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La Grande course de chars à voiles

Michael G. CONEY

Titre original : Cat Karina, 1982
Première parution : Ace, 1982
Cycle : Chant de la Terre vol. 1 

Traduction de Isabelle DELORD
Illustration de Jackie PATERNOSTER

LIVRE DE POCHE (Paris, France), coll. SF (2ème série, 1987-) n° 7144
Dépôt légal : mars 1992
Roman, 352 pages, catégorie / prix : LP11
ISBN : 2-253-05976-5
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Voici l'ouverture d'une immense épopée, Le Chant de la Terre, dont le premier acte a été raconté dans La Locomotive à vapeur céleste et le second dans Les Dieux du grand loin. Elle contera non seulement l'histoire de toutes les humanités mais encore celle de tous les possibles et plus encore celle de Starquin, le Cinq-en-un, un être de dimensions vraiment interstellaires.
     Karina, une félina, issue d'un croisement de Vrai Humain et de chat, a la beauté d'une femme et la souplesse d'un fauve, sa cruauté et sa violence. La vie lui fera rencontrer Raoul, le fils du capitaine indomptable, et la tendresse. Tandis que se déroule sur un rail unique, à travers forêts, jungles et marais, la terrible, la fantastique grande course de chars à voiles.
     Voici l'histoire d'un monde où la technologie sauvage qui a menacé de détruire la Terre a été oubliée et où la sculpture des êtres vivants a pris sa place. A moins que renaisse le culte du métal...
     Le Chant de la Terre est l'une des oeuvres-univers les plus importantes de la science-fiction. A suivre dans Le Gnome.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition Robert LAFFONT, Ailleurs et demain (1987)

     La grande course de chars à voiles de Coney avait été refusé il y a quelques années par presque tous les directeurs de collections en France. Trop étrange, trop à part, certainement. Qu'attendre de mieux d'éditeurs qui préfèrent le clinquant cyberpunk, la mièvrerie de C.J. Cherryh ou le charabia saccadé de Barbéri ? Toujours est-il que Gérard Klein a rattrapé à temps ce chef-d'œuvre, après en avoir publié les deux suites (La locomotive à vapeur céleste et Les dieux du Grand Loin). Coney a magiquement retrouvé l'inspiration d'un Cordwainer Smith, il tisse une SF aux allures de merveilleux, un réalisme magique aux allure futuristes.
     L'optique de cette Grande course est moins large que celle de ses suites : il n'y a pas ici de ruptures de narration pour faire place à d'autres éléments de la légende, pas d'apartés, et une seule ligne d'action. La richesse de ce volume n'en est pas moins grande : le monde mis en place est tellement unique, tellement surprenant, qu'il faut bien un roman pour l'approcher. Pas de mise en situation ni d'explication pour débuter La grande course de chars à voiles ; on ne comprend que peu à peu que ce Brésil futur est sillonné de rails de bois sur lesquels glissent au vent des chars à voiles. Que l'emploi des métaux a été interdit, ces matériaux étant porteur de violence pour l'humanité. Que les Vrais Humains et les Félinas se partagent le pays, en une confrontation raciale toujours très tendue. L'élément moteur du livre est la grande course qui est organisée annuelle­ment entre les chars à voiles. Cette fête exacerbe les tensions entre Félinas et Vrais Humains, les Humains au bord de la guerre raciale ; d'autant que certains Vrais Humains semblent ne pas vraiment avoir toute la prévention religieuse voulue envers la fonte des métaux !
     Le Chant de la Terre est un seul et même immense fleuve, toute l'histoire de l'Humanité (des Humanités), et toutes ses aléapistes (nous dirions “uchronies”). On trouve donc dans La grande course les pré­misses des volumes suivants : la Didon est déjà là, Starquin est retenu prisonnier dans le système solaire depuis déjà des millénaires, et sa libération est en préparation, par la manipulation des événements et des êtres... Karina la félina et Raoul, le fils du Capitaine Tonio, font tous deux partie de ce plan.
     La grande course de chars à voiles est une œuvre infiniment atta­chante, à l'image du peuple des félinas : violente et contrastée, tendre et cruelle, véritablement différente. Une très grande œuvre.

André-François RUAUD (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/10/1987
dans Fiction 390
Mise en ligne le : 3/4/2005


Edition Robert LAFFONT, Ailleurs et demain (2009)

     Dans un très lointain futur, après son expansion dans l'espace puis sa régression sur la Terre, l'Humanité a renoncé à la technologie qui faillit la détruire, proscrivant le feu qui appelle d'ordinaire le Courroux d'Agni, l'usage des métaux et la consommation de viande. De la période où elle se livrait à des modifications génétiques perdurent de nombreux croisements entre humains et animaux, comme les felinos issus du chat ou les caïmen, les hommes-crocodiles. Pour leurs échanges commerciaux, les Vrais Humains sillonnent la planète sur des chars à voiles glissant le long de rails de bois et dont la maintenance et la logistique sont le fait des Felinos, lesquels, par exemple, dirigent les toutenjambes qui tirent un char pour le mettre en branle. La Terre bruisse encore des grandes légendes du passé qui ont forgé le mode de vie actuel ; nommées les Exemples Chihuahua, elles sont colportées par des poètes comme Enri, dit le Menuisier, seuls capables de déchiffrer les données de l'Arc-en-ciel, un ordinateur recueillant la mémoire de l'humanité. Au Brésil a lieu chaque année, pour la fête de la Tortuga, une grande course de chars à voiles où les plus grands pilotes s'affrontent.

     Cette présentation idyllique se fissure au fur et à mesure que l'histoire entre dans les détails : les Felinos n'ayant pu renoncer à la viande consomment la chair de baleiniers, gigantesques herbivores gardés par des cornacs qui savent prélever des quartiers sans tuer ni faire souffrir l'animal. Le racisme latent entre Vrais Humains et Felinos est encore exacerbé par des intrigues visant à installer une suprématie commerciale renforçant la relation de dépendance. De ce pont de vue, la course de chars à voile prend un tout autre sens, surtout si des factions peu regardantes entreprennent d'enfreindre les lois.

     Par ailleurs, Karina, séduisante felina, fille de El Tigre, bandit révolutionnaire hostile aux vrais humains, est sauvée par une mystérieuse femme servante de la Didon, qui l'attache en contrepartie au service de cette prophétesse, laquelle tente de libérer d'un hypothétique futur où il est retenu Starquin, le Cinq-En-Un, équivalent d'un dieu capable de se promener dans les aléapistes, soit l'ensemble des avenirs possibles. Mais il n'est pas facile de se conformer aux sacrifices que réclame l'avenir quand ils sont inhumains pour ceux qu'on aime. Karina, amenée à croiser la route de Raoul, fils du célèbre capitaine de char Tonio, lui aussi en révolte contre l'autorité qui le prive de libre-arbitre, est le personnage central de ce roman où gronde la révolte.

     La Grande Course de chars à voiles s'inscrit aussi bien dans le registre de la fantasy par la peinture de ce lointain futur que dans celui de la science-fiction, quand bien même celle-ci n'est présente que dans de discrètes allusions technologiques, comme les Petits Amis à l'intérieur de Karina, à l'évidence des nanomachines qui suppriment la douleur ou régulent l'humeur. Mais ce roman généreux, sensible, chatoyant, est propre à séduire tous les publics par sa dimension poétique et sa profonde humanité. Il y a du Cordwainer Smith dans ce vaste cycle, ne serait-ce qu'à travers le personnage de Karina qui rappelle C'mell, et, l'air de rien, Coney distille à sa façon des thèmes qu'il a traité de façon radicalement différente dans des romans à l'opposé de cette épopée.

     Repris dans la collection qui l'a présenté aux lecteurs français, le cycle, cette fois du « Chant de la Terre » réédité dans l'ordre, achève de réhabiliter Michael Coney, un auteur injustement tenu dans l'oubli depuis une vingtaine d'années.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/10/2009
dans Bifrost 56
Mise en ligne le : 8/11/2010

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