De quoi est-il question dans ce vaste roman ? D'âme, du salut de l'âme ou de sa damnation éternelle... et, inévitablement, de la lutte qui oppose le Bien au Mal, les For­ces de Lumière aux puissances des Ténèbres. Un itinéraire spirituel et ésotérique qui épouse en même temps la trajectoire et le but ultime de l'œuvre fantastique.

     D'où les thèmes fantastiques et ésotériques qui foisonnent dans ce livre : Secte satanique, initiation démoniaque, Sabbat avec orgie, apparition du Bouc de Mendès, conju­rations, incantations en tous genres, envoûtements, démons, rituels de protection, pentacle, hypnotisme, influences invisibles, une nuit passée à Stonehenge, l'Ange de la Mort à cheval, morts-vivants, nécromancie, messe noire, sacrifices humains, Sei­gneurs de Lumière, réincarnation, Quatrième Dimension et distorsion temporelle, Talis­man de Set avec l'histoire d'Osiris, doctrine ésotérique, religieuse et philosophique (avec certaines affirmations des plus étonnantes)... et l'énumération est loin d'être complète !

     Ainsi la lecture des Vierges de Satan, sans doute le chef-d'œuvre de Wheatley, comblera-t-elle l'amateur de fantastique, cependant qu'elle sera des plus passionnan­tes pour le lecteur versé dans les arcanes de l'ésotérisme.

     Dès les premières pages, vous serez envoûtés — à l'instar des victimes de Mocata — et vous subirez la magie du verbe, le délire logique et l'art consommé de Wheatley.

     Vous êtes au seuil de l'abîme... à présent sautez !

     (D'après François Truchaud, préface)

 

     Dennis Yates Wheatley est né à Londres en 1897. Il a dix-sept ans lorsque éclate la Première Guerre mon­diale, il est envoyé en France et est gravement gazé en 1918. Mais ces années lui ont donné le goût d'écrire. Il débute par des nouvelles, mais connaît son premier succès — immense — avec Territoire interdit, son premier roman qui sera adapté au cinéma l'année suivante. La même année, il publie deux autres livres puis, en 1934, son roman le plus célèbre et peut-être le plus réussi, Les vierges de Satan, qui est le premier d'une longue série consacrée au surnaturel et à la magie noire. Malgré ce succès, Wheatley ne se cantonnera pas dans le fantastique. Son œuvre, riche de près de 80 romans, est celle d'un grand romancier populaire dési­reux d'explorer tous les terrains d'aventure de la littérature : l'histoire, le mystère, l'espionnage et même la science-fiction, genre auquel appartient La découverte de l'Atlantide, sur le thème des mondes perdus et des continents disparus. Dennis Wheatley, dont certains romans se sont vendus à plus d'un million et demi d'exemplaires et qui est célèbre dans les pays anglo-saxons, est mort en 1977 pratiquement ignoré du public français.

     La première édition (il y a dix ans chez Lattes) de ce classique de l'aventure fantastique était complètement passée inaperçue, victime, sans doute, du manque d'intérêt général pour ce genre d'époque. On peut donc espérer que, cette fois, ce roman fort épais touchera enfin son public sous le label NéO et sous la superbe parure des deux couvertures de Nicollet.

     L'histoire en elle-même n'est pas neuve puisqu'il s'agit de la lutte d'un groupe d'homme « éclairés » contre les Forces du Mal qui se sont emparées de l'un des leurs. On aura donc droit au cours des 360 pages plus que tassées des Vierges de Satan (traduction d'une vulgarité consternante pour The Devil Rides Out...) à tout l'arsenal habituel des histoires sataniques mais il faut bien avouer que l'art de Dennis Wheatley est là pour faire passer la chose et que même les longues explications du Duc de Richleau sur la Magie sont vraiment passionnantes à lire.

     A cet intérêt purement « technique » s'ajoute une histoire mouvementée qui a le don d'accaparer l'attention du lecteur jusqu'à la fin. La technique de narration, le choix des personnages et nombre d'autres détails moins évidents, placent sans discussion possible Dennis Waethley dans les auteurs dits « populaires » des années '30 et '40. Mais, à la différence de la plupart de ses confrères, Wheatley n'a pas pris une ride et c'est sûrement là que se trouve son importance dans le genre qui nous intéresse...