Couverture cartonnée et jaquette à rabats ; jaquette de Stryckman, photo de Palmans. DL belge : D. 1976/0053/119.
Quatrième de couverture
[texte du premier rabat de jaquette]
Douze réalités mal programmées : tel est le sous-titre de ce volume. Il y a des récits où la réalité est à sens unique, où le lecteur retombe sur ses pieds en fin de parcours : on reste là dans le domaine de la logique. Mais il y en a d'autres où la réalité est déphasée, subtilement dénaturée, et où la situation décrite n'est normale qu'en apparence. Ce sont douze nouvelles de ce genre qui sont ici présentées. Elles ont toutes en commun le fait d'entretenir avec la réalité quotidienne des rapports faussés à la base. Comme si les postulats sur lesquels elles reposent émanaient d'un ordinateur n'ayant pas reçu les instructions convenables. C'est en quoi elles sont « mal programmées ».
Au fil de ces textes, surgissent d'inquiétants thèmes clés qui semblent jalonner un parcours onirique : l'univers clos, la claustration, le piège en forme de cercle fermé, la route qui ne mène nulle part, l'environnement qui semble factice, la dimension-refuge dont on reste prisonnier. C'est là une trouble toile de fond, où s'inscrit le tracé des obsessions intimes et des névroses quotidiennes.
[texte du deuxième rabat de jaquette]
Alain Dorémieux. Né en 1933. Débute en 1954 dans Fiction, le premier magazine de science-fiction en France, d'abord comme nouvelliste et critique, puis comme secrétaire de rédaction et enfin rédacteur en chef. A occupé cette dernière fonction jusqu'en 1974, le temps de faire paraître plus de 200 numéros et 23 anthologies sous forme de numéros spéciaux, en y sélectionnant quelque 2.000 nouvelles. De Philippe Curval à Gérard Klein, de Michel Demuth à Daniel Walther, de Guy Scovel à Jean-Pierre Andrevon, de nombreux auteurs français ont grâce à lui été publiés pour la première fois ou se sont vus consacrés dans le domaine de la nouvelle. A relancé en France la revue Galaxie et l'a dirigée de 1964 à 1969. A participé à la création du Club du Livre d'Anticipation, dont il a exercé la direction littéraire de 1965 à 1969. Responsable depuis 1966, chez Casterman, de la collection « Autres temps, autres mondes », où il a déjà signé neuf anthologies consacrées à la science-fiction, l'insolite ou la terreur. A également traduit des romans de Fredric Brown, A. E. van Vogt, John Brunner, Phillip K. Dick, Roger Zelazny, Robert Silverberg et John Christopher. Il dirige aussi chez Opta, une nouvelle collection de romans : « Nébula » et prépare, pour Casterman, une nouvelle série d'anthologies.
1 - Alain DORÉMIEUX, Préface, pages 9 à 14, préface 2 - Kate WILHELM, Il était un canari rouge (The Red Canary, 1973), pages 15 à 49, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 3 - David GERROLD, Toutes les chambres étaient vides (All of Them Were Empty, 1972), pages 51 à 79, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 4 - Edward BRYANT, Épaves sur l'autoroute (Adrift on the Freeway, 1970), pages 81 à 100, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 5 - Harry HARRISON, Au bord des chutes (By the Falls, 1970), pages 101 à 115, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 6 - George Alec EFFINGER, Au lit de bonne heure (Early to Bed, 1972), pages 117 à 131, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 7 - David John SKAL, Crayola (Crayola, 1972), pages 133 à 140, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 8 - Evelyn LIEF, Toutes les quatre maisons (Every Fourth House, 1972), pages 141 à 148, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 9 - R. A. LAFFERTY, Configuration du Rivage du Nord (Configuration of the North Shore, 1969), pages 149 à 174, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 10 - Vonda N. McINTYRE, Seulement la nuit (Only at Night, 1971), pages 175 à 182, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 11 - John Thomas SLADEK, Circuit fermé (The Interstate, 1971), pages 183 à 208, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 12 - Robert RAY, Envol psychédélique (Psychedelic Flight, 1972), pages 209 à 224, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX 13 - Thomas Michael DISCH, Hâtons-nous vers la Porte d'Ivoire (Let Us Quickly Hasten to the Gate of Ivory, 1970), pages 225 à 256, nouvelle, trad. Alain DORÉMIEUX
Critiques
Un recueil de récits (« choisis, présentés et traduits par Alain Dorémieux ») qui fait pendant au très justement célèbre Territoires de l'inquiétude (même éditeur) : douze nouvelles inclassables, ni fantastiques ni s-f ni mainstream, mais tenant un peu de tout cela, et en tout cas très « américain contemporain » — du côté de Saul Below, Carson McCullers, Philip Roth, etc., ces auteurs chez qui le réel semble constamment glisser dans l'onirique ou le cauchemardesque. Ici, comme le note Dorémieux dans sa préface, les nouvelles « entretiennent avec la réalité de chaque jour ce type de rapports faussés à la base (...) soit de l'extérieur par l'intervention de l'écrivain qui applique au décryptage de son récit une grille non conventionnelle, soit de l'intérieur par le contenu implicite et les conséquences marnes de la situation qu'il a choisi de décrire. » Ce qui nous vaut une gerbe de thèmes récurrents, souvent en doublés : la plongée dans l'univers de la drogue (David Gerrold et Robert Day), l'autoroute en forme de labyrinthe où l'on se perd (Ed Bryant et John T. Sladek), l'hôpital comme univers fermé et autonome (Dave Skal et Vonda Mclntyre), la maladie vécue comme normalisation ou châtiment (Kate Wilhelm et Geo. Alec Effinger). Tous récits qui ont en commun un syndrome de repliement (topologique ou schizophrénique) : décidément, la littérature d'aujourd'hui est bien celle de l'exploration des espaces intérieurs, et du malaise subtil qui en découle.
Maintenant, parlons un peu boutique. Jusqu'à Mondes macabres de Matheson, les volumes Casterman comptaient en moyenne 330 pages et chaque page, 2 250 signes. Cauchemars au ralenti a 250 pages de 1 300 signes. Faites le calcul : on passe de 642 000 signes à 325 000 signes. Très exactement la moitié. Ceci pour un livre qui vaut 35 F, mais qu'on achetait encore pour 19 F en 1973. Casterman enlève donc de haute volée le pompon de la plus rapide détérioration du rapport quantité-prix. C'est la conjoncture ou c'est se foutre du monde ?