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La Loi du plus beau

Christophe LAMBERT


Illustration de MANCHU

MANGO Jeunesse , coll. Autres Mondes n° 26
Dépôt légal : août 2004, Achevé d'imprimer : août 2004
Première édition
Roman, 192 pages, catégorie / prix : 9 €
ISBN : 2-7404-1751-9
Format : 13,0 x 20,0 cm
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Au fil des années, la « dictature de la beauté » s'est imposée dans notre société qui privilégie à l'apparence outrance. En 2031, les citoyens sont classés sur une échelle allant de la catégorie 1 (très, très moche) à la catégorie 5 (super canon).
     Dynamique et munie de diplômes, Karol, 22 ans, déboule pleine d'espoir dans la vie active. Mais elle n'est que catégorie 3 et les portes se ferment devant elle. Ecœurée par tant de discriminations, elle rejoint Héphaïstos, un groupe de militants bien décidés à ne pas plier devant cette loi du plus beau.
     La première mission de la jeune femme consiste à taguer des affiches publicitaires sur une ligne du super-métro aérien. Mais, entraînés par le beau Luther, certains militants sont partisans de l'action terroriste. Epaulée par son ami Momo, Karol va-t-elle parvenir à convaincre le groupe d'éviter cette dérive ?
Critiques
     C'est le 21 janvier 2022 que l'échelle d'Apollon est entrée en vigueur. Une échelle qui permet de classer officiellement les citoyens en cinq catégories selon leur « beauté », en s'appuyant sur des critères objectifs indiscutables. Ainsi les cheveux blonds valent évidemment +1 pour les filles, tandis qu'un nez cassé vaut -3 ou des dents jaunes -2.
     Karol est une jeune femme de 22 ans, mère célibataire, qui se classe honorablement dans la catégorie 3, celle des « individus au physique moyen ». Par malchance, elle souhaite trouver du travail dans le tourisme, où un niveau 4 est le minimum exigé. Les portes se ferment et Karol se désespère, jusqu'au jour où elle rencontre le gros Momo qui la présente à ses amis du groupe Héphaïstos, en lutte clandestine contre la « loi du plus beau »...

     Il est vain de nier l'influence de la beauté. A l'évidence, à compétence égale voire inférieure, la beauté ou le charme font souvent la différence lors d'un entretien d'embauche. Karol, elle-même, pourtant révoltée par l'échelle d'Apollon, ne peut initialement voir en Momo l'obèse qu'un copain, mais elle est immédiatement séduite par le beau Luther, qui prône l'« action directe » au sein du groupe Héphaïstos. Prétendre à l'égalité des chances est une illusion : la beauté est une qualité comme une autre, comme l'intelligence par exemple, pas forcément méritée certes, souvent peu durable, mais en tout cas suffisamment tangible pour avoir son importance.
     Ce que dénonce Christophe Lambert n'est d'ailleurs pas ce rôle de la beauté dans notre société, mais la dérive qui consisterait à en faire une règle établie, aux contours bien cernés et irrémédiables. Car chacun sait que la beauté n'est pas tout et que de vilains messieurs réussissent aussi à se faire apprécier, que de jolies jeunes femmes se font parfois renvoyer tandis que des moches parviennent à convaincre grâce à d'autres qualités. Le triangle amoureux que forment Karol, Momo et Luther le prouve : on peut revenir sur une première impression et voir ensuite les choses autrement. Une loi qui empêcherait toute chance d'aller au-delà des apparences serait évidemment catastrophique.
     Parallèlement, Lambert stigmatise aussi les hommes et femmes qui, pressés par la publicité et l'image sociale, se prêtent au jeu sous prétexte qu' « eux aussi le valent bien » : régimes, médicaments, UV, opérations esthétiques, autant de risques encourus dont ils rendront responsable la société si les choses tournent mal...

     D'ailleurs, le second thème du roman est le terrorisme, moyen de protestation facile à mettre en œuvre par tous les déçus du système. A travers l'itinéraire de Karol, emportée dans une spirale d'actions de plus en plus dangereuses, Lambert s'interroge sur le droit à recourir à la violence, même lorsqu'il s'agit de lutter contre une injustice évidente, ainsi que sur le droit à s'opposer autrement que par des moyens légaux à un gouvernement a priori représentatif de la majorité des citoyens. C'est une question difficile, finement traitée même si la réponse apportée par Karol ne vaut évidemment que pour un pays démocratique à la justice indépendante.

     Comme souvent chez Lambert, l'accent est mis sur l'action, avec courses-poursuites à la clé. Le roman se lit ainsi d'une traite et paraît très bref, presque trop bref car il y aurait sans doute eu matière à de plus amples développements. Mais réussir à faire réfléchir à deux sujets d'actualité si différents dans un récit d'aventures aussi nerveux est une belle réussite, une de plus pour un auteur inspiré dont les thématiques sont décidément très variées.

Laureline PATOZ (lui écrire)
Première parution : 1/10/2004 nooSFere


     L'échelle d'Apollon est la loi la plus à la mode. Elle classe les humains selon des critères de beauté. Elle donne à chacun la possibilité de découvrir sa voie dans la société. Une voie que certains trouvent plutôt étroite. Surtout ceux que le grand ordonnateur n'a pas décidé de favoriser physiquement. Comme Karol, qui se retrouve à lutter dans un groupuscule décidé à abolir cette loi...

     Christophe Lambert a maintes fois démontré son talent de conteur et sa capacité à développer des réflexions captivantes sur le devenir de l'humanité. Après le clonage et la dérive des sectes dans Petit frère, le voici sur le terrain d'un fléau là encore en prise directe avec notre société : le culte de l'apparence. Un culte étalé à longueur d'images sur les écrans de télé. Un culte qui crée dans la jeunesse d'aujourd'hui des dérèglements psychologiques importants. Lambert a poussé au paroxysme ce que pourrait devenir (deviendra ?) un tel culte utilisé comme politique sociale. Un délire qui semble si réaliste qu'il en fait peur. Lambert nous y plonge dès les premières pages avec un test digne d'un magazine pour ados. Essayez-le, c'est effrayant ! La démonstration est patente...

     Mais l'auteur va plus loin et aborde ici un autre des maux d'aujourd'hui : le terrorisme. Ici, il est symbolisé par un groupe qui ne veut que le rétablissement d'une chance pour tous. Voyez la perversion de l'auteur. Il nous apprend à aimer des personnages à propos desquels on se posera l'inévitable question : peut-on justifier leurs choix : tous les moyens au service de la fin ? Et si oui, jusqu'à quelles extrémités ? Cette voie n'est-elle pas que violence démesurée, déni des responsabilités, refus de mesurer les conséquences de ses actes ? Car finalement, qu'est-ce qui différencie les nantis adeptes du charcutage physique des jusqu'au-boutistes aigris sacrifiant des innocents sur l'autel de la révolution ? Où sont les limites ? Comment se faire entendre en évitant l'extrémisme ?

     Un flot d'interrogations exposées au travers d'une histoire efficace et rythmée. Lambert nous emmène dans la réflexion à coups d'images chocs, au point qu'on regrette parfois que tout se passe si vite. Les thèmes méritaient peut-être plus d'espace. Et les personnages davantage d'ampleur... Reste un livre passionnant et intelligent.

Michaël ESPINOSA (site web)
Première parution : 1/10/2004 dans Bifrost 36
Mise en ligne le : 22/11/2005


     L'échelle d'Apollon ? Une simple loi classant les humains selon des critères de beauté définis. Une simple loi qui détermine les humains à être ceci plus que cela. Une loi qui fait grincer les dents de ceux que la nature n'a pas forcément gâtés. Une loi qui doit disparaître. Définitivement. Quels qu'en soient les moyens ?

     On ne peut nier que Christophe Lambert a su encore toucher un point très sensible du monde des adolescents. Le culte de la beauté et du paraître est encore plus d'actualité aujourd'hui qu'il ne l'a jamais été. Il suffit de regarder toutes les émissions de télé-réalité pour s'en convaincre. Avec cette idée farfelue de classement sur les critères uniquement physiques, Lambert pousse le bouchon à l'extrême. Il dénonce avec beaucoup de justesse ces aspects matérialistes qui mettent en péril le fondement de l'âme humaine, transformant l'homme en animal de foire.

     C'est la société-spectacle que l'auteur a dans le collimateur. Celle qui fabrique des stars à la pelle pour un temps donné, mais aussi celle qui érige la violence comme valeur de reconnaissance. En effet, à l'instar des gens qui sont prêts à se faire découper pour ressembler à la poupée Barbie, les autres, les mal aimés, les mal lotis, sont également enclins à utiliser n'importe quel moyen pour atteindre leur but. Même la voie du terrorisme, de la violence démesurée, du déni des responsabilités et du refus de mesurer les conséquences, le but nécessitant a priori tous les moyens nécessaires. Finalement, qu'est-ce qui différencie ensuite les nantis écrasants le quidam pour grimper les échelons, des jusqu'au-boutistes aigris tuant des innocents pour se faire entendre ? Où se trouve la limite ? Comment être écouté sans tomber dans l'extrémisme ?

     Autant de questions que Lambert expose au fil des pages. Mais toujours avec ce talent de conteur d'histoire rythmée, démarrant dès les premières pages (ici, il débute même avec un test digne d'un magazine féminin actuel), et vous sautant au visage comme une bombe d'adrénaline. Ça défile, ça surprend à chaque chapitre. On tourne les pages sans pouvoir se décoller du livre. On en est même déçu que ce soit si court. Les sujets auraient sûrement mérité plus d'espace. Quant aux personnages, ils passent trop vite dans nos vies.
     M'sieur Lambert, tes bonnes histoires, tu pourrais pas les faire un petit peu plus longues ?

Michaël ESPINOSA (site web)
Première parution : 1/9/2004 dans Galaxies 34
Mise en ligne le : 4/1/2009

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