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Le Dragon ne dort jamais

Glen COOK

Titre original : The Dragon Never Sleeps, 1988
Première parution : Questar, 1988   ISFDB
Traduction de Frank REICHERT
Illustration de MANCHU

L'ATALANTE (Nantes, France), coll. La Dentelle du Cygne précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : septembre 2000, Achevé d'imprimer : septembre 2000
Première édition
Roman, 496 pages, catégorie / prix : 21,19 €
ISBN : 2-84172-144-2
Format : 14,5 x 20,0 cm
Genre : Science-Fiction

Couverture à rabats.


Quatrième de couverture
La voix du dragon retentit à travers tout l'espace Canon.
   Quatre mille ans durant, les Vaisseaux-Gardiens ont clamé leurs oukases. Armés par les grandes maisons marchandes, leur cœur cybernétique grouillant des engrammes de leurs anciens dirigeants, ils sèment la terreur d'un bout à l'autre du Réseau, cette toile arachnéenne qui relie les mondes les plus lointains de l'espace Canon. Invulnérables, omniprésents, les puissants vaisseaux de guerre ont maintenu la paix d'une poigne de fer.
   Aujourd'hui, une ténébreuse Présence croit pouvoir arracher le Réseau à leur invincible puissance. L'immortel guerrier kieu Kez Mafaele sait que les Vaisseaux peuvent être vaincus, mais il est seul. Et, tandis que le VII Gemina fonce dans les Confins affronter cette Présence, il lui faut pour survivre entamer sa propre guerre.
   Le Dragon ne dort jamais : un grand roman de science-fiction, étrange et envoûtant, par l'auteur de La Compagnie noire.
Critiques
     Très, très loin dans le futur, l'Humanité règne en maître incontesté sur un immense empire, l'espace Canon, que se partagent une poignée de Maisons nobles. Depuis quatre millénaires, Canon connaît une paix quasiment ininterrompue, car les Vaisseaux-Gardiens, ces invincibles béhémoths armés pour la guerre répriment la moindre révolte sans pitié, et sans aucune subtilité.
     Mais le système s'érode, les cœurs cybernétiques des Vaisseaux perdent peu à peu le sens des réalités et leurs équipages immortels, sans cesse clonés, sont fatigués. Sur fond d'intrigues politiques au sein des Maisons, l'immortel guerrier Kez Maefele va reprendre les armes et tenter l'impossible : vaincre les Vaisseaux.
     Arriverons-nous jamais à cohabiter avec d'autres espèces intelligentes que la nôtre ? A-t-on encore une identité lorsqu'on a été cloné une bonne demi-douzaine de fois ? Tous les systèmes politiques que pourra un jour inventer l'Homme n'avantageront-ils toujours qu'un tout petit nombre ? Ce sont là quelques-unes des questions qu'abordé Le dragon ne dort jamais. Ce livre regorge littéralement de sujets de réflexion, d'interrogations sur la nature humaine et de questions sur son évolution, notamment par la mise en scène de la lutte d'une société en déclin et marquée par son immobilisme, contre de jeunes forces destructrices, mais génératrices d'évolution.
     Toutes ces questions sont posées avec une grande originalité, mais malheureusement, la forme du livre est extrêmement aride. Le discours, souvent très sibyllin, n'apporte quasiment aucune clé au lecteur pour décoder un Univers d'une grande complexité ; l'effort de conceptualisation et de compréhension demandé par l'auteur est alors bien peu raisonnable. On regrettera également un criant manque de sense of wonder ; les scènes spectaculaires, les innombrables paysages traversés, l'effrayante splendeur des Vaisseaux sont à peine décrits, tout juste relatés. À cela s'ajoutent de nombreuses tournures de phrase peu claires, certaines étant probablement dues à des insuffisances de traduction.
     S'installe alors une frustration progressive ; le lecteur s'épuise à vouloir entrer dans l'histoire, à vouloir en comprendre l'Univers, et n'y parvient que partiellement, car on ne l'y aide absolument pas. Et c'est vraiment dommage, car de nombreuses subtilités de l'intrigue, par ailleurs très bien conçue, passent alors inaperçues.
     Le dragon ne dort jamais est donc un livre difficile, à ne réserver qu'aux inconditionnels de space opera de SF dure, qui seront comblés. Mais tous les autres risquent fort de tomber d'épuisement en cours de route.

Lionel DAVOUST (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/12/2000 dans Galaxies 19
Mise en ligne le : 1/3/2002


     On se souvient encore avoir découvert Glen Cook avec l'extraordinaire trilogie La Compagnie Noire, une fantasy déclinée selon les modèles du roman noir. Notre auteur récidive ici en s'attaquant cette fois au space opera. Le ton hardboiled se res­sent moins ; l'effet s'en trouve amoindri. De fait, ce roman est beaucoup plus classique que l'était La Compagnie Noire. Ça n'en reste pas moins du space opera pur jus, du beau, du gros qui sort du tonneau...
     L'Espace Canon est une énième mouture du l'empire galactique sur laquelle est superposé un réseau de communication que parcourt sans fin une invincible arma­da de vaisseaux assurant une paix conser­vatrice sur des mondes qui sont autant de fiefs féodaux — les ravageant au besoin. A l'extérieur, d'autres puissances aimeraient faire main basse sur l'Espace Canon, perçu comme sclérosé, ne serait-ce l'insurmon­table obstacle de la flotte. A l'intérieur, la noble maison Tregesser aimerait secouer le joug des vaisseaux et devenir calife à la place d'un calife éternellement absent de cet empire automatique. Mais qui ? Le père, la fille ou le petit fils ? Ou bien Lupo Provik, leur machiavélique éminence grise ? Encore leur faut-il jouer double jeu afin de ne point se faire doubler par leurs puissants alliés respirant du méthane. L'immortel guerrier kieu Kez Mafaele, dernier des Mohicans d'une race jadis vaincue par Canon, qui sait que les vaisseaux peuvent être défaits, est un atout maître qu'il se­rait bon pour tous d'avoir dans leur manche. Mais lui aussi joue sa propre partie contre les Belligérants du Ge­mma VII acharné à sa neutralisation. Ça complote et ça trahit à qui mieux mieux. Ça progresse de violentes escar­mouches en grandes batailles cosmiques...
     Bien qu'il s'agisse là de space opera, on peut s'essayer à y traquer quelques traces spéculatives dans la structure sociale de Canon. Alors que l'immortalité est classifiée (réservée aux militaires), des nobles comme Tregesser s'en sont emparés à leurs propres fins. A côté de ça, on verra que la fracture sociale est telle que Jo Klass et AnyKaat, deux militaires armées, se trou­vant sur une planète Canon, sont dans l'in­capacité de rejoindre leur unité. Bien sûr, Canon et sa flotte sont une métaphore évi­dente des Etats-Unis, de l'Air Force et de l'U.S. Navy — du nouvel ordre mondial. De même, on pourra voir dans les alliés des Tregesser, les Hérault de Dieu, une méta­phore de l'Islam Wahabbite. Oui dit roman noir, dit amoral — quant aux personnages s'entend. Et donc politiquement incorrect. Tous des salauds, mais seulement des salauds ambigus, relatifs. Les rôles sont donnés et chacun est face à la fatalité de celui qui lui est échu.
     Livre touffu et un peu confus par moment, notamment au début, Le Dragon ne dort jamais est une incontestable réussite dans le genre, celui du space opera sans réelles prétentions. Il ne sera bien sûr indispen­sable qu'aux seuls inconditionnels du domaine, mais les autres y trouveront un agréable divertissement et seraient bien bête de bouder leur plaisir. Voilà qui vaut bien Rupture dans le réel de Peter E Hamilton ou la Trilogie des Conquérants de Timothy Zahn. Une occasion de lire un bon space op'.

Jean-Pierre LION
Première parution : 1/12/2000 dans Bifrost 21
Mise en ligne le : 12/10/2002

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