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Génération Clash

G. MORRIS

Cycle : Chris-le-Prez (omnibus)


Illustration de SEVAN

NESTIVEQNEN , coll. Horizons Futurs précédent dans la collection n° (4)
Dépôt légal : octobre 1999
Réédition
Recueil de romans, 448 pages, catégorie / prix : 59 FF
ISBN : 2-910899-13-6
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
     Le choc des générations.
     Au sein des mégalopoles du XXIème siècle, cette expression a pris une signification tragique. Grâce à la scolarisation par le réseau informatique mondial, les enfants développent un sens critique précoce et refusent les injustices de l'autorité parentale. Ils se réunissent en tribunaux condamnant à mort les ainés qu'ils jugent trop réactionnaires et cruels.
     Après une correction infligée par son père, Chris, enfant surdoué, se présente devant un de ces tribunaux. Il y rencontre Maud, et leurs témoignages à tous deux déclencheront une série de répressions sanglantes. Malgré les manipulations politiques et médiatiques des adultes, Chris deviendra, par son charisme et sa lucidité, le chef d'une nouvelle révolution. Celle des enfants…

     G. Morris chemine dans le milieu littéraire depuis quarante ans. Traducteur des grands auteurs de polars américains, il a écrit plus de deux cents livres, dont les soixante tomes de Vic St Val. Grâce à son style vivant, incisif, qui sert autant l'action que l'aspect social de son œuvre, il aborde avec une lucidité prémonitoire des sujets que seront peut-être l'actualité de demain.
     Une première version de ce roman est parue sous la forme de trois volumes intitulés
Génération Clash, Intervention Flash et Evolution Crash.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Roland C. WAGNER, Préface, pages 5 à 7, préface
2 - Génération Clash, pages 11 à 149, roman
3 - Intervention Flash, pages 153 à 299, roman
4 - Evolution Crash, pages 303 à 440, roman
5 - (non mentionné), Bibliographie de G. Morris, pages 442 à 446, bibliographie
Critiques
     Difficile, quand on regarde la bibliographie de G. Morris, de ne pas être impressionné. Plus de cent dix romans noirs ou romans d'espionnage, dix-sept ou dix-huit trilogies de science-fiction, quelques séries par-ci par-là, de nombreuses traductions de polars américains... le moins que l'on puisse dire est que Morris est un auteur prolifique. Mais ce que cette bibliographie nous apprend surtout, c'est que son monde d'origine est le roman noir, et plus précisément le hard-boiled mystery qui s'est imposé aux Etats-Unis dans les années 40. La préface de Roland C. Wagner rappelle d'ailleurs que G. Morris a été le premier traducteur, en France, de Mickey Spillane, bien connu pour son héros Mike Hammer et maître incontestable du style hard-boiled. Comme nous allons le voir, cette filiation a son importance pour comprendre pleinement l'univers de Génération Clash.

     Le style, tout d'abord, fait davantage penser à un roman noir qu'à un livre de SF classique, même si son thème (la lutte des générations, et son utilisation par le pouvoir en place, dans un futur proche dystopique) le rapproche de l'anticipation à tendance « politique ». Le ton est vif, incisif, d'un réalisme typiquement hard-boiled. L'argot et les interjections en tout genre y jouent un rôle considérable. Les phrases sont courtes, parfois déstructurées, comme si l'auteur cherchait à traduire dans le langage même la déliquescence de la société, à ancrer dans le récit la violence omniprésente de ce monde agressif et brutal. Le roman impose son rythme effréné, où l'action succède à l'action sans possibilité de pause. Et même si G. Morris en profite souvent pour développer sa conception de la nature humaine, c'est toujours par petites touches, insidieusement, lorsque le héros se réapproprie le sens de ce qui vient de se passer.

     Le héros ? Encore faut-il rappeler ce qu'est le héros de roman noir. Fini le duo sympathique de Holmes et Watson, exit la moustache débonnaire de Hercule Poirot : le hard-boiled dick est, comme son nom l'indique, un « dur à cuire », un individualiste forcené, dont l'âme a été trempée aux épreuves de l'existence et dont le seul atout est généralement un code d'honneur rigide, qu'il s'impose par devoir et non par inclination naturelle au Bien. Voilà un premier élément que l'on retrouve trait pour trait dans le personnage de Chris Boyd. On est loin ici du traditionnel héros de la SF américaine, prédestiné par sa naissance ou son éducation à devenir le sauveur de l'humanité. Il n'a pas voulu ce qui lui arrive, et il le dit à longueur de pages. La seule chose qui fasse de lui un héros, c'est son intelligence, son pragmatisme et les règles qu'il s'impose par pur opportunisme : « ne pas reculer devant la fermeté, la ruse, les coups en vache... tenir sa parole, une fois qu'elle a été donnée » (p.133), « s'abstenir de piétiner les plates-bandes d 'autrui... mais ne jamais laisser une occasion d'agrandir sa zone d'influence » (p. 134), etc. Jusqu'à la fin, Chris ne contrôle rien. Il se contente de surfer sur la vague des événements et d'en retirer tout le profit possible — la vie sauve, pour commencer.

     Autre élément essentiel du style hard-boiled, et de ce roman, le monde environnant est hostile et agressif, en proie à de multiples conflits d'intérêts et à des luttes sanglantes pour la suprématie (cité propre/QB, maquis/hachis, jeunes/vieux, etc.). Un monde presque totalement urbanisé, où les campagnes ne sont plus qu'un immense camp retranché et où règnent en maître le crime, la violence, la corruption, l'abus d'autorité et les tromperies en tout genre. Les choix politiques passés ont eu des conséquences dramatiques, que le présent doit assumer. Cet aspect de critique sociale, déjà présent dans les premiers romans noirs de G. Morris est encore accentué par le caractère dystopique du roman. Faire œuvre d'anticipation permet à l'auteur d'extrapoler à partir des problèmes réels de la société moderne (fossé des générations, violence urbaine, gangs de jeunes, etc.) et de nous dépeindre un monde où le generation gap est devenu un generation clash, sous le regard avide et goguenard de politiciens véreux. Dans de telles circonstances, chercher à reconstruire les valeurs sociales semble une lutte perdue d'avance. Et pourtant il le faut... Le combat constant, indécis, entre le pessimisme de l'intelligence et l'optimisme de la volonté n'est pas le moindre des intérêts du roman.

     Pour résumer, Génération Clash manifeste de toute évidence le talent d'écrivain de G. Morris. Même si le sujet traité n'est pas follement original et si les personnages restent somme toute relativement prévisibles, la vigueur de son écriture, la cohérence entre le fond et la forme en font un roman intéressant. L'intégration du style hard-boiled et de la thématique SF est tout à fait réussie et plaira sans aucun doute aux amateurs de romans noirs comme aux partisans d'une science-fiction réaliste et subversive, n'hésitant pas à s'engager sur le terrain glissant de la critique sociale.

Nathalie LABROUSSE (lui écrire)
Première parution : 25/6/2000 nooSFere

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