NESTIVEQNEN
(Aix en Provence, France), coll. Fractales / Fantasy Dépôt légal : décembre 2000 Première édition Recueil de nouvelles, 224 pages, catégorie / prix : 13,57 € ISBN : 2-910899-26-8 Genre : Fantasy
Léa Silhol nous propose avec les Contes de la Tisseuse, seize nouvelles de fantasy qui nous donnent à partager des destins d'exception s'inscrivant dans la trame tissée par les Parques.
Revisitant les mythes traditionnels, elle nous fait découvrir, grâce à ses talents de conteuse, des histoires troublantes, dérangeantes ou émouvantes et n'hésite pas à mettre en scène, avec audace, des anges et des dieux évoluant dans l'univers des hommes.
Cinq saisons et un élément nous permettent de découvrir toutes les facettes d'une Léa Silhol qui nous fait plonger corps et âme dans le meilleur de la fantasy mythique.
Rédactrice en chef de Requiem, éditrice chez l'Oxymore, anthologiste et auteur, Léa Silhol inscrit dans le paysage de l'imaginaire français un style très personnel que certains s'accordent déjà à appeler de la « Hard Fantasy ». Conteuse plus qu'écrivain, elle aime à tisser des trames nouvelles sur les anciens canevas des mythes et légendes du monde entier.
Dérangeants, parfois tendres, toujours cruels, ces contes se déploient dans cette perspective, et nous montrent que l'humanité n'en a jamais fini avec ses propres fantômes.
1 - Quelque chose de fragile, pages 5 à 6, nouvelle 2 - La Gorgone enfant, pages 8 à 16, nouvelle 3 - Un miroir de galets, pages 17 à 23, nouvelle 4 - Les Promesses du fleuve, pages 24 à 44, nouvelle 5 - Couleurs d'automne, pages 47 à 52, nouvelle 6 - En tissant la trame, pages 53 à 73, nouvelle 7 - A l'ombre des ifs foudroyés, pages 74 à 82, nouvelle 8 - Le Cœur de l'Hiver, pages 85 à 90, nouvelle 9 - Frost, pages 91 à 103, nouvelle 10 - La Loi du flocon, pages 104 à 117, nouvelle 11 - Le Lys noir, pages 121 à 127, nouvelle 12 - Runaway train, pages 128 à 140, nouvelle 13 - A l'image de la nuit, pages 141 à 156, nouvelle 14 - Mille ans de servitude, pages 159 à 176, nouvelle 15 - Tous des anges, pages 177 à 189, nouvelle 16 - La Faille céleste, pages 190 à 205, nouvelle 17 - Natacha GIORDANO, Au fil de l'eau (2000), pages 209 à 223, postface
Critiques
Les recueils de nouvelles de fantasy sont assez rares, pour ne pas dire inexistants. Difficile, donc, pour l'amateur curieux, de passer à côté de celui-ci. Léa Silhol, sans doute plus connue comme rédactrice de Requiem et pour son travail d'éditrice chez l'Oxymore, livre ici un ensemble de textes marqués par un élément fort de toute une symbolique : l'eau. Voilà un recueil fier de sa sensibilité féminine, qui s'adresse à ceux que la prose, voire l'écriture ampoulée, ne rebute pas ; car Silhol écrit, surécrit, peaufine chacun de ses contes, les encadre avec des morceaux de chansons, de textes mis en exergues. Ce qui sera sans doute perçu comme un défaut — d'ailleurs, dans certains textes, on n'échappe pas à la mièvrerie, une mièvrerie qui confine parfois au grotesque consommé — s'impose aussi comme une marque de fabrique. C'est dans le creuset des adjectifs et des tournures de phrases obsolètes que ces quinze histoires et un poème en prose semblent naître. Au final, de bons textes, d'autres moins bons avec, surtout, « La Gorgone enfant » et « La Loi du flocon », qui sortent du lot comme des fleurs de la neige. Malgré ses défauts, ce livre est sans aucun doute le meilleur ouvrage de fantasy jamais publié par les éditions Nestiveqnen. Si vous aimez l'écriture poétique et les figures féminines dominant les eaux du monde, ne passez pas à côté. Léa Silhol est une autrice à suivre qui, dans la simplification d'une écriture qui frôle encore trop souvent l'overdose, trouvera une voie royale. On attend maintenant un roman.
Léa Silhol fait partie de ces auteurs dont on peut d'emblée dire qu'ils ont « un style ». Dès les premières phrases, il est évident qu'elle aime travailler les mots et – comme l'annonce le titre de l'ouvrage – les tisser pour en faire un tissu poétique et sensuel, délicat et chamarré. « Une écriture où rien, jamais, n'est laissé au hasard. Où le symbole se mêle étroitement à l'image, le mythe à la réalité psychologique, le folklore à l'imagination. » écrit Natacha Giordano dans une intéressante postface qui réévalue chacun des contes du recueil.
On pourra probablement ne pas être sensible à sa manière de faire chanter les phrases, et dans ce cas, il sera difficile d'entrer dans ses histoires. Mais pour ceux qui se laisseront envoûter, Les contes de la tisseuse ressembleront aux chants des sirènes, d'une beauté irrésistible mais loin d'être innocente. Est-il utile de préciser que je fais partie des victimes, entièrement sous le charme ?
Chaque lecteur trouvera sans doute son propre intérêt dans ces nouvelles. Pour moi, leur attrait principal, outre l'écriture, réside dans la qualité de l'analyse psychologique. Qu'il s'agisse d'un monstre – une Gorgone... –, de Thanatos – la Mort elle-même – ou encore de Judas, Léa Silhol fait de ses personnages des êtres pensants et souffrants, capables de compassion et d'amour, des individus qui, bien qu'hors du commun, sont tout simplement bouleversants.
Le sous-titre, Cinq saisons et un élément, fait allusion à la façon particulière dont Léa Silhol a disposé ses nouvelles, par triptyques dédiés à chaque saison – y compris à une cinquième, le Temps –, tous traversés par l'eau, l'élément symbole de vie, de fluidité, peut-être l'élément féminin par excellence. Cette disposition pourrait paraître artificielle, mais elle s'impose sans peine, témoignant de l'unité du recueil. Pourtant, presque paradoxalement, chaque conte est riche d'une atmosphère si particulière qu'il est difficile d'en lire plusieurs à la suite : on préférera les déguster un par un, afin de s'en pénétrer et de profiter pleinement de leurs saveurs subtiles.
Bref, un magnifique recueil qui ne donne qu'une envie... celle de voir maintenant ce que le talent de Léa Silhol pourrait nous offrir à l'échelle d'un roman.