Caza sort un
art-book. Encore ! diront les
aficionados, qui savent bien que sa bibliographie (deux pages bien remplies en fin de volume) compte déjà six portfolios et recueils d'illustrations. Oui mais voilà, cet «
art-of » risque bien de passionner les amateurs de science-fiction, qui y reconnaîtront les couvertures de certains de leurs romans préférés. C'est d'ailleurs un écrivain du genre, rien moins que Roland C. Wagner
himself qui s'acquitte de la préface. On y apprend qu'une illustration inspirée peut fort bien enrichir de quelques détails graphiques pertinents un tapuscrit déjà bien avancé. Le texte nourrit l'image qui nourrit le texte, la boucle se boucle.
Pour le reste, Caza présente lui-même ses œuvres par des textes à la fois très courts et très simples, une autobiographie finale recadrant le tout dans la perspective générale de sa (très) longue carrière. Signalons au passage que l'
art-book est entièrement bilingue français/anglais, preuve sans doute que l'œuvre de Caza fait écho hors la sphère franco-belge. Or donc,
Kronozone reproduit en différents formats un panel très représentatif des travaux d'illustration de Caza, depuis ses débuts pointillistes (aaah, les noirs et blancs
seventies) jusqu'à ses dernières collaborations éditoriales (
Degliame,
Mango Jeunesse,
L'Atalante,
ISF), en passant bien sûr par ses très nombreuses couvertures
J'ai lu (
Date d'expiration en 25x30, c'est caviar). Et qu'obtient-on au final ? Un panorama complet des techniques et de l'esthétique Caza, qui le révèle pour ce qu'il est, à la fois précurseur de Mignola et anti-Loisel absolu. Bien avant l'avènement des nouveaux canons de beauté façonnés par le bistouri et le silicone, Caza innove dans le traitement quasi géométrique des visages et des corps, inventant le petit nez droit et le sein ferme, régulier, sphérique presque. Et les seins, il en est beaucoup question dans
Kronozone, l'ouvrage passant en revue tous les sujets qui font que Caza est Caza : les mutants à l'épiderme multicolore, les filles à poil, les monstres extraterrestres, les filles à poil, les guerriers en armure, les filles à poil, etc. On l'aura compris, les femmes nues sont LA source d'inspiration de Caza, qui ne s'en cache pas d'ailleurs, au point qu'il leur dédie son
art-book. Un chouia plus
soft, le chapitre consacré aux
Enfants de la pluie donne à voir des dessins de préproduction, dont certains surprendront les spectateurs du film puisqu'ils correspondent à des scènes supprimées. Au rayon
goodies toujours, des inédits qui valent vraiment le coup d'œil, je pense en particulier aux faire-part de naissance et de mariage, franchement superbes, ainsi qu'une double page passionnante dans laquelle Caza explique étape par étape la réalisation de la couverture de
Kronozone. Un bien bel ouvrage en somme.