Plutôt méconnue dans nos pays, la science-fiction roumaine est une des plus dynamiques des littératures de l'Est et justifie amplement l'intérêt que lui portent aujourd'hui les spécialistes.
Cette anthologie illustre la manière variée dont les écrivains roumains s'attaquent au propos, allant de l'humour au sarcasme, de la narration objective au lyrisme, du divertissement à l'analyse psychologique ou encore à la réflexion.
D'accord, présenter pour la première fois en France une anthologie de nouvelles de SF roumaines regroupant 26 textes et 15 auteurs, c'est du bon boulot. Applaudissons donc des trois mains l'anthologiste Colin, le préfacier H. Hobana et le directeur Baronian : voilà une somme qui devrait être entreprise pour toutes les littératures conjecturales mondiales. A quand la SF hindoue, brésilienne, japonaise ?... Mais le résultat ? Eh bien la honte au front, il faut avouer que ce n'est guère fameux. La SF roumaine paraît bien encombrée de l'influence de l'inévitable Kafka, .mâtiné d'un peu de Borgès, ou alors elle copie le space-opera philosophique genre Lem (Moïsescu, Opita), quand elle ne s'empêtre pas dans une épaisse psychologie (Colin lui-même). Dans tout ça, on attend en vain un peu de virulence ou, pourquoi pas, quelques approches idéologiques. Deux bons points seulement, à Adrian Rogoz (une futurologie satirique) et à Victor Kernbach (un gentil humour). A l'est, du nouveau certes, mais rien encore de bien marquant...