L'an 2018... Après-demain. La faim, la corruption, la pauvreté éliminées. Une société parfaitement policée, ayant su aménager toutes les ressources naturelles du globe, supprimer la pollution, instaurer un strict contrôle des naissances. Une société idéale, au service de l'homme : une semaine de travail de trois jours, six mois de vacances, pendant lesquels toutes les distractions possibles sont offertes. L'âge d'or...

     Pour permettre aux pulsions de violence et de mort qui demeurent ancrées au plus profond de l'homme de s'épancher, les « administrateurs » des six grands conglomérats qui se partagent le monde (ENERGIE, ALIMENTATION, LUXE, LOGEMENT, COMMUNICATIONS, TRANSPORT) ont inventé un exutoire radical : suivi en multi-vision par quatre milliards de téléspectateurs fascinés, le championnat du monde de Rollerball, combinaison des sports les plus rudes, les plus brutaux du XX^e siècle oppose les grandes villes du monde jouant sous les couleurs de tel ou tel conglomérat. Panem et circenses. Du pain et des jeux. En un peu plus de deux mille ans d'histoire, le contenu de ces termes a changé, mais Jonathan E, fleuron de l'équipe de Houston, vedette mondialement connue et adulée, n'en demeure pas moins un gladiateur, remettant chaque fois sa vie en jeu lorsqu'il pénètre dans l'arène de fer et de béton, ses gants cloutés de pointes en guise de filet et de trident. Jonathan E, le champion milliardaire qui, outre ses muscles, c'est-à-dire son gagne-pain, possède une tête et un cerveau dont il a le tort de se servir. Comme, deux mille ans avant lui, le gladiateur préféré de la foule romaine pressée sur les gradins du Cotisée.

     Spartacus-Jonathan E : même combat !

 

     Sept fables sans thème, profondément dérangeantes, d'où se dégage une cohésion qui les transforme en « récits moraux ». Ainsi peut-on qualifier les nouvelles composant ce recueil, écrit par l'un des meilleurs spécialistes américains du genre.

     Considéré par les critiques américains comme « l'un des rares jeunes écrivains sachant traiter aussi bien l'action que les idées », William Harrison aborde à travers chacun de ses « héros », qu'il soit ermite, pompier, météorologiste ou athlète professionnel, des angoisses, des interrogations qui ne lui sont pas personnelles et qu'il résume ainsi : « Bien qu'imparfait peut-être, le passé reste principalement lui-même, le présent est toujours bouffon, insaisissable... mais l'avenir nous réserve peut-être les jeux du Rollerball ».

 

     Tiré de la nouvelle de William Harrison, LES ARTISTES ASSOCIÉS présentent ROLLERBALL, UN FILM ALGONQUIN LTD, réalisé par NORMAN JEWISON avec JAMES CAAN.

     Il ne faut pas confondre l'auteur avec Harry Harrison (voire avec Jack Williamson !) ; ni prendre pour un roman ce recueil de nouvelles (portraits, souvent par eux-mêmes, de personnages plus ou moins insolites, récits sans conclusion qui au mieux tournent au délire), dont seule la première est de SF ; ni s'imaginer trouver dans celle-ci un complément au film : c'est ce dernier seul qui a fait de Jonathan, ici brute simpliste, un révélateur du rôle dévolu par le capitalisme au sportif (cf. Sportsworld : an American dreamland, par Robert Lipsyte), en imaginant qu'il se révolte contre son programme, comme Cassius Clay. Toutes ces confusions sont soigneusement entretenues par l'éditeur : « avec ce système, n'importe quel livre pouvait devenir un succès » (p. 176) !