guerrier, puis bientôt d'un nain et d'une barde, elle va parcourir le pays en direction de la capitale, poursuivie par les Hérilims, ces guerriers du sinistre Maolmordha. Pendant ce temps, les habitants primitifs de l'île, les Tuathanns, reviennent prendre possession de leur terre ancestrale.
Le périple d'Aléa la mènera au cœur de la forêt de Borcelia, à la rencontre des lutins et des silves... et d'une louve.
Le style d'Henri Loevenbruck est simple et direct. Peut-être un peu trop, car sa grande lisibilité ne compense pas tout à fait le manque de caractère. On aimerait sentir davantage la présence de l'auteur dans ce récit qui a choisi de conserver des schémas assez classiques. L'équipage formé de cinq personnalités hétéroclites réunies pour sauver le monde est certes un motif efficace, mais il n'est pas particulièrement original, et il est toujours difficile d'y apporter l'élément supplémentaire qui créé la différence.
Cet élément, c'est en fin de compte un animal qui va le fournir. Plus intéressante qu'Aléa, la véritable héroïne de ce roman est la louve Imala, une solitaire qui apprend la cruauté des siens avant de découvrir celle de ces « verticaux » qu'elle va imprudemment approcher. Dans les scènes où elle apparaît, il semble que Loevenbruck se laisse aller à plus de sincérité, justement parce qu'il s'éloigne alors des péripéties obligées d'une quête assez conventionnelle. On regrette donc que la place accordée à cette louve ne soit pas plus grande et que Loevenbruck demeure un peu trop sage.
Il existe heureusement d'autres passages forts qui éveillent l'attention. Le monde qui bascule entre la magie et la chrétienté naissante est une situation de chaos toujours intéressante – on aimerait d'ailleurs mieux comprendre comment des hommes peuvent se tourner vers le christianisme quand le pouvoir des druides est aussi évident. Et l''un des personnages les plus intrigants est Samael, un ancien druide qui nie à la fois la réalité de la Moïra, l'essence même du druidisme, et l'existence du Dieu des chrétiens.
En parallèle, les Thuatanns, revenus du pays des morts pour essayer de reconquérir l'existence qu'on leur a volée, forment aussi une idée dont on devine la richesse à travers les interrogations d'un enfant de ce peuple, qui ne comprend pas l'intérêt d'abandonner un éternel repos au profit d'une vie tourmentée.
Si ce premier tome fait donc preuve d'indéniables qualités, il ne représente que la mise en place d'un univers qui n'a pas encore donné sa pleine mesure. Il est donc difficile de juger de l'intérêt global de cette série naissante, même si l'on peut déjà affirmer qu'elle est d'une lecture tout à fait plaisante.