Gustav Meyrink est surtout très connu pour son roman Le Golem mais, paradoxalement, cette célébrité a éclipsé le reste de son œuvre. C'est pour réparer cet injuste oubli que les Éditions du Rocher ont décidé de publier l'intégralité de sa production (Le Golem excepté). Le premier roman qu'elles nous proposent est Le Visage Vert, considéré comme son chef-d'œuvre, éblouissante réflexion sur l'éveil de la conscience.
L'action se déroule au lendemain de la Première Guerre Mondiale, à Amsterdam, où se côtoient des gens de toutes les classes sociales et de toutes les religions en quête de sensations ou de croyances renouvelées. Un monde haut en couleur, fascinant et dérisoire à la fois, duquel émergent des figures de kabbalistes acharnés, de demi-mondaines, d'illuminés ou d'arrivistes. Parmi eux se trouvent l'ingénieur Hauberisser et une jeune femme aisée, Eva, qui vont connaître une bouleversante histoire d'amour, qui sera aussi une étape décisive dans leur cheminement spirituel.
L'action du Visage Vert est dense, et chaque événement qui survient entraîne un bouleversement sensible chez les protagonistes, modifiant leurs perceptions habituelles et créant entre eux tout un réseau d'interconnexions. De nombreux personnages interviennent, issus d'horizons très différents, et leur confrontation donne lieu à de longues discussions métaphysiques, toujours passionnantes, sur la religion et sur le développement de la vie intérieure. La lecture du manuscrit de Chidher le Vert (chapitre XI) est, à cet égard, un sommet du genre par ses propos philosophiques, très ambitieux, sur l'immortalité de l'âme et sur la prise de conscience par l'homme d'une réalité supérieure. Un grand roman mystique.