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Anciens rivages

Jack McDEVITT

Titre original : Ancient Shores, 1996
Traduction de Michelle CHARRIER
Illustration de Wojtek SIUDMAK

POCKET (Paris, France), coll. Science-Fiction / Fantasy n° 5699
Dépôt légal : avril 1999, Achevé d'imprimer : mars 1999
Première édition
Roman, 384 pages, catégorie / prix : 7
ISBN : 2-266-08799-1
Format : 10,6 x 17,6 cm
Genre : Science-Fiction

Double Couverture.



Ressources externes sur cette œuvre : quarante-deux.org
Ressources externes sur cette édition de l'œuvre : quarante-deux.org

Quatrième de couverture
     Tom Lasker, fermier du Dakota, découvre en creusant dans son champ un bateau flambant neuf. La chose est déjà surprenante à des milliers de kilomètres de l'océan ; mais en plus, quand il s'avère que ce bateau est fait d'un matériau inconnu, inusable, et qu'il est probablement enfoui là depuis plusieurs milliers d'années — depuis l'époque où s'étendait dans la région une mer intérieure — , cela devient tout bonnement incroyable.
     En suivant l'ancien rivage de cette mer, une équipe de chercheurs met au jour — en plein territoire indien — un curieux artefact, manifestement d'origine extra-terrestre, et qui semble servir de plate-forme de départ pour d'autres planètes.
     Alors il suffit que les indiens émettent le souhait de l'utiliser pour retrouver leur ancien mode de vie sur un autre monde, et que la panique gagne les milieux industriels et financiers — inquiets des bouleversements socio-économiques que ne manque pas d'apporter la découverte de nouvelles technologies et matériaux inusables — , pour que le gouvernement se demande s'il ne vaudrait pas mieux le détruire...
     Mais c'est compter sans les scientifiques qui, avec l'aide des indiens, commencent à organiser la résistance !
 
Encore peu connu en France, Jack McDevitt est déjà l'auteur de plusieurs romans très remarqués aux Etats-Unis. Il appartient à cette école d'écrivains qui renouent avec la tradition d'une science-fiction à la fois pleine d'idées surprenantes, scientifiquement convaincante, et en même temps grand public.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Virginia L. STAPLES, Lake Agassiz (carte) (1996), pages 10 à 11, carte
2 - Note de l'auteur (1996), pages 383 à 383, notes, trad. Michelle CHARRIER
Critiques
     «McDevitt appartient à cette école d'écrivains qui renouent avec la tradition d'une science-fiction à la fois pleine d'idées surprenantes, scientifiquement convaincante, réaliste, et en même temps grand public. » dixit la quatrième de couverture... Je dirais plutôt, si je puis me permettre, qu'inspiré sans doute plus par un Simak que par un Clarke, il donne dans le genre SF « régionaliste » (ce qui n'est nullement déshonorant ou incompatible.)
     Un fermier du Dakota découvre un bateau enterré dans son champ et un extraterrestre invisible pénètre sur terre... Entre ces deux événements, les bourses mondiales ont tendance à surchauffer à la baisse, les syndicats s'agitent et les indiens entrent à nouveau en dissidence... Cette fois, pourtant, la somme proposée pour l'achat de leur sol représente un grand nombre de fois celle dépensée pour l'achat de Manhattan... Tout s'arrange comme dans les « bons films » made in USA (l'auteur s'excuse d'ailleurs d'avoir mis en danger les héros de l'histoire).
     On aura deviné l'origine extraterrestre du bateau qui amène une jeune noire chimiste et un pilote d'avion d'abord auprès d'une rotonde — style gare de transit — puis sur des mondes extragalactiques à travers une suite de portes... L'une d'elles étant utilisée par l'invisible extraterrestre pour venir « sauver » ou « tuer » des gens sur notre monde.
     Histoire classique et écrite sans fioritures dans une langue fluide loin des raccourcis modernes. Mais au lieu de la traiter de manière purement internationale, Devitt la localise en un coin des USA (une carte, en début de volume, donne des précisions) sur le territoire des indiens... et s'intéresse particulièrement au sort de ses compatriotes concernés directement et indirectement — même l'équipe chargée de sauver les indiens dont fait partie Ursula K. Le Guin n'est composée que de personnalités internationalement connues mais US. Pour ne pas donner à son roman l'impression de minceur ou de « nationalisme », Devitt « invente » des personnages denses et parvient à rendre le banal, le simple très passionnant... c'est sans doute là que réside le charme de l'oeuvre.
     Si j'osais, je vous recommanderais d'attendre les vacances pour lire ce titre... c'est un roman reposant, dépourvu des trépidations de notre monde... ce qui justifie son titre...

Noé GAILLARD
Première parution : 4/2/2003 nooSFere


     Les agriculteurs du nord des États-Unis sont peu fréquemment choisis comme héros d'un roman de science-fiction. À dire vrai, lorsque l'on ouvre Anciens rivages de Jack McDevitt, on peut se croire dans un roman consacré à la dure condition de fermier dans le Dakota du Nord, aux confins de la frontière canadienne. Bien sûr, Tom Lasker est un fermier atypique (amateur de vieux avions et pilote d'Avenger), et le seul travail de la terre qu'on lui verra accomplir consistera à creuser une tranchée juste là où « quelque chose  » attendait d'être mis au jour. Pourtant, la manière dont McDevitt parvient à rendre romanesque le quotidien et sa banalité n'est pas sans rappeler un certain Clifford D. Simak, par son ancrage régionaliste d'événements à portée universelle ainsi que par la densité de ses personnages.
     Lasker découvre un ketch enfoui sous ses terres. Mis à part un peu d'encrassement, le bateau semble neuf, doté de lignes étranges aux yeux d'un architecte naval et de toilettes trop basses pour un être humain standard. Surtout, l'analyse d'un morceau de voile révèle un élément transuranien étonnamment stable et dépourvu de radioactivité, bref inconnu sur Terre. Cette découverte d'un artefact quasi inusable va mobiliser les médias et bouleverser la vie tranquille de toute la région. En compagnie d'April, la chimiste ayant identifié le matériau, et de Max, un ami vendeur d'avions, Lasker va chercher d'où venait le bateau, pour aboutir à la conclusion surprenante qu'il devait avoir navigué sur le lac Agassiz, gigantesque mer intérieure recouvrant les États frontaliers dix mille ans plus tôt  !
     Témoignage d'une civilisation disparue ou du passage de « visiteurs  »  ? La question ne se pose plus lorsque Max et April dégagent au fond d'un cañon un second artefact, grande construction en forme de rotonde qui se révélera contenir des portes ouvrant sur d'autres mondes. Anciens rivages n'en devient pas pour autant un roman spectaculaire  : l'énigme importe moins à l'auteur que les conséquences des découvertes sur la société. L'annonce de l'existence de matériaux inusables terrifie les marchés, et la bourse connaît une crise sans précédent. Désireux de calmer le jeu, le gouvernement tente de prendre le contrôle de la Rotonde, laquelle se trouve en territoire sioux  : les Indiens n'entendent pas se faire à nouveau spolier et se révoltent. Les portes, en effet, donnent accès, entre autres, à une sorte de planète édénique, vierge de toute attaque « civilisatrice  », où les Sioux entendent se transporter. La crise prend de l'ampleur, tant dans l'industrie que sur le site, dont les découvreurs et les défenseurs se retrouvent assiégés. McDevitt choisit le happy-end, créé par l'intervention d'intellectuels réputés qui rejoignent les Indiens et désamorcent l'action gouvernementale (on retrouve au sein de ce groupe Stephen Jay Gould et Stephen Hawking, mais aussi Ursula Le Guin et Gregory Benford  !).
     Le roman s'en termine un peu par une pirouette, et ne dépasse pas de la sorte le niveau d'une belle réussite de seconde zone, un délassement intelligent et captivant, mais pas toujours à la hauteur de sa mise. Néanmoins, il nous prouve à nouveau que la science-fiction est peut-être le seul genre à pouvoir réussir la description des enjeux sociaux d'une découverte technologique, en rappelant comment trop de progrès sans mesures d'accompagnement peut totalement déstructurer une société. La réussite de l'action et des détails quasi naturalistes qui farcissent l'intrigue emportent le lecteur  : à lui d'approfondir la réflexion.

Dominique WARFA (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/9/1999 dans Galaxies 14
Mise en ligne le : 10/10/2000


     Tom Lasker découvre, enfoui dans son champ du Dakota, un navire en excellent état. Plus surprenant encore, la voile est composée d'un matériau inusable qui se situe loin sur l'échelle atomique et ne peut avoir été fabriqué par l'homme. Le revêtement de la coque bénéficie des mêmes qualités. La nuit, le bateau s'éclaire. Les médias s'emparent rapidement de l'affaire. Il s'avérerait que ce navire voguait sur l'ancienne mer intérieure qui recouvrait la région à l'époque, le lac Agassiz. En parcourant ses bords, on découvre un autre artefact en plein territoire indien, une plate-forme d'origine extraterrestre qui permet de se rendre instantanément sur d'autres mondes. Les Indiens associés à l'exploration découvrent un paradis terrestre comme pouvait l'être notre planète avant l'essor de la civilisation.

     Le récit s'attarde moins à dévoiler l'origine et les mystères de la plate-forme qu'à décrire les réactions qu'elle entraîne au sein de la société. Après un battage médiatique croissant, qui va du scepticisme à l'enthousiasme, le bonheur des inventeurs promus au rang de célébrités, les tentatives de récupération du site par des chercheurs plus officiels, par des empires financiers désireux d'exploiter les retombées technologiques attendues, une crise mondiale menace l'équilibre planétaire : des industries voient leurs actions chuter devant la promesse de matériaux inusables, de transports instantanés, d'énergie à bas prix.

     Un bond en avant trop important tue le progrès car il entraîne des bouleversements sociaux et économiques destructeurs. Pour éviter la crise, le gouvernement tente de racheter le terrain, voire de détruire la plate-forme, décisions contre lesquelles se battent les Indiens qui envisagent même de renouer avec leur ancien mode de vie sur la planète édénique.

     Cette description de l'impact social de nouvelles technologies est racontée avec force détails à la façon des romans d'horreur contemporains, sans rien omettre du parcours d'un personnage dès qu'il entre en scène ; la réflexion fait cependant défaut au roman, elle est compensée par les multiples scènes qui brossent un tableau d'ensemble que le lecteur pourra méditer à loisir.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/6/1999 dans Bifrost 14
Mise en ligne le : 12/10/2003


     L'idée de départ paraît toute simple et desuète, comme issue d'une science-fiction d'un autre âge : un paysan exhume un artefact fait d'un matériau inconnu et évidemment indestructible. Heinlein, Clarke ou Asimov auraient sans doute excellé dans l'analyse des répercussions d'une telle découverte, mais ici la seule surprise est que cette idée de départ occupe la totalité du récit et qu'elle ne mène nulle part...

     Certes, l'auteur prend le temps d'en détailler les conséquences à "très" court terme, mais il ne cherche pas à en envisager sérieusement l'impact ultérieur sur l'évolution de l'humanité. On déterre l'objet, autour duquel tournent les curieux, on envisage d'en faire une attraction, mais on se décide tout de même à chercher s'il n'y en aurait pas un autre dans les environs... Tout ceci grâce à quelques ingénieux individus, bien décidés à protéger leur découverte de tous les organismes officiels qui en feraient bien sûr mauvais usage...
     Même lorsque l'on découvre enfin une "porte des étoiles", alors que le lecteur espère en vain voir débuter l'intrigue, le récit s'oriente vers des conflits de propriétés et des querelles politiques.
     Quelques personnages s'aventurent cependant sur d'autres planètes, comme ça, sans prendre la moindre précaution, sans même se demander s'il pourrait exister un soupçon de danger... mais ils n'y trouvent personne, probablement pour éviter de compliquer la tâche de l'auteur.

     L'intrigue se caractérise donc par une sorte de naïveté, qui culmine dans un dénouement mettant en scène - à la suite d'un absurde combat - une poignée d'indiens, de paysans et de célébrités prêts à défendre les intérêts de l'humanité. Dégoulinante de bons sentiments, cette fin est amusante au second degré en raison de son ingénuité confondante, mais bien peu crédible.

     Bref, alors qu'il annonce théoriquement l'une des plus grandes découvertes de tous les temps, ce roman demeure terre-à-terre et relativement mesquin dans ses perspectives. Il est en outre traité d'une façon excessivement classique, sans la moindre touche d'originalité.
     Malgré tout, le ton n'est pas désagréable et le récit se laisse parcourir sans ennui. "Vite lu, vite oublié", pourrait-on dire…

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 1/5/1999 nooSFere

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