Morn Hyland, ancien officier de la Police des Compagnies Minières Unifiées, est convoitée par deux hommes puissants et impitoyables. Le flamboyant pirate Nick Succorso considère Morn comme un butin dérobé à son rival, Angus Thermopyle, qui a fait un jour l'erreur de sous-estimer Morn — livré aux inquisiteurs de la PCMU pour le seul crime qu'il n'a pas commis, il demeure lié à Morn par un pacte indicible.
Mais Morn n'est le pion de personne et possède un atout désespéré. Alors qu'une lutte de pouvoir sans merci l'oppose à Nick à bord du Caprice du Capitaine, le vaisseau dérive jusqu'aux frontières de l'Espace interdit, territoire des Amnions, race détentrice d'une technologie génétique terrifiante...
Nous possédons les rudiments d'une défense.
Et ils s'en sont emparés, ils les ont détruits.
L'espace interdit est l'excuse qui leur donne
leur pouvoirs. Douze milliards d'êtres humains
condamnés à la terreur de l'impérialisme
génétique, et pourquoi ? Pour rien.
Stephen Donaldson est né en 1947. Dans Le Savoir Interdit, deuxième tome du Cycle des Seuils, il déploie une intrigue majeure à l'échelle galactique, dont la beauté et la noirceur sont aussi prenantes que dérangeantes.
Critiques
La Véritable Histoire est finie, la véritable histoire peut démarrer. Nick Succorso, pirate glamour, a triomphé de l'horrible Angus et raflé le trophée : Morn, fliquette désespérée. Le travelling arrière entamé dans le premier volume se poursuit. Les Amnions entrent en scène, race extra-terrestre source d'une menace insidieuse et glaçante. C'est pourtant la duplicité humaine qui, toujours, se révèle responsable des pires horreurs. Le Savoir Interdit est un space opera claustrophobique. La galaxie les attend, et ils sont prisonniers. Nick, de sa haine ; Angus, de ses peurs ; et Morn, de l'implant qui fait d'elle bien plus et bien moins qu'une femme en lui offrant, indissociables, la liberté et le pire des esclavages. Chacun n'est qu'une marionnette entre les mains de tous les autres. Les manipulations s'enchevêtrent et se nourrissent mutuellement. Le « Cycle des Seuils » est à la fois immense — après tout, c'est la notion même d'humanité qui est en jeu — et étouffant, car rien ne semble jamais possible. À mesure que les masques tombent, ou qu'ils sont arrachés, les rôles classiques se brouillent, et l'éventail des choix se réduit.
Une partie des faiblesses du premier tome se retrouve dans Le Savoir interdit. Certaines scènes récurrentes (évasions miraculeuses, fuites héroïques...) frôlent le procédé, ou s'y vautrent. Mais l'intrigue, en mûrissant, prend de l'épaisseur et quitte le royaume des ombres chinoises. La cruauté et la noirceur ambiantes sont assez ambivalentes : c'est trop horrible pour qu'on y croie, et trop horrible pour ne pas être fascinant. L'affrontement de Morn et Succorso a des échos de tragédie classique, même si les dieux glacés sont encore presque invisibles. Un huis clos dans l'espace, il fallait le faire ; les comparses humains, les Amnions et la menace d'hégémonie génétique ne sont que des armes par lesquelles les deux ennemis blessent et sont blessés.
La galaxie de Donaldson fonctionne au mensonge, seule forme de communication possible. À la peur, à la menace. Dans ce monde étrange, la douleur se vit seul, parler est dangereux, et se livrer impossible.