BRAGELONNE
(Paris, France), coll. Fantasy (revue) n° (1) Dépôt légal : juin 2005 Première édition Revue, 304 pages, catégorie / prix : 17 € ISBN : 2-915549-20-6 Format : 15,5 x 24,0 cm Genre : Fantasy
Quatrième de couverture
FANTASY est une revue apériodique consacrée à... la Fantasy ! Le merveilleux dans son acception la plus large, celle du plaisir et de la liberté de l'imaginaire. On y lira des nouvelles dues aux auteurs vedettes publiés par Bragelonne, mais aussi des coups de coeur, des découvertes et de nouveaux écrivains défricheurs.
En outre, FANTASY propose des articles d'information et de réflexion sur les auteurs, les illustrateurs et l'histoire du genre.
Dans ce premier numéro, des nouvelles de Raymond E. Feist, Henri Lœvenbruck, Stan Nicholls, Ange, Tom Holt, Erik Wietzel, Michael Marshall Smith, Mélanie Fazi, Adam Roberts, Fabrice Colin, Simon R. Green et Simon Clark.
Retrouvez vos univers préférés : Krondor, Gallica, les Orcs, John Moon...
Mais aussi : un long entretien avec James Lovegrove, l'auteur de Days, les conseils de maître Jean-Claude Dunyach, et un bilan sur nos premières années d'existence par Stéphane Marsan.
FANTASY, c'est rien qu'une petite gâterie, entre amis...
1 - ANONYME, Éditorial, pages 7 à 8, éditorial 2 - Stéphane MARSAN, "Bragelonne, épisode V", pages 9 à 18, article 3 - Raymond Elias FEIST, Le Messager (The Messenger, 2003), pages 21 à 73, nouvelle, trad. Isabelle PERNOT 4 - Simon CLARK, Le Défilé (The Pass, 1999), pages 75 à 80, nouvelle, trad. Mélanie FAZI 5 - Fabrice COLIN, Honey Moon, pages 83 à 94, nouvelle 6 - Tom CLEGG, Chaque livre est un nouveau défi, pages 95 à 107, entretien avec James LOVEGROVE 7 - ANGE, Tapisserie, pages 109 à 120, nouvelle 8 - Stan NICHOLLS, La Relève (The Taking, 2000), pages 123 à 144, nouvelle, trad. Isabelle TROIN 9 - Mélanie FAZI, Notre-Dame-Aux-Écailles, pages 147 à 155, nouvelle 10 - Simon R. GREEN, Tueur d'hommes (Manslayer, 1980), pages 157 à 170, nouvelle, trad. Nenad SAVIC 11 - Michael Marshall SMITH, L'Homme qui dessinait des chats (The Man who Drew Cats, 1988), pages 173 à 189, nouvelle, trad. ANGE 12 - Jean-Claude DUNYACH, Quelques informations relatives à l'envoi d'un manuscrit..., pages 191 à 196, article 13 - Erik WIETZEL, Le Trésor de Taan, pages 199 à 216, nouvelle 14 - A.R.R.R. ROBERTS, Des doigts de fée (Swiftly, 2002), pages 219 à 260, nouvelle, trad. Clotilde LANDAIS 15 - Tom HOLT, Devine quel dieu vient dîner ce soir... (The God who Came to Dinner, 1995), pages 263 à 276, nouvelle, trad. Alain NÉVANT 16 - Stéphane MARSAN, Entretien avec Henri Loevenbruck : L'écriture est devenue ma vie, pages 277 à 285, entretien avec Henri LŒVENBRUCK 17 - Henri LŒVENBRUCK, Adynata ou la fontaine de Lucyne, pages 287 à 304, nouvelle
Critiques
D'abord, intéressons-nous brièvement à la préface, où Stéphane Marsan ose écrire que le marché de la fantasy est « loin d'être saturé » (page 11), un point de vue pour le moins étonnant en ces temps où à peu près tous les libraires de France s'accordent à dire qu'il y a surproduction dans le secteur et sont donc contraints de faire de « l'office zéro » sur certains (petits) éditeurs comme l'Oxymore ou Nestiveqnen, en ces temps où les deux nouveaux bourdons de la ruche — Calmann-Lévy « fantasy » et la collection « Points fantasy » de poche du Seuil — découvrent les réalités d'un marché dominé de la tête et des épaules par la daube en tranches, ambiance Tolkien du pauvre. Au-delà de cette propaganda liminaire, on passera tout aussi vite sur les deux articles du même tonneau qui n'ont rien à faire dans une revue — « Bragelonne au Québec » et « La distribution : les niveaux de librairie » — pour s'intéresser à l'essentiel, les textes.
Et là, n'y allons pas par quatre chemins, on est bien loin d'arriver au niveau de Science-fiction 2006, l'autre revue des éditions Bragelonne (cf. critique in Bifrost n°42). Il n'y a qu'un seul très bon texte au sommaire de ce Fantasy 2006 et il s'agit d'une nouvelle de littérature générale (ou de fantastique hyper-allusif, si vous préférez) : « La Plage du Xenos » de Graham Joyce, jolie et inquiétante routarderie en Grèce. Pour le reste, on notera la présence de quatre nouvelles sympathiques, sans plus, signées Sara Douglass, Michael Marshall Smith (une nouvelle fantastique une fois de plus), Erik Wietzel et Gudule. Et ensuite c'est la dégringolade : Mélanie Fazi ne fait rien ou presque de sa prometteuse histoire de maison anthropophage ; Magalie Ségura massacre stylistiquement son conte cruel « Esprits de la nuit », pourtant plein de bonnes idées ; Jérôme Camut et Nathalie Hug se cassent les dents en voulant décrire un vrai personnage interlope sans en avoir les capacités littéraires (n'est pas Jack O'Connell qui veut) ; Alexandre Malagoli nous propose un texte pas si mal raconté que ça, mais qui s'intégrerait parfaitement à la ligne fantasy des éditions Harlequin (à réserver aux embrasseuses d'oreiller et aux suceuses de chuppa chups parfum fraise). Et le pire reste à venir : Dave Duncan et Terry Brooks pour des nouvelles de fantasy 100% bragelonniennes, véritables catalogues des pires travers du genre : écriture minable, dialogues plats, monde décrit inconsistant, scènes d'actions poussives. La cerise sur le gâteau étant le texte de Raymond E. Feist et Janny Wurts, une version fauchée du Dernier magicien de Robin Hobb, une histoire de magie et de clodos aussi passionnante qu'un compte-rendu opératoire d'appendicite. Ajoutez à cela des traductions qui ne sont pas toujours heureuses (le début de la nouvelle de Michael Marshall Smith a pas mal souffert) et vous avez un produit conçu à la gloire de Bragelonne et en fin de compte ne s'adressant qu'aux fans absolus de cette maison d'éditions. On passe, sans regret, surtout si la nouvelle de Graham Joyce est au sommaire du recueil de l'auteur annoncé chez Bragelonne.
Thomas DAY Première parution : 1/7/2006 dans Bifrost 43 Mise en ligne le : 5/3/2009
Pour célébrer leur cinquième anniversaire, les éditions Bragelonne publient le premier opus d'une revue, ou plus exactement une anthologie, composée de nouvelles d'auteurs « maison ». C'est ainsi que pour 17 €, on peut lire 300 pages de textes plus ou moins longs, dont l'intérêt global est de donner un aperçu des nombreuses facettes de la fantasy publiée chez Bragelonne, le pari étant, pour les auteurs, d'écrire une nouvelle située dans leur univers habituel. Le projet s'inspire des anthologies de Silverberg (Légendes, et Légendes de la Fantasy, dont fait partie, d'ailleurs, la nouvelle de Feist), mais en se limitant à une seule maison d'édition.
Outre les nouvelles, on trouvera dans Fantasy 1 un entretien avec James Lovegrove, mené par Tom Clegg, qui traite de science-fiction (malheureusement, pour lire une nouvelle de Lovegrove, il faudra consulter Faux rêveurs ou Sciences-Fiction 2006, autres anthologies de Bragelonne), puis un article à la fois amusant et instructif de Stéphane Marsan qui fait le point sur les cinq premières années de Bragelonne, et enfin les conseils de Jean-Claude Dunyach relatifs à l'envoi d'un manuscrit à un éditeur.
Mais on pourra surtout lire dans ce volume de la fantasy, guerrière et stratégique, avec Le Messager, une (trop) longue novella de Raymond E. Feist ; guerrière et humoristique, avec La Relève, de Stan Nicholls ; guerrière et sacrificielle avec Tueur d'Homme de Simon R. Green. Le Trésor de Taan, d'Eric Wietzel, nous assène de la fantasy d'aventures où il ne se passe pas grand-chose (les deux protagonistes cherchent un trésor et papotent). Tom Holt se déchaîne dans la fantasy urbaine hilarante avec Devine quel dieu vient dîner ce soir... (un titre explicite), et Honey Moon (sous titré — bref désastre épistolaire — ) de Fabrice Colin verse dans une fantasy comique pour initiés, dont il n'est pas sûr qu'elle puisse être appréciée à sa juste valeur par qui n'aurait pas lu A vos souhaits ! Nous avons enfin droit à de la fantasy épique avec la quête d'un autre Chrétien de Troyes, dans un autre univers, celui d' Adynata ou la fontaine de Lucine de Henri Loevenbruck... dont l'interview, plus que la nouvelle, donne envie de lire ses livres, tant il semble passionné par ce qu'il fait.
Et puis, il y a quelques bijoux. De cette fantasy poignante, drôle ou terrifiante, qui ne peut laisser indifférent parce qu'elle traite de sujets terriblement réalistes sous le masque de la métaphore de l'Imaginaire, et parce qu'elle est délicieusement écrite. Des Doigts de fée, d'Adam Roberts (l'auteur de La Der des Etoiles), dans une uchronie féerique, aborde le problème de l'esclavage. Le Défilé, de Simon Clark, très brève nouvelle, traite d'altérité et de violence. Tapisserie, d'Ange, relate la vie d'un enfant, puis d'un jeune homme, confronté à la douleur. L'Homme qui dessinait des chats, de Michael Marshall Smith, raconte, sur un ton à la fois doux-amer et optimiste, la violence quotidienne et ceux qui, par indifférence ou parce qu'ils ne savent comment agir, laissent faire. Et Mélanie Fazi, dont la Notre-Dame-Aux-Ecailles nous parle du cancer et de l'amour, de la maladie et de la mort, dans cette veine si intimiste et incisive à la fois qui n'appartient qu'à elle, faisant entrer le lecteur non pas dans un univers de fantasy étrange et dépaysant, mais dans son monde à elle, fait d'émotions vécues.
Ces quelques textes, plutôt courts dans l'ensemble, rachètent les histoires guerrières, longues et ennuyeuses — comme celle de Feist — des auteurs spécialisés dans les sagas, qui ne font pas forcément de bons nouvellistes. Et donnent une furieuse envie de se précipiter sur les autres œuvres de leurs auteurs.