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Le Principe du loup-garou

Clifford Donald SIMAK

Titre original : The Werewolf Principle, 1967
Première parution : New York, USA : G. P. Putnam's Sons, 1967   ISFDB
Traduction de Simone HILLING
Illustration de Hubert de LARTIGUE

DENOËL (Paris, France), coll. Présence du futur précédent dans la collection n° 111 suivant dans la collection
Dépôt légal : février 1993
Roman, 240 pages, catégorie / prix : 2
ISBN : 2-207-50111-6
Format : 11,0 x 18,0 cm
Genre : Fantastique


Quatrième de couverture
     Il a environ trente ans, un beau visage, un corps très jeune. C'est là tout ce qu'on peut dire de lui. On l'a trouvé en état d'hibernation dans un capsule abandonnée dans l'espace. On l'a ramené sur Terre, ranimé, soumis à tous les tests, mais Blake — ainsi l'a-t-on baptise — demeure un mystère pour les savants qui l'observent. Son électroencéphalogramme montre des tracés insolites et il est de plus harcelé par des hallucinations qui le perturbent. Tout s'éclairera pourtant un jour lorsqu'un étrange petit bonhomme s'écriera en l'apercevant : « Combien êtes-vous ? »
     Se pourrait-il que Blake soit « légion » ?

L'auteur :
Clifford D. Simak (1904-1988) fait partie des grands classiques de la science-fiction américaine au même titre qu'un Asimov, un Bradbury ou un Van Vogt.
Son abondante production, marquée par une sensibilité généreuse et lucide, résolument optimiste, est jalonnée de chefs-d'oeuvres dont plusieurs ont été publiés dans Présence du Futur.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Présence du futur (1969)

                Quel est le critère guidant le choix des titres, dans la collection Présence du Futur ? Ce n’est manifestement pas la célébrité des auteurs, puisque Brian Aldiss y est représenté cinq fois, et Robert Heinlein pas du tout. De toute évidence, ce n’est pas non plus la qualité des livres qui est déterminante : la présence de navets tels que La république lunatique, Le chemin de la Lune, La voix des dauphins et Le règne du bonheur le prouve clairement. Il serait tout aussi injuste, d’ailleurs, de prétendre que Présence du Futur publie principalement de mauvais ouvrages : ce serait oublier Un cantique pour Leibowitz, Pèlerinage à la Terre, Les croisés du cosmos, Fantômes et farfafouilles et de nombreux autres livres bons, excellents ou admirables. Les titres à publier sont-ils choisis par tirage au sort ? Est-ce l’insistance des agents littéraires qui est déterminante ? Ou bien la prétention littéraire (justifiée ou non) des textes ? L’énigme reste aussi obscure, après le cent onzième titre, qu’elle l’était après le cinquantième (Terre, il faut mourir)…

                Le lecteur qui referme ce cent onzième livre de la collection, et qui a auparavant parcouru une certaine proportion des cent dix précédents, est assurément en droit de se faire des réflexions de ce genre. Voilà en effet, portant ce numéro 111, un roman qui porte la signature d’un auteur réputé – lequel ne compte toutefois pas au nombre des maîtres véritablement illustres de ce domaine. Un roman qui n’est pas mémorable, sans être le moins du monde mauvais, même si on cherche à le classer dans la seule production de Simak. Un roman dont le thème est révélé par le titre, et qui n’ouvre donc pas de vastes horizons nouveaux devant le lecteur. Un roman bien écrit (et bien traduit, par S. Hilling), mais qu’on voit mal inspirant une admiration enthousiaste – ou, au contraire, un mépris profond. Un roman, tout compte fait, donc la publication en traduction française ne s’imposait pas avec une urgence, alors que de nombreux ouvrages excellents restent encore inaccessibles au lecteur français.

                Simak a placé son action au XXVe siècle. Son décor n’est ni une utopie, ni une anti-utopie, mais une Terre dans laquelle la mécanisation contrôlée et l’exploration spatiale ont eu des conséquences aussi diverses que l’apparition occasionnelle de petits humanoïdes désinvoltes mais amicaux, les Brownies, le spectacle d’un navire traversant le sol des États-Unis, et les soins attentifs, parfois tyranniques, que prodiguent à leurs occupants des maisons « pensantes » et mobiles. Ce dernier trait – c’est-à-dire la possibilité qu’ont les habitations de quitter les villes pour aller s’établir temporairement en pleine campagne, loin les unes des autres – ce dernier trait donc, constitue évidemment une manifestation de l’affection que l’auteur porte à tout ce qui est vie rurale, contact avec une nature sur laquelle les machines ne pourront rien de définitif. Mais il s’intègre bien à un décor à la fois cohérent et farfelu, que Simak fait découvrir en même temps par son protagoniste et par son lecteur.

                Le personnage central du roman, Andrew Blake, souffre en effet d’absences de mémoire, et il ne sait rien de son passé. Il a été trouvé dans une capsule spatiale, en état d’animation suspendue, très loin de la Terre, et il ne peut expliquer comment il est arrivé là.

                Le mot de l’énigme, que l’auteur révèle d’ailleurs bien avant le milieu du roman, est qu’Andrew Blake n’est humain qu’en apparence. Il s’agit en réalité d’une sorte d’androïde destiné à faciliter le contact avec les races extra-terrestres. Il est animé selon le « principe du loup-garou » qui, comme son nom l’indique, lui permet de prendre la forme des extra-terrestres rencontrés et d’adopter leur mentalité. Mais son fonctionnement est désordonné, et il est guidé par les intelligences de trois êtres différents : un homme, une sorte de loup, originaire d’un monde lointain, et une entité dont la capacité de raisonner est le trait dominant. Selon les influences extérieures, c’est la forme de l’un ou de l’autre de ces trois êtres que prend Blake, et c’est l’une ou l’autre des trois intelligences qui domine. L’instabilité et les risques de la situation de Blake fournissent le prétexte d’une poursuite assez conventionnelle, tandis que Simak a su dépeindre avec vraisemblance – mais, à son habitude, sans la moindre trace d’hostilité ou de supériorité méprisante – les réactions des deux « contrôleurs » extra-terrestres de l’androïde.

                L’explication du contrôleur humain fait intervenir une notion intéressante, celle des Banques de l’Intelligence : celles-ci permettent la survie de l’homme en tant que somme des connaissances acquises. Mais l’auteur n’utilise cette idée que passagèrement, préoccupé qu’il semble surtout de conduire son héros vers un dénouement heureux.

                Il n’est pas impossible que Clifford Simak revienne un jour à Andrew Blake, ou tout au moins à cette Terre du vingt-cinquième siècle dans laquelle son héros retrouve le fil de son passé. On a en effet l’impression que d’excellentes idées ont été traitées de façon assez superficielle, ce qui n’est pas dans les habitudes de l’auteur. Il reste à voir si ce Principe du loup-garou est l’ébauche d’un ouvrage plus substantiel, ou si cela restera au contraire, dans la production de Simak, un acceptable récit d’aventures se développant sur un fond tracé minutieusement. Il faut pour cela attendre les œuvres prochaines de l’écrivain.

Demètre IOAKIMIDIS
Première parution : 1/3/1969
Fiction 183
Mise en ligne le : 10/5/2020

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