Rachaela Day a été élevée par sa mère dans la haine et la crainte de sa famille, les mystérieux Scarabae. C'est pourquoi, lorsqu'ils essaient, sous une ruse transparente, de l'amener à venir vivre avec eux, elle préfère refuser cette dangereuse invitation et continuer sa vie terne d'aide libraire à Londres.
Mais, bien sûr, une suite de coïncidences inexplicables et suspectes finiront par l'acculer au destin qu'elle cherche à éviter : rejoindre la « Demeure », dédale d'ombres et de vitraux où les Scarabae cloîtrent leurs longues existences, fuyant le monde et la lumière mortelle du Soleil. Dernière descendante de cette très ancienne lignée maudite, Rachaela est leur enfant choyée mais aussi, elle le pressent, un point clé dans un plan dont ils ne veulent rien lui dire. Les Scarabae sont-ils, comme on le dit, des vampires ? Qui est ce père énigmatique reclus dans sa tour, et qu'elle n'a jamais connu ?
Entre le bruissement de la lande et le murmure de la mer, de rites de sang en fuite impossible, dans cette demeure tentaculaire où errent des vieillards au lourd passé, Rachaela Day devra, pour se libérer, percer le mystère d'une famille dont la noirceur remonte à la nuit des temps.
Tanith Lee, conteuse extraordinaire du Dit de la Terre Plate, est l'une des plus grandes romancières anglaises de notre temps. Après le stupéfiant Écrit avec du Sang, elle nous montre une fois de plus qu'elle sait à l'infini réinventer le thème du vampire.
La Danse des Ombres, est le premier volume de sa trilogie de L'Opéra de Sang, l'un de ses cycles que ses nombreux lecteurs préfèrent.
Critiques
Le premier volume de L'Opéra du Sang est enfin de nouveau disponible aux éditions de l'Oxymore, plus de dix ans après ses précédentes parutions en français, dans une traduction révisée. Voilà de quoi réjouir les lecteurs de la « princesse royale de la fantasy », comme fut surnommée Tanith Lee. Disponible en deux versions, en collection Manières Noires avec une splendide couverture de Dorian Machecourt, ou en Fission, l'édition alternative, illustrée par John Kaiine, le compagnon de Tanith Lee, et signée par le couple.
Rachalea Day sait qu'elle ne doit surtout jamais rencontrer sa famille paternelle, sa mère lui a répété de nombreuses fois avant de mourir, aussi ne donne-t-elle aucune suite aux tentatives des avoués chargés de la contacter. Elle finira pourtant pas céder à la pression des événements — perte d'emploi, perte de son logement — et se rendre à la Demeure. Là, dans une pénombre colorée de vitraux extraordinaires, vivent les Scarabae. Nombreux, âgés, fous pour certains, ils ne sont pas antipathiques à Rachaela qui se laisse aller, passive, au rôle de la petite-fille retrouvée. Jusqu'à ce qu'elle rencontre son père et que des relations passionnelles se nouent entre eux. Mais les Scarabae savent-ils aimer ? Et Rachaela n'est-elle pas l'une d'entre eux ?
La Danse des Ombres débute lentement, instillant une ambiance aussi sûrement qu'une vipère son venin. Tanith Lee joue sur les couleurs et les sensations et bien vite le lecteur est emprisonné dans son livre comme Rachaela l'est dans la Demeure. Sans que rien ne soit dit, il lui est impossible de partir, comme il est impossible de lâcher le livre avant la dernière page. Pourtant, on a l'impression qu'il ne se passe pas grand chose tant le temps défile lentement. Ce n'est certes pas un roman d'action, mais à la fin, on s'aperçoit que Rachaela est transformée, qu'elle est totalement non-conforme à l'idée qu'on s'en était faite. Et on s'aperçoit aussi qu'on ne sort pas indemne d'une telle lecture.