Couverture cartonnée et jaquette à rabats ; jaquette de Stryckman, photo de Palmans. DL belge D. 1976/0053/22.
Quatrième de couverture
[texte du premier rabat jaquette]
Qui de nous, certain jour, n'a pas souhaité, en ouvrant sa porte, de déboucher « de l'autre côté », dans un univers où le fantastique — en quoi se fondent et se confondent et le rêve et l'imaginaire — aurait enfin droit de cité, où tous les fantasmes qui nous tiennent à cœur et nous aident à vivre se seraient donné rendez-vous ?
Cet univers-là, où d'étranges frissons nous attendent, où la réalité, le mystère, l'angoisse, la peur et leurs sortilèges ne se connaissent point de limites, douze auteurs anglo-saxons des plus remarquables — six hommes et six femmes — s'emploient brillament ici, dans ce volume, à nous y donner accès. Vous ne les oublierez pas de sitôt.
Françoise Martenon, disparue au début de 1975, fut la compagne attentive de Roland Stragliati. Longtemps cinéastes tous deux, ils se sont ensuite tournés vers la littérature fantastique qui les passionnait. Une première anthologie de récits anglos-saxons, Les Miroirs de la Peur (Casterman. éd), en témoigne qui bien que Françoise Martenon ne l'ait point signée, lui doit beaucoup. Rappelons qu'après avoir donné durant des années des critiques à la revue Fiction, Roland Stragliati collabore aujourd'hui au journal Le Monde et au Magazine littéraire.
Roland Stragliati (dont les fidèles lecteurs de FICTION se rappellent les chroniques sur le fantastique) dédie ce recueil à sa regrettée Françoise Martenon, qui l'a aidé à choisir, et parfois traduire — excellemment — ces douze récits fantastiques. Sensible et fin, il préfère à la véhémence d'aujourd'hui et d'avant-hier une réticence (au vrai sens du terme) qui feutre les terreurs et voile les horreurs : Hugh Walpole plutôt qu'Horace, Peter Fleming plutôt qu'Ian. Les thèmes traditionnels (monstres, fantômes vengeurs ou protecteurs, glissements mystérieux vers d'autres temps ou d'autres univers ; lycanthropie, envoûtement) sont mis en valeur par une atmosphère prenante et une pénétrante psychologie. Et si la première histoire, nullement fantastique et à peine insolite, semble avoir été choisie essentiellement pour donner à l'ensemble un titre adéquat, la dernière (la Bibliothèque, par Hester Holland) est un véritable symbole d'un fantastique encore très victorien (bien que le plus ancien des copyrights soit de 1928) : la digne demeure ancestrale réclame pour survivre des victimes, et le clergyman bénit leur sacrifice discret.