Vampire, alchimiste, Roman était autrefois « Cagliostro », le grand Kophta, célèbre thaumaturge de Marie-Antoinette. A l'époque, ses recherches hermétiques étaient entièrement consacrées à la quête éperdue de l'élixir de longue vie — la vraie et non cette immortalité au rabais qu'allait lui inoculer son présomptueux précurseur, le non moins illustre Comte de Saint-Germain. Aujourd'hui, Roman manage incognito un groupe de rock hardcore. Mais son quotidien va être bouleversé la nuit de sa rencontre avec Lucio, jeune homme provocateur à l'énigmatique pouvoir de séduction. Avec Lucio, c'est tout le passé de Roman qui refait surface. Dès lors, notre héros n'aura plus qu'une seule idée en tête : retrouver la trace du Comte de Saint-Germain dans les replis du temps et lui ôter tout espoir de rédemption.

     Née à Paris, originaire d'Olténie par son père et des Flandres par sa mère, Manou Chintesco a été publicitaire puis journaliste dans la presse rock. Elle a écrit et réalisé plusieurs courts métrages (J'irai pleurer sur ma tombe, Les Tourterelles, The Pool), mais reste attachée depuis toujours à la littérature fantastique, et tout particulièrement au mythe du vampire qu'elle n'a cessé de moderniser.

     Soit un vampire, imprésario d'un groupe de rock, parfaitement intégré au millénaire naissant. Il rencontre un autre vampire et tout de suite, la séduction naît entre eux. Cela vous fait penser à quelque chose ? Lestat, me direz-vous. Eh bien, vous avez perdu. Les Compagnons d'HeLa, de Manou Chintesco, paraît débuter comme une classique histoire de vampires, mais si l'influence d'Anne Rice se fait fortement sentir au début du roman, très vite Manou Chintesco s'en dégage pour écrire une histoire originale.

     Roman Balsamo, qui fut autrefois le célèbre comte de Cagliostro, a banni de sa mémoire les événements l'ayant conduit à l'immortalité. Sa rencontre avec Lucio va le pousser à s'interroger sur son passé, notamment sur ses relations avec le mystérieux comte de Saint-Germain.

     Une plongée dans l'occultisme et le surnaturel, l'ésotérisme marié au folklore, un style littéraire à la fois châtié et volontairement provocateur jusqu'à la grossièreté, le tout sur un rythme de thriller, voilà qui fait un bon récit fantastique, pas transcendant mais délassant. On regrettera que les personnages humains, en particulier les policiers ou les musiciens du groupe de rock, ne soient pas mieux exploités, l'œuvre en aurait peut-être gagné en profondeur. Quoi qu'il en soit, l'intrigue, bien ficelée, se termine d'une manière absolument imprévisible et ça, c'est quelque chose qu'on ne croyait plus possible dans le petit monde des vampires !

     En résumé, un bon premier roman d'une auteure qu'on aura plaisir à relire.