L'auteur, Alexis Lecaye, historien, dessinateur, critique littéraire et romancier, a volontairement écarté les « notions de genres, d'écoles » pour « s'attacher à voir comment tous les traits visibles et cachés, structurels et conjoncturels, de la société moderne, sont transfigurés, extrapolés, interconnectés » ; ainsi, à la thématique traditionnelle, il « substitue un découpage nouveau, ou plutôt éternel : sexe, rêve, temps, drogue, organisation sociale, travail, bonheur, jeux (...), obsessions communes à tout être humain — et à toute littérature »
Même si certaines de ses théories semblent contestables (en particulier celle du « millénarisme »), l'ensemble, très complet, est d'une justesse de vue remarquable. Je
citerai un exemple qui va apporter un peu plus d'eau au moulin de la querelle « SF anglo-saxonne contre SF française » ; dans le chapitre sur la Violence, l'auteur remarque : «
Curieusement, les grands desperados de la nouvelle vague française sont plus idéalistes que les vieux de la vieille d'outre-Atlantique : pour ces derniers, la violence est avant tout une réponse (...), conséquence d'un stimulus et d'un environnement précis : la ville cauchemar, la haine raciale, les pressions multiples et incessantes d'un cadre inhumain » ; mais, chez nos auteurs français, la violence est «
parachutée »... «
Les exclus sont les Indiens d'Amérique » 1. «
Mais les travailleurs algériens sont trop prosaïques et calmes pour stimuler la glande imaginative ».
Notes :
1. Voir le recueil de Craig Strete chez Kesselring
Pierre K. REY
Première parution : 1/11/1981 dans Fiction 323
Mise en ligne le : 8/3/2009