Thomas HARLAN Titre original : The Shadow of Ararat, 1999 Première parution : Tor, 1999 (roman coupé en deux pour l'édition française)ISFDB Cycle : Le Serment de l'empire vol. 1
Des allées sombres de Subure aux remparts assiégés de Constantinople, des déserts de Palestine aux pentes du mont Ararat, les armées des deux Empires Romains, celui de l'Ouest et celui de l'Est, combattent celles de la Grande Perse. Les mages jettent leurs sorts, les généraux tirent leurs plans, les morts sortent de leur tombe.
Maxian Atreus, frère de l'Empereur d'Occident et guérisseur, découvre qu'un sort monstrueux a été jeté sur l'Empire. Mais pourra-t-il à temps en trouver les racines ?
La belle Thyatis, entraînée depuis l'enfance pour devenir une arme invincible, est chargée d'une mission impossible par delà les mers et les continents, face à des puissances maléfiques.
Tous deux devront aller jusqu'au bout d'eux-mêmes pour l'Empire, pour les Dieux, et pour sauver leur propre vie.
L'Antiquité réinventée dans une extraordinaire saga.
« Ce premier roman sonne le début d'une longue et magnifique carrière... » Orson Scott Card
« Un véritable spectacle sur grand écran ! Une Histoire parallèle avec de magnifiques jeunes femmes, des scènes de bataille épiques, un univers magique quasi scientifique et tout à fait crédible. Quand Spartacus et Merlin rencontrent Frankenstein... » Amazon.com
Critiques
On est dans la fantasy. Entre sorciers, guérisseurs et morts-vivants obéissant à qui les ressuscite. Avec une mercenaire de choc, un apprenti magicien et un frère cadet d'empereur ayant certains dons : leurs histoires alternent pour converger dans un prochain tome. L'auteur recycle un wargame où Rome attaque la Perse, et l'adapte au genre : les armées de l'Empire sont affaiblies par une malédiction ou par le saturnisme, mais sont aussi imperméables aux enchantements, et pour la même raison. Cela dit, on est aussi en pleine uchronie. Si les « Daciens », les « Sarmatiens », les feus empereurs « Valérian » et « Septimus Sévère » relèvent d'une traduction (en correctionnelle ?) oubliant aussi le sens de to alter ou de physician, on a, en sus de l'invention tôt avortée des caractères mobiles d'imprimerie, des empires d'Orient et d'Occident toujours debout au VIe siècle, et le christianisme semble absent quoiqu'une secte refusant de vénérer l'empereur soit massacrée (à Montségur !). De plus, un personnage cherche quel événement, sous Auguste, précipita une crise, donc probablement fit diverger l'Histoire. Ajoutons que César ressuscite, en attendant Alexandre, et que parmi les enjeux des intrigues croisées, il y a l'accès des « barbares » à la citoyenneté... Bref, cela intéressera qui aime mêler Histoire et SF, s'il n'est pas allergique au fantastique — on en pardonnerait presque les bâclages d'écriture et de traduction (mais peut-être pas des coupures à la hache dans le texte originel).
L'Empire Romain d'Occident ne s'est pas effondré et la Pax Romana règne donc encore sur bien des pays en plein Moyen-âge... Seuls les Perses constituent une menace sérieuse, mais dans cet univers où la magie est utilisée au même titre que d'autres technologies les légions romaines triomphent toujours : elles demeurent en effet insensibles aux attaques magiques, pour une raison tout à fait rationnelle qui nous sera dévoilée au cours du récit.
Pourtant, cette fois, une malédiction semble s'abattre sur Rome, tandis que l'on ramène le grand Jules César d'entre les morts...
Conflits et complots, sorcellerie et nécromancie, uchronie et aventures, cette nouvelle série ne manque pas d'atouts pour séduire. Pourtant, malgré le dynamisme sympathique de l'ensemble, le style amène quelques réserves (est-ce dû à la traduction ?).
Au début, le découpage en très courts chapitres gêne un peu pour prendre ses repères, mais cette difficulté s'efface au fur et à mesure du récit. C'est donc surtout l'écriture sèche et lapidaire qui nous paraît manquer de chaleur et de lyrisme. Elle semble plus destinée à véhiculer des informations qu'à susciter une émotion, car au contraire d'un Guy Gavriel Kay, dont les univers sont pourtant théoriquement assez proches du sien , Harlan privilégie l'action pure, au détriment des descriptions, des personnages ou des sentiments. Il multiplie les protagonistes, mais il est difficile de distinguer les figures de premier plan des simples figurants ; il nous emmène à Rome, à Damas, à Constantinople et en de nombreux autres lieux, mais sans parvenir à éviter une certaine confusion.
Heureusement, la lecture demeure agréable car le récit contient suffisamment de bonnes idées et fait preuve d'une belle vitalité. La trame et les personnages sont en place, l'intrigue a peu à peu trouvé son rythme, surtout depuis l'apparition de Jules César... A condition que le style s'améliore, les suites pourraient donc être prometteuses.