La veuve des highlands et autres contes surnaturels nous offre une vision peu connue de Walter Scott, celle de l'un des fondateurs du conte fantastique en Angleterre. Célèbre pour ses Waverley Novels et référence obligée de l'essor du roman historique en Europe, Scott n'en a pas moins abordé le surnaturel et le merveilleux tout au long de sa carrière. Héritier des recherches folkloriques allemandes initiées par Musaüs et plus tard par les frères Grimm, Scott s'est intéressé très tôt aux traditions populaires écossaises. C'est dans ce fonds, peuplé de fantômes, de gobelins, de sorcières et de fées, d'une incroyable richesse, que Scott a puisé son inspiration pour écrire les contes que nous proposons - dont deux inédits -, replacés pour la première fois dans leur contexte à la fois littéraire, historique et folklorique. Ce recueil démontre que l'oeuvre fantastique de Scott représente le trait d'union entre le romantisme allemand de Bürger et Goethe et le fantastique anglo-normand issu des traditions populaires, à l'écart de l'influence d'Hoffmann à qui le romantisme français doit tant.
"Evidemment, on lit peut-être Walter Scott un peu moins qu'autrefois". Cet avertissement de Gustave Le Rouge datant de 1932 paraît aujourd'hui un bel euphémisme...
En effet, malgré des romans célébrissimes (Ivanhoé, Quentin Durward...), malgré un succès et une popularité considérables au XIXe siècle, malgré l'accueil enthousiaste des romantiques français (Hugo considérait que "tout est à admirer chez Walter Scott"), et enfin malgré de nombreuses adaptations cinématographiques, Walter Scott est l'exemple type de l'auteur que tout le monde connaît sans l'avoir lu... Pourtant son oeuvre a tout pour séduire, en particulier l'amateur de fantasy : multipliant lieux et personnages, mêlant histoire et merveilleux, action et fantastique, les écrits de Scott gardent un dynamisme enthousiasmant.
Les nouvelles réunies dans ce très beau recueil sont un excellent moyen de redécouvrir cet écrivain prodigieux, dont le style, tout au moins au travers des traductions, demeure moderne, imagé et aisé à lire. Il s'agit le plus souvent de contes inspirés du folklore écossais, et extraits d'oeuvres plus importantes, comme l'expliquent avec détails les notes bibliographiques dont cette édition est agrémentée. Ainsi est par exemple resitué dans son contexte le fameux Récit de Willie le vagabond, également connu comme Le berceau du chat, titre d'un précédent recueil dirigé par Francis Lacassin (U.G.E., 1981).
Outre les notes, signalons une excellente préface qui confirme le rôle précurseur de Scott, en particulier dans le domaine du surnaturel et de la ghost story, précisons qu'il s'agit de traductions entièrement révisées, et insistons sur la présence de deux inédits. Bref, une redécouverte qui s'impose à tout amateur de fantastique.