La planète Yan porte les monuments énigmatiques et gigantesques d'une civilisation plus ancienne que l'humanité : celle des dramaturges.

     Et les traces d'un cataclysme tout aussi mystérieux.

     Son peuple humanoïde et séduisant, comme traumatisé, semble figé dans le regret de sa splendeur, sauf lorsqu'il se livre, sous l'emprise d'une drogue, à des orgies meurtrières.

     Marc Simon, l'amant de Shyalee, la Yanienne, cherche à percer le secret des dramaturges disparus de Yan.

     Jusqu'à ce que survienne Chart, l'artiste terrien, qui réveille et généralement détruit les sociétés planétaires. Et qui a décidé d'essayer son talent sur une société étrangère.

     A n'importe quel prix...

     Décidément, Brunner est à l'honneur ces derniers temps, surtout à FUTURAMA : il est vrai qu'avec une cinquantaine de volumes publiés en anglais, il y a de quoi faire !

     The Whole Man (1964) commence un peu comme un Sturgeon (Howson est un misérable « moins qu'humain » avant de devenir un « plus qu'humain », car son cerveau en le dotant de télépathie a négligé son développement corporel), se poursuit par des plongées dicko-jeuriennes dans les théâtres intérieurs de ceux que — devenu « docteur psi » — il doit vaincre pour les guérir, et se termine par un « ending » un peu trop « happy » et moralisateur. Ces trois parties ont — un peu trop littérairement — pour titre les trois mots (pris en sens inverse) de Virgile « Mens agitat molem ».

     L'esprit meut la masse aussi dans The Dramaturges of Yan (1971) : la masse de toute une planète... mais l'esprit de qui ? Du dramaturge terrien qui va de planète en planète faire prendre conscience à un public innombrable de sa culture en la dramatisant ; ou des dramaturges dont parlent les épopées de l'âge d'or de Yan ; ou encore... ? Le drame en tout cas n'est pas pur spectacle, mais dans le rite, et la participation prend toute la dimension religieuse (qui relie) des tragédies grecques et des mystères médiévaux — et même au-delà.