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Douce Apocalypse

James FLINT

Titre original : Soft Apocalypse, 1995-2003
Traduction de Christophe CLARO

AU DIABLE VAUVERT (Vauvert, France)
Dépôt légal : août 2004
Première édition
Recueil de nouvelles, 196 pages, catégorie / prix : 19 €
ISBN : 2-84626-070-2
Genre : Science-Fiction

Sous-titré "12 récits pour le nouveau millénaire".



Quatrième de couverture
     Un jeune cadre voit sa vie déconstruite par un test de personnalité automatisé ; des micro-robots changent la victime d'un viol en vierge éternelle ; un clone discute tenue vestimentaire avec son père ; une enfant raconte son périple sur une planète devenue vaste mausolée ; la réincarnation de Dürer pique la femme d'un conservateur de musée...
     Comment conserver un semblant d'humanité dans un monde déformé par les phobies technologiques et l'angoisse millénariste ? Étranges et familiers, ces douze récits jettent une lumière cruelle sur les cauchemars climatisés qui hantent nos existences vendues à la science et à l'information...

     Né en 1968, James Flint a grandi dans la campagne anglaise en habitant un univers parallèle de comics, de science-fiction, d'ordinateurs et de romans russes. Diplômé de philosophie, journaliste, musicien de jazz, il partage désormais son temps entre Londres et Buenos Aires. Son premier roman, Habitus (Au diable vauvert, 2002), a été encensé par la critique.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Le Marathonien, pages 9 à 17, nouvelle, trad. Christophe CLARO
2 - Ah, faire du golf sur Mars (1999), pages 19 à 33, nouvelle, trad. Christophe CLARO
3 - Lieux stratégiques, pages 35 à 44, nouvelle, trad. Christophe CLARO
4 - La Femme du Maître de Hausbuch (2003), pages 45 à 78, nouvelle, trad. Christophe CLARO
5 - George III, pages 79 à 87, nouvelle, trad. Christophe CLARO
6 - Le Train nucléaire (1995), pages 89 à 103, nouvelle, trad. Christophe CLARO
7 - Auto-assistance (2001), pages 105 à 118, nouvelle, trad. Christophe CLARO
8 - Rêves d'un futur parfait (Dreams of a Perfect Future, 2004), pages 119 à 132, nouvelle, trad. Christophe CLARO
9 - La Silla : Horoscope (2002), pages 133 à 143, nouvelle, trad. Christophe CLARO
10 - On va voir papa, pages 145 à 157, nouvelle, trad. Christophe CLARO
11 - Esquisse pour un futur biotechnologique (1999), pages 159 à 174, nouvelle, trad. Christophe CLARO
12 - La Petite annonce (1999), pages 175 à 186, nouvelle, trad. Christophe CLARO
Critiques
     Moi, j'aime bien Le Diable Vauvert. Voilà un éditeur indépendant qui fait des choix. Des vrais. Qui nourrit une politique d'auteurs. Qui propose (souvent) des textes inattendus et passionnants. Et quand on regarde le catalogue du Diable, on sait de suite que l'amateur d'Imaginaire trouvera ici de quoi se sustenter, et de jolie manière — Aguilera, Gaiman, Gibson, Brite... Bref, moi, j'aime bien Le Diable Vauvert.
     Quant au jeune James Flint (il est né en 1968), pour tout dire, il faut bien avouer que son premier roman, Habitus, m'avait laissé sur le cul, et pas qu'un peu — ce qui ne signifie pas qu'il soit exempt de défauts, loin de là...

     Enfin quoi, autant dire que c'est avec pas mal d'impatience et un peu plus qu'un a priori positif que j'ai ouvert Douce apocalypse, premier recueil de notre auteur (ceci étant, et avec le recul, en voyant le sous-titre du bouquin, « Douze récits pour le nouveau millénaire », j'aurais peut-être dû me méfier...).
     Ainsi donc, deux heures, douze récits ( ?) et 180 pages plus tard, j'aime autant vous dire que je ne suis pas mécontent de ne pas avoir eu à payer pour lire pareil truc.
     Premier constat : si on entend par recueil un ouvrage qui réunit des nouvelles, c'est-à-dire des histoires, Douce apocalypse n'en est pas un. Plutôt un assemblage de textes épars (chroniques satiriques pour l'essentiel — un seul des douze textes, « Rêves d'un futur parfait », méritant finalement le nom de nouvelle, texte qui a été repris dans le dernier numéro de la revue Galaxies ; on se demande bien pourquoi) destiné à tracer une cartographie du monde d'aujourd'hui tout en évoquant ce qu'il pourrait être demain.
     Second constat : l'auteur énonce des évidences comme d'autres enfilent des perles : l'exercice est vain, ennuyeux, voire pénible.
     Troisième constat : que reste-t-il du bouquin après l'avoir refermé ? Rien. C'est bien simple, j'ai feuilleté le livre quelques semaines après l'avoir lu : j'en avais oublié les deux tiers...

     Douce apocalypse est un livre concept, mode et tendance. Parfois drôle, globalement ennuyeux, remplis de pas grand-chose et vide de beaucoup ; une déception réelle à un prix prohibitif. A oublier, ce qui sera fort simple ; voyez, c'est déjà fait...

CID VICIOUS
Première parution : 1/1/2005 dans Bifrost 37
Mise en ligne le : 29/1/2006


     On a connu James Flint avec Habitus, un roman formidable. C'est pourquoi la lecture de ce recueil laisse perplexe. On n'ira pas jusqu'à dire que les douze nouvelles qui le composent, écrites pour des revues amatrices, fleurent bon l'amateurisme — mais on y dénote quand même des défauts et des lourdeurs qui font tiquer. Flint est d'évidence un écrivain au long cours : la forme courte lui convient moins. Ses récits n'ont pas la fluidité d'un Dunyach ou d'un Lehman (reviens Serge !) et tombent dans le simplisme à force de simplicité. Du reste, on s'interroge à chaque page sur la finalité d'une telle lecture : les brouillons d'un écrivain (certes talentueux) valent-ils la peine d'être réunis et soumis à l'œil du grand public ? Passe encore pour nous, pauvres critiques, dont de telles exégèses sont le pain quotidien (et l'intérêt) ; mais le grand public, lui, y trouve rarement son compte.

     Bon, revenons à nos moutons : s'il faut relever une qualité, disons que ce recueil vaut pour la cohérence globale des thèmes qu'il décline. Solitude, vies sans risque, morts climatisées (La Silla : horoscope, La petite annonce) ; cloisonnement de l'existence, étrécissement des destinées (Lieux stratégiques, George III) ; déréliction de la société (Esquisse pour un futur biotechnologique, On va voir papa) ; angoisses millénaristes, molles auto-flagellations (Auto-assistance ; Ah, faire du golf sur Mars, où un cadre moyen engoncé dans une vie moyenne se perd dans des considérations Houellebecquiennes, mais en moins caustique que l'original). Restent des textes inclassables, qui flirtent vers le surréalisme (Le train nucléaire), le fantastique à la manière de Lovecraft (la femme du Maître de Hausbuch), ou encore le n'importe quoi (Le marathonien, piètres développements sur le métier d'écrivain, complètement inutile) ; et la vraie bonne réussite, 100% SF, qui met en scène une jeune personne victime de viols répétés que sa vertu pourtant intacte (par la grâce de nanomachines réparatrices) transforme en nouvelle Immaculée (Rêves d'un futur parfait, déjà publiée dans Galaxies n°34).

     L'auteur s'interroge sur le principe d'humanité dans un monde vendu à la marchandise et à la technique, où l'abondance d'information nuit, où la science a ruiné l'âme, où les cauchemars sont la réalité et la réalité un puzzle absurde. Mais à cause d'une plume imprécise, ses conclusions manquent de tranchant. On aurait aimé que tout ça nous fasse plus froid dans le dos...

Sam LERMITE
Première parution : 1/12/2004 dans Galaxies 35
Mise en ligne le : 10/1/2009


     James Flint est un auteur anglais dont le premier roman, Habitus, publié en 2002 chez le même éditeur, vient de ressortir en Folio — je ne vous en parlerai pas, je ne l'ai pas lu. Voici maintenant son premier recueil de nouvelles, qui contient quelques textes fantastiques ou de science-fiction.

     « Le Marathonien » est une courte interview où un homme parle de son travail de manière ennuyée. Ce texte mainstream vaut pour le suspense entretenu sur la nature de ce travail et pour l'ironie de la conclusion.
     « Ah, faire du golf sur Mars » décrit les différentes préoccupations, notamment sexuelles, d'un individu ordinaire, qui ratera ainsi la retransmission télévisée des premiers pas de l'Homme sur Mars : le dérisoire et la futilité du quotidien masquent la grandeur de l'événement.
     « Lieux stratégiques » est une dénonciation rapide mais efficace du délire paranoïaque qui affectent ceux qui deviennent « la proie de rêves sécuritaires pleins de menaces et de riposte ».
     Premier récit qui appartienne véritablement aux genres de l'Imaginaire, « La Femme du maître de Hausbuch » est un joli conte fantastique, relativement classique, dont le protagoniste est un jeune homme qui se prend pour « le plus grand artiste qu'ait jamais connu le monde », la réincarnation d'Albrecht Dürer.
     La courte mais brillante nouvelle « George III » prophétise l'avenir des clones, condamnés à n'être que des copies conformes formatées par des « pères » fantasmant leur propre immortalité.
     Inspiré par Stalker, le film de Tarkovski, « Le Train nucléaire » est sans doute le récit qui correspond le mieux au titre du recueil, tableau d'une humanité agonisante en marge d'une décharge nucléaire.
     « Auto-assistance » rassemble les quatre conclusions successives d'un programme informatique d'analyse de la personnalité à propos d'un même individu. La lucidité et la franchise brutale de ces comptes-rendus en font une nouvelle hilarante.
     Nouvelle parue simultanément dans le dernier numéro de Bifrost, « Rêves d'un futur parfait » dissimule sous un ton apparemment détaché et anodin un texte de science-fiction véritablement effroyable : la victime d'un viol bénéficie d'un traitement par des nanomachines auto-propageables qui effacent le traumatisme de sa mémoire, qui soignent ses blessures et qui reconstruisent son hymen. Une solution idéale... si du même coup cette jeune femme ne devenait pas ainsi une victime idéale, que l'on peut violer et brutaliser chaque nuit et qui se réveille éternellement vierge ! Un chef d'oeuvre d'atrocité perverse.
     « La Silla : horoscope » retrace le parcours d'un homme qui travaille dans un observatoire astronomique. Un parcours banal, mais une nouvelle originale par sa forme, en douze épisodes où à chaque signe du zodiaque correspond à une action différente.
     « On va voir papa » est une ballade morbide sur une Terre envahie par les urnes funéraires, les morts occupant la majeure partie de l'espace vital.
     « Esquisse pour un futur biotechnologique » est, pour moi, le texte le moins convaincant du recueil. C'est une histoire du futur, de 1980 à 2060, décrivant les conséquences néfastes du brevetage des gènes, des multinationales pharmaceutiques, des OGM, etc. Ces inquiétudes sont légitimes mais aucunement originales car déjà largement exploitées par la SF. Cette énumération de faits, dans un parti-pris évidemment pessimiste, sans réelle mise en fiction, laisse donc assez indifférent.
     Enfin « La Petite annonce » est la traduction d'un intéressant délire psychotique difficile à résumer.

     On le voit, il est difficile de trouver un fil conducteur à ces « 12 récits pour le nouveau millénaire » qui ne parlent d'ailleurs guère d'Apocalypse ni même de douceur. La littérature générale y côtoie la SF, le fantastique ou la simple étrangeté. Les formes narratives sont très variées : retranscription d'une interview pour « Le Marathonien », rapports d'expertise pour « Auto-assistance », horoscope pour « La Silla : horoscope », etc. Manifestement, James Flint utilise les nouvelles comme un champ d'expérimentation et peu d'entre elles correspondent à des schémas traditionnels. Certaines ne comportent pas d'intrigue construite et n'ont pas de réelle conclusion.
     A l'arrivée, le lecteur peut ainsi avoir un avis mitigé. Il y a peu de textes chocs — à l'exception notable de « Rêves d'un futur parfait » — et beaucoup laissent une impression d'inachèvement, comme s'il s'agissait de quelques bribes jetées là un peu pêle-mêle. Mais l'apparente désinvolture cache des idées intéressantes qui produisent leur effet à distance de la lecture et recèlent plus de profondeur qu'on n'en perçoit dans l'immédiat.
     Bref, inutile de chercher ici des histoires solidement charpentées et dotées de personnages stéréotypés ballottés par des aventures trépidantes. Au contraire, ce recueil donne à lire des textes légers et insolites, aux contours mal définis, insaisissables et souvent teintés d'une ironie féroce.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 14/11/2004 nooSFere

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