« Dans ce pays, les gens disent 'la Terre' pour désigner la terre. Ils disent 'la Mer' pour désigner la mer. Et ils parlent des Limbes pour désigner les limbes. »
Les limbes : un paysage de dunes grises sans cesse remodelé par les mouvements du limon ; un monde fait de boue, dure ici sous les pas du voyageur, mais presque liquide là où elle forme des vasières traîtresses. Les limbes engloutissent l'imprudent qui ne les connaît pas.
Bzjeurd rentre au pays. Il trouve son village détruit, les habitants assassinés. Cavalier du deuil en quête de vengeance, il se rend à Kazerm, forteresse ténébreuse au cœur des limbes dont nul ne sait la raison d'être. C'est là que son errance prend une direction qu'il n'avait pas soupçonnée...
Né à Lausanne en 1951, Olivier Sillig, peintre et scénariste par ailleurs, apporte avec ce premier roman une contribution tout à fait originale à la science-fiction. De ce monde obsédant, de ce parcours étrange et comme halluciné, on ne sort pas indemne.
Critiques
Né à Lausanne en 1951, Olivier Sillig est sans conteste un personnage fort éclectique. Étudiant aux Beaux-Arts de Paris, puis en psychologie, et enfin en informatique, c'est avant tout un réalisateur et un scénariste, dont Bzjeurd constitue le premier roman. Et cela se voit. Car Bzjeurd constitue une oeuvre totalement originale, qui cède fort peu aux canons ordinaires de la littérature de science-fiction. Le décor y est planté par petites touches successives, à charge du lecteur de compléter les blancs, de donner consistance aux allusions. La narration y est faite au présent, dans un style aride, minimaliste, presque impersonnel, malgré la force des images et la violence des mots. L'émotion semble toujours contenue, toujours à la lisière de la conscience, intériorisée à la limite de la folie. Un univers schizoïde, où tout, même le plus aberrant, prend un caractère de normalité.
Le résultat s'avère étrangement convaincant. On se laisse malgré soi prendre au piège de cet univers lancinant, torturé. Un univers où les criminels forment eux-mêmes leurs propres meurtriers, où le deuil implique la vengeance, où la Nature hostile et inhospitalière rend les hommes soumis ou sanguinaires et où un simple jardinier doit parfois enterrer ses morts, laisser là ses palisses et ses drains pour se lancer dans une quête de vengeance, rituelle et dérisoire. Tout, dans ce roman, est fait pour perturber, depuis les objets insolites qui jalonnent le monde des Limbes jusqu'au caractère volontairement lacunaire des descriptions et des explications.
En un mot, Bzjeurd est un roman dont on ne ressort pas indemne. Parce qu'il ne se contente pas de raconter une histoire, ou de décrire un univers, mais qu'il nous fait partager, pour un temps, le destin tourmenté d 'un cavalier du deuil, dont le regard sur le Réel est radicalement autre. A conseiller vivement, donc, mais uniquement à des lecteurs avertis.
C'est alléchant. On vous annonce un premier roman, on vous dit qu'on l'a aimé, et que l'écrivain, de plus a illustré la couverture. Le titre est un peu difficile à prononcer, mais on se lance quand même. Et le début, qui installe un univers de sables mouvants et de techniques de survie est attrayant. Ensuite tout se gâte.
Non que l'écriture soit relâchée (au contraire, c'est standard) mais l'histoire est une simple réplique du western. Un héros retourne dans son village et voit sa famille et tout le village massacré, il suit des traces et rencontre une vieille dame qui lui donne un signalement des méchants. Il les suit. Se retrouve dans une ville où il s'engage comme mineur, se bat et se retrouve soldat, devient un des membres du cercle des « phalangistes » ( ils sont reconnaissables au fait qu'on leur coupe un bout de doigt remplacé par un dé d'argent). Il finit par tuer les membres de l'expédition et rentre chez lui. Mais il est devenu à ses yeux un « phalangiste » et repart comme un « lonesome cowboy lucky lukien » trouver la mort dans un affrontement sans intérêt avec un autre de son espèce.
Le décor, posé au début, ne joue qu'un rôle très annexe. La ville n'a aucune réalité, les personnages sont sans épaisseur. C'est une sorte de « Signe de piste » dans un décor travesti. Pourquoi est-ce publié comme de la SF ? Ah oui, cela se passe dans un futur par rapport à notre époque : à preuve, dans les mines, on trouve des boulons antédiluviens, comme aujourd'hui des fossiles. Mais comme dit le proverbe, quand on n'a rien à dire, pourquoi le taire ?