1975 — Depuis 30 ans, Hitler avait conquis le monde, établi une base sur la Lune et envoyé des pionniers sur Mars. La vie se poursuivait, non plus dans l'esclavage, mais sous le "paternalisme" de la Grande Allemagne national-socialiste qui avait su radicalement éliminer ses adversaires. A Paris, Gilles Novak dirigeait le magazine (proallemand) Millénium. A Marseille, Charles Floutard était le peintre attitré de l'intelligentsia nazie.

   Il y avait aussi une vieille dame éplorée par le décès de son époux et qui vendait ses biens, dont un gadget bizarre et inutile ... Il y avait également un brocanteur un peu filou et un écrivain "délirant" ... Le tout formant bientôt un singulier mélange détonant ...

     Un sujet en or et qui en a fasciné plus d'un (Sarban : Le son du cor ; Dick : Le maitre du Haut-Château) : l'univers parallèle ou les Nazis ont gagné la guerre. Mais ce qui partait bien se réduit en cours de route a sa plus simple expression : la description du Paris/Marseille nazifié des années 75 est abandonnée au profit d'une longue plongée archéologique au XI^e siècle (non sans charme d'ailleurs), et la libération attendue (qui remet l'histoire parallèle sur ses bons rails) est bâclée en quatre coups de cuiller à pot grâce a l'intervention-miracle d'une patrouille temporelle venue du futur. Mais c'est dans la logique des choses : on ne peut demander a un spectateur des « faits maudits » d'être jusqu'au bout politique, ni même démocrate (« Notre combat ne sera jamais un combat de masse. La technologie et la science feront plus pour le triomphe final que des centaines de division. »), ni encore humaniste (« C'est étrange, mais je n'éprouve aucun remords ; je me sens parfaitement calme, détendu, maintenant », déclare Novak après avoir tué à coups de couteau quatre Nazis inconscients, dont sa propre maitresse — après il est vrai qu'ils aient torturé une jeune fille). Tel quel cependant, l'ouvrage se lit comme un agréable roman d'aventures.