La première attaque faillit surprendre Gellert. Tendue à bout de bras, la hache siffla près du sol. Pour éviter d'avoir les jambes brisées, il sauta. Sa riposte rasa le crâne du Rauvien...

     Les haches tourbillonnaient, accrochant des éclats de lumière.

     Dans un monde moyenâgeux (où, à certains artifices de vocabulaire, on reconnaîtra une Terre régressive du futur), Rauve a vaincu Ezzara, l'a occupé, y impose sa religion cruelle et masculine, à base de sacrifices humains, à la place du Panthéon féminin et doux du royaume défait. Un mercenaire, Gellert, va lutter contre Rauve, avec l'aide de la lie des bas-fonds de la ville, de bien étranges mutants. Duels, poursuites, ruses, enlèvements, tortures, se succèdent jusqu'à la victoire nouvelle des justes. Plus que l'emploi d'une des tendances de I'heroic-fantasy (les puristes diront laquelle), je préfère voir dans ce récit haut en couleurs une variante des aventures de Robin des Bois. Gilles Thomas y retrouve la plume chaleureuse et vivante de ses meilleures réussites du genre, Horlemonde ou Les anges aux ailes de lumière par exemple. On est donc heureux du retour d'un auteur (le meilleur en « Anticipation », si l'on classe à part les outsiders que sont Jeury et Walther) qui se faisait rare ces temps-ci et qui prouve qu'un Français, sans céder au bellicisme, peut aborder avec talent un genre qui est l'objet depuis un an d'une rampante bataille d'Hernani.