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Parabellum Tango

Pierre PELOT


Illustration de Philippe CAZA

DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur précédent dans la collection n° 626 suivant dans la collection
Dépôt légal : février 2000
Roman, 224 pages, catégorie / prix : 4
ISBN : 2-207-24978-6
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     Pierre Pelot est un des géants de la science-fiction française. Ses romans Transit, Mais si les papillons trichent et Délirium Circus sont considérés comme d'authentiques chefs-d'œuvre du genre. Son cycle préhistorique Sous le vent du monde l'a fait connaître auprès d'un très large public.

     Certains vivent à Hors-vue, pays qui n'est que misère et désordre, d'autres vivent dans le domaine de l'Œil, le paradis des citoyens, où ils sont en sécurité, assistés, gouvernés et bien entendu surveillés. Pour Noman, le pays de l'Œil est un paradis qu'il a conquis, une terre promise où il vivra le bonheur. Pour Girek le chanteur contestataire du célèbre Parabellum Tango, c'est tout autre chose : l'interdiction de passer à la télévision et le devoir de continuer le combat... Et quand la Voix se tait, quand les chansons telles Parabellum Tango meurent dans le silence de l'Œil, il est temps pour les armes de se faire entendre. Hasta siempre !
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition J'AI LU, Science-Fiction (1970 - 1984, 1ère série) (1980)

 
     En ces jours où une nouvelle génération d'écrivains américains franchit nos frontières (Butler, Varley, Cherryh, Vinge, Scott Card, Bishop, Gotschalk, Robinson, et les autres, tous renouant avec une certaine tradition classique mais possédant un souffle bien personnel), la jeune SF française va avoir fort à faire. N'oublions pas qu'une partie de sa gloire lui est venue du fait de la politique de certains éditeurs, consistant à piller sans vergogne les fonds de tiroir les plus, lamentables de quelques « noms », comme Van Vogt ou Dick, pour n'en citer que deux.
     Mais Pierre Pelot n'appartient pas au peloton des suiveurs de mode, il serait plutôt de ceux qui drainent les imitateurs. Curieusement, et c'est regrettable, il reste aux yeux du public moyen un bon auteur, alors qu'il en est un très grand, un des plus puissants de sa génération. Le noyau dur des fans de SF, et j'en suis, criera encore au génie avec ce Parabellum tango, que l'on aurait bigrement aimé voir allongé et publié en « Ailleurs et Demain » par exemple. Pelot n'aime pas trop les courses de vitesse, leur préférant le demi-fond dans lequel il donne le meilleur de lui-même.
     Pelot le sait mais n'aime guère que l'on le lui répète, pourtant c'est évident : il produit trop. Ainsi, pratiquement chacun de ses romans laisse le lecteur avec un petit creux à l'estomac. Les limitations de longueur font une fois de plus que Parabellum tango n'est toujours pas la grande œuvre de Pelot, que l'on attend depuis quelques siècles. Donnez-lui 600 pages, nom de nom, et l'on verra ! Il n'en reste pas moins que ce roman donne la plus juste mesure de l'immense talent de Pelot-Suragne, monstrueux, protéiforme, diabolique...
     En ce temps-là, le monde était divisé en deux zones : le Domaine de Hors-Vue, terrifiant, grouillant de misère et d'anarchie, et celui de l'Œil, non moins terrifiant dans son asepsie totale et immuable. Woodyn Noman, natif de Hors-Vue, est enfin admis comme citoyen de l'Œil, un bon citoyen même, promis à une vie parfaite, à une carrière exemplaire, pour autant qu'il obéisse à la Loi de l'Œil, et à son code de Loi personnalisé... Anton Girek, lui, est une star sur le déclin, un de ces petits Dylan de banlieue comme tout système un rien répressif (lequel ne l'est pas ?) sait en sécréter, un Le Forestier gaucho bon ton en quelque sorte, chantant l'amûûr (toujûûr...), la misère, la révolte... tâcheron qu'une société libérale avancée propulse parfois dans les charts, pour légitimer quelque peu l'opposition pseudo-révolutionnaire et se dédouaner un rien.
     Noman/Girek, deux mondes qui, bien que ne se rencontrant jamais, n'en restent pas moins intimement liés l'un à l'autre, comme l'Œil l'est avec la Hors-Vue.
     Le roman me semble un rien inachevé, le travail fantastique auquel s'est livré Pelot pour donner une cohérence à cet univers n'est qu'à peine exploité, tout comme*cette idée extraordinaire des animaux de compagnie, consciences-mouchards, qui ne sert en définitive qu'à introduire un élément « énigmatique » dans ce qui devient, sur la fin, une enquête policière débrouillée par un Hercule Poirot en jupons. Mais que de sous-entendus qu'un écrivain peut-être moins pressé aurait utilisés pour construire une fresque à la dimension des Yeux géants (pour lequel j'avais toutefois fait la même remarque), Dune ou Tous A Zanzibar.
     Malgré ces petits défauts, dus uniquement, je le répète, aux longueurs réduites imposées par la collection, tout au moins pour les auteurs français, Parabellum tango est indiscutablement le livre du mois. De toute façon, un livre portant sur sa couverture un chat en premier plan, et se terminant par cette phrase : « Woodyn Noman a toujours aimé les chats », ne pouvait qu'être le livre du mois. Aussi vrai qu'il n'y a rien de bon à attendre de quelqu'un qui n'est pas au service d'une tribu de chats, celui qui les aime ne peut être tout à fait mauvais. Bien que Pierre Pelot, m'a-t-on dit, préfère les chiens...

Francis VALÉRY
Première parution : 1/7/1980
dans Fiction 310
Mise en ligne le : 29/3/2009

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