Le corps éventré d'une étudiante a été retrouvé dans un parc. Aussitôt, la psychose s'empare de la population, d'autant qu'on attribue au meurtrier la disparition de deux autres jeunes femmes.
Près du parc, Isabelle Perrelin est la dernière occupante d'un immeuble voué à la démolition. Taciturne, violoniste ratée, elle passe le plus clair de son temps à écouter les œuvres de musiciens disparus.
A son insu, derrière la porte de son appartement, le tueur scrute ses faits et gestes. Sera-t-elle sa prochaine victime ? L'a-t-il choisie par hasard ? Quel lien existe-t-il entre le meurtrier et Christian, le frère d'Isabelle, mort il y a trois ans et avec le fantôme duquel la jeune femme ne cesse de dialoguer ?
Gilbert Millet est né à Laon et habite Valenciennes. Auteur de plusieurs romans, pièces de théâtre et recueils de nouvelles, il est également un spécialiste reconnu des littératures de l'imaginaire et a écrit, en collaboration avec Denis Labbé, deux ouvrages de référence sur la science-fiction, le merveilleux et le fantastique, ainsi que des études sur Stephen King, sur Tolkien ou encore sur J. K. Rowling.
1 - Le Jeu de la mort et du hasard, pages 177 à 183, nouvelle 2 - Miroir, mon laid miroir, pages 185 à 190, nouvelle 3 - Soumission, pages 191 à 196, nouvelle 4 - Pour la bonne case, pages 197 à 207, nouvelle
Critiques
Un visage de femme aux yeux clos, encadré par de long cheveux bruns relevés sur la nuque, des tons verts évoquant l'eau ou les arbres, voilà ce que nous montre la superbe couverture, signée Eikasia, du roman de Gilbert Millet : Le Déchant. « Déchant » : à l'image de ce titre, le roman est bâti en contrepoint d'une narration classique. On voit vivre Isabelle, étudiante au Conservatoire de musique, on la voit, ou plutôt on l'entend jouer, et surtout on assiste à des dialogues surprenants avec son frère Christian, mort trois ans auparavant. Et il y a ces meurtres...
Une narration qui emprunte alternativement les voies du théâtre et celles du roman, tout en les transgressant, en les métamorphosant, est déjà en soi quelque chose de difficile à pénétrer pour le lecteur. Dans Le Déchant s'ajoute un défi supplémentaire : celui de traduire la musique en mots. Omniprésents, les sons, véritables héros du roman, s'insinuent partout : dans l'intrigue, puisqu'il est toujours question d'eux, qu'ils composent ou non de la musique, mais aussi dans le texte, de façon brute et élaborée à la fois, par le choix des rythmes, des mots, des syllabes, des assonances ou allitérations. On arrive finalement à ce constat surprenant : ce livre bien souvent incompréhensible est terriblement beau à lire, par petits bouts, comme on goûterait une friandise rare.
Le roman est suivi de quelques nouvelles de la même veine. Leur brièveté les rend plus accessibles et le style, avec son mélange de second degré plus ou moins léger et de métaphore grave, convient parfaitement à la forme courte. Au point qu'on se prend à rêver à ce que pourrait être un roman de Gilbert Millet écrit avec un soupçon de simplicité, un zeste de sobriété. Sans aucun doute ce serait un excellent livre.