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L'Étonnante aventure de la mission Barsac - 2

Jules VERNE

Première parution : Paris, France : en feuilleton puis Hachette, 1919

Illustration de André GALLAND
Illustrations intérieures de André GALLAND

HACHETTE (France), coll. Nouvelle collection illustrée des œuvres de Jules Verne précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : 1931, Achevé d'imprimer : septembre 1931
Réédition
Roman, 256 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : néant
Format : 12,7 x 18,4 cm
Genre : Fantastique

Le roman est aujourd'hui, attribué à Michel Verne, qui l'écrivit à partir d'un manuscrit inachevé de son père, Jules Verne.
La version présente est une version abrégée.


Pas de texte sur la quatrième de couverture.
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition NOUVELLES ÉDITIONS OSWALD (NéO), Fantastique / SF / Aventure (1983)

     Est-ce du Jules ou n'en est-ce pas ? Cette grave question, que nombre de spécialistes autorisés de l'œuvre de Verne ont posée (et se sont posée), est en fait de peu d'intérêt... Chacun sait aujourd'hui que les derniers volumes des « Voyages Extraordinaires », et en particulier L'étonnante aventure de la mission Barsac, publié pour la première fois en 1919 (soit quatorze ans après la mort de l'écrivain nantais), ont été écrits par son fils Michel à partir de canevas ou de notes du père. Cette fiction s'inscrit néanmoins dans le cadre général des récits de Jules Verne et sa réédition chez NéO est une initiative qu'il faut saluer !
     La mission Barsac est un bon exemple des contradictions de l'œuvre de Jules Verne qui, de l'apologie inconditionnelle du « progrès » (en fait du capitalisme moderne), en arrive à s'interroger sur les finalités de la science, voire sur les dangers dont elle est parfois porteuse ; certes, ce roman est encore marqué par l'idéologie de l'époque : il n'en reste pas moins que le doute s'insinue au plus profond des personnages.
     De quoi s'agit-il ? D'une expédition, comme bien souvent dans les « Voyages Extraordinaires », qui soulèvera plus de problèmes que ceux qu'elle était censée résoudre... Barsac est en effet un député français, chef de la mission du même nom, qui veut prouver que les populations colonisées d'Afrique occidentale française sont digne du suffrage universel ; à ses côtés, Baudrières, son adversaire à la Chambre qui veut démontrer le contraire, et surtout Jane Buxton et son « oncle-neveu » ( !) qui veulent retrouver la trace de leur parent, déshonoré et tué quelques années auparavant à la suite d'une assez sombre affaire. Mais si le tome I peut ainsi être ramené à un récit d'aventures coloniales somme toute assez typique des romans populaires de l'époque 1, le tome II plonge le lecteur au cœur d'une cité extraordinaire, Blackland, fondée tout à la fois sur le modernisme scientifique le plus révolutionnaire et la terreur politico-raciale la plus abjecte.
     La mission Barsac, malgré une première partie d'exposition un peu longue et à vrai dire d'un intérêt limité, atteint des sommets rarement égalés dans la description minutieuse, rigoureuse, méthodique, des résultats de l'asservissement par la science détournée de ses finalités initiales (toujours l'idée de « progrès », thème essentiel de l'œuvre et de la problématique vernienne) ; et là où François Rivière, dans sa préface, ironise à propos du « zèle déployé par quelques intellectuels pour... présenter Jules Verne sous un Jour résolument moderne », Jean Chesnaux (sans nier pour autant les contradictions internes de l'idéologie vernienne) souligne dans son Jules Verne, une lecture politique 2 que « Blackland est une des anticipations sociales les plus lucides » de l'auteur « avec l'exploitation massive de la main-d'œuvre noire et l'évocation d'une terreur politique fondée sur le racisme ».
     Chesnaux va plus loin encore lorsqu'il parle, à propos de cette deuxième partie du roman, de « vision digne de celle de Fritz Lang dans Metropolis ». Le compliment n'est pas mince assurément, mais il est pleinement justifié.


Notes :

1. Les récits de Paul d'Ivoi. réédités chez J'ai Lu, en apportent une nouvelle preuve.
2. Critique dans Fiction n° 336.

Stéphanie NICOT (lui écrire)
Première parution : 1/12/1983
dans Fiction 346
Mise en ligne le : 15/2/2003

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