Paris, fin du vingt-deuxième siècle. Noémie, étudiante effacée, reçoit une convocation pour un contrôle psychophysiologique.
Celle qui ressort se nomme Ilyana. Extravertie au possible, équipée d'une arme discrète mais redoutable, elle s'apprête à défendre la Confédération des États Européens contre les menaces les plus diverses : télépathes, libertins, savant fou...
Mais quelle femme est la vraie ? Noémie ou Ilyana ?
Quel univers est réel ? Celui d'Ilyana ou celui de Noémie ?
Une plongée dickienne dans les profondeurs des manipulations psychiques...
Nouvelle : Éveil Olivier Roche
Il a conscience d'être un homme, pas une machine. Mais alors, que fait-il là ?
Nouvelle : Pan pan papy Pierre Gévart
Il est remonté dans le temps et a tué son grand-père. Mais pourquoi cela n'a-t-il rien changé ?
Nouvelle : Section Tempo Alain le Bussy
Retrouver les délinquants grâce à un détecteur permettant de suivre leur trace dans le passé est une technique redoutable. Mais qu'arrive-t-il quand le nouveau modèle n'est pas vraiment au point ?
Une héroïne hors du commun est le double onirique de la banale Noémie, ses activités démesurées sont l'envers cathartique de l'extrême passivité imposée à cette dernière : les manipulations psychiques sont une arme à double tranchant, la plus puissante des bombes puisqu'elle peut faire éclater les limites du réel. La province a donné un membre de plus à la très dickienne école française.
George W. BARLOW Première parution : 1/4/1981 L'année 1980-81 de la SF et du Fantastique Mise en ligne le : 15/3/2002
Après Les espaces enchevêtrés de B.R. Bruss, c'est le deuxième roman français inédit publié par la collection « Fantastique-Science-fiction-Aventure ». De Jean-Pierre Fontana, on a pu lire deux précédents romans : La geste du Halaguen (Marabout) et Sheol (Denoël, « Présence du Futur », ainsi que dans Fiction les nouvelles de ses débuts, à l'époque où il signait du pseudonyme de Guy Scovel. La femme truquée, pour sa part, débute comme une variation autour de 1984 (première partie), se poursuit à la façon d'une jamesbonderie du futur (deuxième partie, phases 1 à 4) et se conclut par une série de retournements dickiens (phase 5 et troisième partie), évoquant par surcroît le Fredric Brown de L'univers en folie et le Bruss des Espaces enchevêtrés. Singulier collage, qui tient du pari surréaliste, et ne cesse de réorienter la perspective de lecture à mesure que nous « sautons » d'un registre à un autre. Après la lenteur de l'exposé psychologique du début, nous embrayons sans transition sur un récit d'espionnage écrit à la façon d'un Fleuve Noir au rythme infernal, mêlant érotisme et Grand-Guignol. Les décrochages de la fin tentent de souder les deux parties, de les couler en une même narration qui résorbe leur hétérogénéité. Vainement : c'est à un nouvel et inéluctable éclatement qu'assisté le lecteur. Au total, un roman, comme on le voit, déconcertant, hésitant entre la parodie et l'exercice de style, qui se nourrit de multiples références — un peu comme Un soupçon de néant de Philippe Curval (Presses Pocket), à ceci près que le délire naît à posteriori de la juxtaposition de styles hétéroclites mais ne perturbe pas en profondeur la logique propre de chaque partie cloisonnée. La chose ne va pas sans causer un certain sentiment d'artificiel, mais elle permet au lecteur de prendre conscience sans didactisme du niveau de codification qui régit ses lectures et de jongler, comme Jean-Pierre Fontana, avec l'arsenal des conventions du genre.